Victoire !

Cela commençait à manquer, sérieusement, cette impalpable et douce quiétude de se dire au réveil : il y a comme une joie diffuse dans l’air et elle est collective ! Une euphorie ; si douce euphorie aussi, de se rappeler, d’un coup, que la joie ne vient pas de rien. Oui, L’EST a gagné, et de quelle manière ! Face à El-ahly qui n’y est pourtant pas allé de mainmorte, elle s’est démenée comme un seul homme, pour offrir aux Tunisiens cette victoire qu’ils attendaient tant, qu’ils appelaient de tous leurs voeux, comme une manière de viatique, fort et puissant, susceptible de pouvoir réenclencher la « mécanique » enrayée, depuis tellement longtemps qu’ils en oublient jusqu’au moment, où le désenchantement avait commencé à installer ses pénates dans le paysage, sans qu’ils puissent retrouver en eux, et l’énergie, et les ressources nécessaires susceptibles de les aider à remonter la pente d’un pas ferme et vaillant, pour se retrouver, sur le toit du monde ?

Le football est magique, et ô combien politique par moments. Lorsque le destin de tout un peuple, se joue, symboliquement, presque corps à corps, et qu’autour justement de ce ballon, tous les coeurs vibrent à l’unisson parce que le drapeau est en jeu, il n’y a plus de dissensions. Plus de conflits ouverts ou fermés, plus de divisions, mais un seul élan qui emporte toute la nation dans son sillage, et qui tend vers un but et un seul : gagner ! Gagner enfin comme on franchit une étape, après un dernier « col » très dur, pour accéder aux hauteurs. Et s’offrir le privilège, et l’immense bonheur, de se sentir enfin, victorieux. Victorieux sur toutes les défaites, possibles et imaginables, et capables de l’emporter sur tous les antagonismes, tous les échecs, tous les clivages, pour arracher une place au soleil. Et s’y installer en roi du monde. C’est une illusion ? Peu importe. Elle durera ce qu’elle durera le temps qu’elle prenne chair et corps, et qu’elle se traduise, dans le combat incessant du quotidien de tout un pays, fier de cette grande victoire, en une victoire reconduite à toutes les échelles de la nation, pour qu’elle soit toujours souveraine, et qu’elle en revendique la magnifique légitimité !

Au fait : L’EST Roi !