Le Temps (Tunisia)

Des élections séparatist­es malgré les critiques occidental­es

Ukraine

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Les séparatist­es prorusses de l’est de l’ukraine, forts du soutien de Moscou, organisent dimanche des élections, malgré les avertissem­ents de Kiev et des Occidentau­x qui les jugent «illégitime­s» et contraires au processus de paix.

Ces scrutins visent à élire des «présidents» et des députés pour les deux «république­s populaires» autoprocla­mées par les rebelles à Donetsk (DNR) et à Lougansk, qui échappent depuis quatre ans au contrôle de Kiev.

Ils ancrent la séparation de ces territoire­s du reste du pays et légitiment leurs nouveaux dirigeants alors que le processus de paix est au point mort et que des heurts alourdisse­nt régulièrem­ent le bilan de ce conflit estimé par L’ONU à plus de 10.000 morts.

L’annonce de ces élections a déclenché de vives protestati­ons de Kiev et les Occidentau­x qui y voient la main de Moscou. Via leur ambassade en Ukraine, les Etats-unis ont accusé la Russie d’»attiser le conflit en organisant des «élections» factices», appelant au boycott. L’union européenne a dénoncé de «prétendues élections» allant «à l’encontre de l’esprit et de la lettre des accords (de paix) de Minsk» conclus en février 2015. Huit pays européens - Allemagne, Belgique, France, Grande-bretagne, Italie, Pays-bas, Pologne et Suède - ont exhorté la Russie à «recourir à son influence» pour empêcher la tenue de ces scrutins jugés «illégitime­s».

Moscou assure que ces élections «n’ont aucun rapport» avec les accords de Minsk: «Les gens ont simplement besoin de vivre (...) et d’assurer l’ordre dans leur région», a assuré le 1er novembre la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, évoquant également «la nécessité de combler le vide de pouvoir». Légitimer les nouveaux chefs

Les deux république­s autoprocla­mées sont dirigées depuis des mois par des chefs par intérim qui devraient voir leur autorité confortée par le vote.

A Donetsk, Denis Pouchiline, un exnégociat­eur politique avec Kiev de 37 ans, a été nommé pour succéder à Alexandre Zakhartche­nko, ancien combattant tué en août par une explosion. A Lougansk, Léonid Pasetchnik, 48 ans, ex-responsabl­e régional des services de sécurité ukrainiens, a remplacé Igor Plotnitski, destituée en novembre 2017.

«Moscou a décidé que la légitimati­on de nouveaux chefs était plus importante que les critiques» occidental­es, explique à L’AFP l’analyste Alexeï Makarkine, directeur adjoint du Centre des technologi­es politiques à Moscou. D’autant que la Russie ne risque pas grand-chose, note l’expert, L’UE devant déjà faire face aux critiques de certains pays membres quant aux sanctions existantes.

Le conflit opposant forces gouverneme­ntales aux séparatist­es a éclaté en avril 2014, deux mois après l’arrivée au pouvoir à Kiev des autorités proocciden­tales dans la foulée du soulèvemen­t du Maïdan et un mois après l’annexion par la Russie de la péninsule ukrainienn­e de Crimée.

L’ukraine et les Occidentau­x accusent Moscou de soutenir militairem­ent les séparatist­es, ce que la Russie dément malgré l’arrestatio­n de soldats russes dans la région et la présence militaire russe constatée par des médias occidentau­x.

Les accords de Minsk ont permis de réduire les affronteme­nts, mais des flambées de violences continuent d’éclater périodique­ment le long de la ligne de front où rien qu’en octobre 11 soldats ukrainiens ont été tués. Et le règlement politique est au point mort.

Pour l’analyste politique ukrainien Volodymyr Fessenko, les élections de dimanche constituen­t par ailleurs un moyen de confirmer politiquem­ent l’emprise séparatist­e sur la zone.

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