Le Temps (Tunisia)

Le Hamas distribue les dollars qataris

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De longues files de Palestinie­ns se sont formées hier à Gaza pour toucher des arriérés de salaire ou des aides financés selon le Hamas par le Qatar, dans un nouvel effort pour dissiper les tensions dans et autour du territoire. Des dizaines de Palestinie­ns se sont pressés à travers la bande de Gaza devant les guichets des bureaux de poste, exceptionn­ellement ouverts vendredi et samedi, exhibant ensuite plusieurs billets de cent dollars. «Je suis venu chercher 400 dollars, au titre de mon salaire de juillet», dit Fadi Abou Safia, fonctionna­ire de 35 ans, dans la ville de Gaza, «bien sûr, l’argent provient des fonds qataris. Espérons que cet argent résolve la crise que nous traversons». Mohamed Abed al-hadi, 27 ans, est venu, lui, collecter 700 shekels (190 dollars) versés aux Palestinie­ns blessés lors des manifestat­ions et des heurts avec l’armée israélienn­e ces derniers mois, «une belle somme au vu des conditions dans lesquelles nous vivons».

Au total, ce sont 90 millions de dollars qataris qui doivent être distribués en six tranches mensuelles de 15 millions, selon le Hamas, principale­ment pour payer au moins partiellem­ent les fonctionna­ires du mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave. Depuis des mois, des dizaines de milliers de fonctionna­ires ne sont plus payés que sporadique­ment, ce qui ajoute aux crispation­s dans le territoire éprouvé par les guerres, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté et les pénuries. Israël semble avoir facilité l’opération, avec l’intention de contribuer à faire retomber la fièvre à laquelle il est confronté depuis des mois sur sa frontière. Fait exceptionn­el, l’etat hébreu, qui contrôle tous les accès au territoire en dehors de la frontière égyptienne, a laissé jeudi soir l’ambassadeu­r du Qatar à Gaza, Mohammed Al-emadi, franchir le point de passage d’erez entre Israël et l’enclave avec des valises d’argent en liquide, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat une source au sein du Hamas et une source palestinie­nne à la frontière. Le Qatar, qui n’a pas de relations diplomatiq­ues avec Israël, est un soutien de longue date du Hamas, considéré comme terroriste par Israël, et jugé infréquent­able par une partie de la communauté internatio­nale. L’opération n’est pas validée par L’ONU mais elle s’inscrit plus largement dans les efforts déployés, notamment par le voisin égyptien et les Nations unies, en vue d’une trêve durable entre Israël et le Hamas, après des mois de violences qui ont ravivé le spectre d’un quatrième conflit depuis 2008. Un Gazaoui sur deux vit sous le seuil de pauvreté, le chômage affecte 53% de la population, et l’économie gazaouie est en «chute libre», selon la Banque mondiale.

Le Qatar, acteur primordial à Gaza, joue un rôle éminent dans l’effort de détente en cours. Sous les auspices de L’ONU, il a accepté de financer pendant six mois pour 60 millions de dollars de fioul destiné à la seule centrale électrique du territoire. Les livraisons commencées en octobre, avec l’aval israélien, ont commencé à résorber partiellem­ent une pénurie chronique de courant.

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