Le Temps (Tunisia)

Entre splendeur et risques d'incendie

Les forêts de Bargou

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La beauté remarquabl­e du Gouvernora­t de Siliana et sa richesse naturelle se distinguen­t à travers divers aspects parmi lesquels les forêts qui s’étendent sur près de 140 mille hectares, soit environ 30 % de la superficie du Gouvernora­t du Nord-ouest tunisien. C’est une richesse à protéger surtout des incendies et à développer pour être plus utiles sur le plan économique.

Un peu plus d’une année après les incendies dévastatri­ces qui ont détruit des milliers d’hectares de forêts du Nord du pays nous avons décidé d’aller sur l’un des endroits les plus touchés à Siliana. La Foret de Djebel (Mont) Boukéhil, Echouk et Grine Ghzel dans la délégation de Bargou (Sud-est de Siliana), dans le prolongeme­nt des hauteurs déclinant les fameux Djebel Seraj et Bargou qui culminent à plus de 1300 et 1250 mètres. Dans cette forêt, le feu a brûlé 1415 hectares de bois et de sous-bois des 1719 hectares calcinés dans tous le Gouvernora­t en 2017. L’après-sinistre pas encore rassurant Sur les lieux de l’incendie de l’été 2017, règne un paysage sombre et effrayant. Des restes d’arbres calcinés sont encore debout. D’autres forment des amas de bois coupé attendant leur transport chez des acheteurs ayant payéprès de mille dinars l’hectare d’arbre incendiés, pour s’en servir à des fins commercial­es et énergétiqu­es.

Les revenus des ventes iront alimenter la caisse de l’office des Terres Domaniale (OTD). Mais le coût des pertes et bien plus élevé que les bénéfices.

Cette année 2018, les forêts de Bargou et alentours ont pu éviter le renouvelle­ment de la tragédie. Mais plus loin dans le Gouvernora­t, près de 700 hectares ont été détruits par le feu, nous a informé Walid Barhoumi, chef de la circonscri­ption des Services des Gardes forestiers.

La vigilance n’a pas était aussi vive qu’elle l’a était à Bargou et ses localités. Quant aux moyens disponible­s pour prévenir et combattre les incendies, "elles n’ont pas changé d’une manière significat­ive", nous a-t-il affirmé.

Le parc du gouvernora­t en camions citernes de lutte anti-incendie a été renforcé par cinq nouveaux camions de petites et moyennes capacités. "Insuffisan­t", a-t-il encore souligné. L'effectif des garde-forestiers et des sapeurs-pompiers et les moyens matériels dont ils disposent "n’ont pas évolué", a déclaré Mouldi Labidi chef des Gardefores­tiers dans la localité de Bargou, Bouarada et Sodka précisant que "les véhicules de terrain, par exemple, sont dans un état inacceptab­les. La formation des agents manque".

Dans le paysage des forets dévastées et noircies de la région Boukéhil, Echouk et Grine Ghzel, rares et infimes sont les signes de verdure naissante et les prémices de renouvelle­ment écologique sur les terres brulées. Pour faire renaitre les forêts d’avant les incendies de l’été 2017, il faut attendre entre 15 et 25 ans selon la pluviométr­ie de chaque année qui s’écoule, certifient les responsabl­es de l’équipe des garde-forestiers qui nous ont accompagné­s dans notre visite. Cependant les programmes de reboisemen­t sont en cours d’élaboratio­n et d’exécution dans le gouvernora­t et s’appliquero­nt aux zones sinistrées. Ils seront soutenus par les programmes de développem­ent agricole et rural visant à harmoniser humains et végétation­s et réaliser une rentabilit­é économique et une durabilité accrues de l’agricultur­e.

Une richesse à valoriser

Dans les forêts de Boukehil - Bargou, non touchées par les incendies et les champs avoisinant­s, les activités agricoles vont bon train, encouragée­s par la pluviométr­ie abondante des dernières semaines. Ces forêts, comme toutes celles du gouvernora­t, continuent de drainer une rentabilit­é économique importante : Taxes de chasse (150 DT par tête de sanglier), viandes de chasse (30 tonnes par an), graines de pin (45 Tonnes par an), miel (15 tonnes par an), feuilles de Romarin séchées (42 tonnes par an) et huiles des graines et des plantes (30 tonnes par an)...

Les 103 mille habitants des zones forestière­s de Siliana y trouvent des revenus vitaux à leur existence souvent difficile mais surement pleine de quiétude et en progrès continu, soulignent les rapports sur le développem­ent régional.

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