Nidaa Tounès passe aux menaces
Le remaniement ministériel «est anticonstitutionnel et ne passera pas»
Le parti de Nidaa Tounès, qui se considère encore comme le plus grand parti politique tunisien pour avoir obtenu le plus grand nombre de voix aux élections législatives de 2014, a exprimé, hier, par la bouche de ses dirigeants, sa désapprobation et son opposition au remaniement ministériel annoncé, lundi, par le chef du gouvernement Youssef Chahed, affirmant que ce remaniement est anticonstitutionnel et n’a pas respecté les procédures légales à suivre en pareille circonstance, puisqu’il a été fait sans la consultation préalable du président de la république qui devait lui-même l’approuver et le transmettre à l’assemblée des représentants du peuple.
• Le remaniement ministériel «est anticonstitutionnel et ne passera pas»
Le parti de Nidaa Tounès, qui se considère encore comme le plus grand parti politique tunisien pour avoir obtenu le plus grand nombre de voix aux élections législatives de 2014, a exprimé, hier, par la bouche de ses dirigeants, sa désapprobation et son opposition au remaniement ministériel annoncé, lundi, par le chef du gouvernement Youssef Chahed, affirmant que ce remaniement est anticonstitutionnel et n’a pas respecté les procédures légales à suivre en pareille circonstance, puisqu’il a été fait sans la consultation préalable du président de la république qui devait lui-même l’approuver et le transmettre à l’assemblée des représentants du peuple.
Le cabinet présidentiel avait annoncé que le président de la république n’a pas été consulté et qu’il a désapprouvé la manière dont le remaniement avait été fait et annoncé. Lors d’un point de presse tenu, mardi 6 novembre au siège central de Nidaa Tounès à El Bouhayra, son secrétaire général, Slim Riahi, a affirmé que ce remaniement ne passera pas et que son parti usera de tous les moyens à cet effet, émettant l’espoir que les députés se réclamant des forces nationalistes et démocratiques comprendront qu’il s’agit d’un remaniement anticonstitutionnel car il a concerné toute l’équipe gouvernementale de sorte que c’est un nouveau gouvernement qui en est sorti et dans ce cas il y a des procédures légales et constitutionnelles à suivre mais qui ne l’ont pas été.
Il a accusé le mouvement Ennahdha de chercher à mettre au pas et à affaiblir tous les autres partis politiques en prévision des élections générales de 2019, signalant qu’à défaut d’une issue réellement démocratique à la crise, Nidaa Tounès va oeuvrer pour l’organisation d’élections anticipées ou la formation d’un gouvernement apolitique de compétences chargé de préparer les prochaines élections. Le coordinateur de Nidaa Tounès, Ridha Belhaj, a qualifié ce remaniement d’anticonstitutionnel, disant « qu’il s’agit d’un remaniement effectué par le parti islamique d’ennahdha qui , de la sorte, a pu agrandir le quota de ses représentants dans l’équipe gouvernementale porté à 10 (7 ministres et 3 secrétaires d’etat), et assuré sa domination sur l’exécutif tandis que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, est devenu un instrument obéissant entre ses mains.
Aussi, a-t-il dit, nous estimons que ce remaniement est un véritable coup d’etat fomenté au nom de la constitution contre cette même constitution et rappelle, en tout point, le coup d’etat fomenté par l’ancien président Ben Ali le 7 novembre 1987, en invoquant la constitution pour destituer Bourguiba, et ceci est tout a fait attendu de la part d’un parti islamiste comme Ennahdha car ces partis islamistes fondent leur action sur les coups d’etat.
«Aujourd’hui, a-t-il ajouté, Youssef Chahed et Ennahdha utilisent la constitution pour écarter le président de la République de la scène, et la preuve en est que la liste des
noms qui lui a été remise avait subi, ensuite, un changement, à son insu, au niveau du ministre de la justice (le premier nom était Hafedh Ben Salah remplacé par Karim Jamoussi). Pour nous, donc, ce remaniement constitue un véritable complot fomenté par Ennahdha contre le processus de transition démocratique et représente un danger contre ce processus et contre l’avenir de la Tunisie en général.
Selon Ridha Belhaj et les autres dirigeants de Nidaa Tounès, l’annonce à la hâte de ce remaniement est intervenue après la tentative avortée, menée par quelques éléments « vendus», samedi 3 novembre, dans le but d’occuper le siège central de Nidaa Tounès et mettre la main sur ce parti. D’après les révélations faites à ce sujet, des éléments venus de Kasserine, à bord de bus et de voitures louées spécialement, dont des nahdhaouis et des individus ayant des antécédents judiciaires, à l’instigation du maire de Kasserine, Kamel Hamzaoui, ancien député, avec la connivence de quelques membres d’ennahdha dont un député de ce mouvement, ont tenté samedi 3 novembre d’occuper par la force le siège central de Nidaa Tounès à El Bouhayra, mais les forces de l’ordre mobilisées les ont empêchés. Alertés, à l’avance, de l’affaire, les dirigeants de Nidâa Tounès, avaient contacté les ministères concernés dont ceux de l’intérieur et de la défense. Le président de la république et le chef du gouvernement avaient été également informés.
Nidâa Tounès a dit avoir préparé un dossier avec des vidéos et des témoignages de quelques participants pour déposer une plainte devant la justice sur cette opération.
Mais, les dirigeants de Nidâa Tounès ont affirmé que l’opération aurait été menée de concert avec le chef du gouvernement Youssef Chahed et qu’elle viserait à le déclarer président de ce parti après l’occupation réussi du siège, disant que des participants à la tentative d’occupation auraient été entendus lui parler par téléphone.
C’est ce qui expliquerait, selon ces dirigeants, la précipitation montrée dans l’annonce du remaniement ministériel jugé comme étant une sorte de deuxième plan exécuté à la hâte pour suppléer à l’échec de l’opération d’occupation.