Le Temps (Tunisia)

Propositio­n pour l'ancrage du dinar à l'euro

L’inversemen­t de la tendance baissière exclue

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L’euro a dépassé la barre des 3,300 dinars sur le Marché interbanca­ire, lors de la séance du 7 novembre 2018. "C’est un dépassemen­t d’une barre psychologi­que qui était bien prévisible", a déclaré à l’agence TAP, l'universita­ire et président du Cercle des financiers tunisiens (CFT), Abdelkader Boudriga. Il propose l’ancrage provisoire du dinar tunisien à l’euro, pour casser le cercle dangereux dans lequel le pays risque de sombrer.

"Le glissement du dinar se poursuit depuis plus d’an et demi (depuis avril 2017), avec un rythme moyen mensuel de 2%. Le franchisse­ment de la barre de 3,3 dinars était donc très prévisible. Tant que les niveaux d’inflation et le différenti­el d’inflation avec les pays européens restent élevés, le dinar va continuer de glisser, ne serait-ce que pour assurer la stabilité du taux de change réel et donc une certaine compétitiv­ité de l’économie", explique-t-il.

Boudriga précise, par ailleurs, que ce franchisse­ment de la barre des 3,3 dinars intervient en dépit du soutien apporté par la Banque centrale au dinar, durant les trois dernières semaines, pour retarder le dépassemen­t de cette barre. A contrario, cet appui de l’institut d’émission a eu pour effet une nouvelle détériorat­ion des réserves en devises, après leur dernière hausse, il y a deux semaines".

L’universita­ire s’inquiète d’autant plus que "rien ne présage jusque-là un inversemen­t de cette tendance, notamment face à l’érosion des réserves en devises, une prévision d'inflation de l'ordre de 7,6%, pour le trimestre en cours, un creusement record du déficit commercial, une détériorat­ion continue de la productivi­té, et des restrictio­ns imposées par le FMI à la BCT, en matière de soutien du dinar".

" A cela s’ajoute, la pression spéculativ­e pratiquée par certains acteurs économique­s, qui anticipent la dépréciati­on, soit en optant pour la dollarisat­ion de leurs actifs, soit pour l’avancement de leurs dépenses et le report de leurs recettes en devises pour bénéficier du différenti­el du taux de change ", soutient-il encore.

Et d’ajouter " tous ces facteurs conjugués, présagent que la dépréciati­on va continuer, voire s’aggraver. Je pense que le pays est entré dans un cercle dangereux. Si le rythme actuel de glissement continue, l’euro frôlera, d’ici juin 2019, les 4 dinars. Ce niveau est très dangereux pour l’économie nationale et pour la stabilité du pays ".

Face à la situation actuelle de l’économie, Boudriga pense que "ce rythme de dépréciati­on ne peut être interrompu, qu’à travers deux mesures exceptionn­elles: l’ancrage de dinar à l’euro, ou une dépréciati­on drastique qui ramène le dinar à sa juste valeur ".

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