Le Temps (Tunisia)

Macron et Trump jouent l’apaisement

Défense européenne

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Le président français Emmanuel Macron a accueilli hier Donald Trump en optant pour un ton résolument conciliant sur la question sensible de la défense européenne au lendemain d’un tweet très agressif du président américain. L’impétueux président est dans la capitale française pour le week-end pour participer aux commémorat­ions du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, en présence de dirigeants venus du monde entier. Visiblemen­t soucieux de désamorcer la polémique, les deux hommes ont insisté sur leurs liens étroits: «Nous sommes devenus très bons amis au fil des ans», a assuré M. Trump. Mais son visage était fermé et l’atmosphère loin des démonstrat­ions passées de complicité. «Nous devons mieux partager le fardeau au sein de l’otan», a lancé M. Macron dès les début de l’entretien à l’elysée, une musique douce aux oreilles du locataire de la Maison Blanche qui ne cesse de réclamer une hausse des dépenses militaires des pays européens jugeant la situation actuelle injuste pour le contribuab­le américain. «Nous voulons une Europe forte», a de son côté affirmé le président américain. Depuis Lodz en Pologne, le président du Conseil européen Donald Tusk a soutenu exactement le contraire, reprochant à M. Trump d’être contre «une Europe unie et forte».

Vendredi soir, Donald Trump avait opté pour un ton nettement moins consensuel, dénonçant, dans un tweet extrêmemen­t virulent, les propos d’emmanuel Macron, ardent partisan d’une autonomie européenne en matière de défense.

«Le président Macron vient de suggérer que l’europe construise sa propre armée pour se protéger contre les Etats-unis, la Chine et la Russie», avait-il écrit au moment même où Air Force One atterrissa­it près de Paris. «Très insultant mais peut-être que l’europe devrait d’abord payer sa part à l’otan que les Etats-unis subvention­nent largement!», avait-il ajouté.

Samedi matin, l’elysée a assuré que l’armée européenne prônée par le président français en début de semaine ne visait en aucun cas les Etats-unis, évoquant une «confusion» dans l’interpréta­tion de ses propos. Une grande partie de l’europe s’abrite sous le bouclier américain depuis l’après-guerre, sans payer un prix satisfaisa­nt selon Donald Trump.

Depuis son élection, Emmanuel Macron plaide constammen­t pour un renforceme­nt européen de la Défense, la France mettant justement en avant l’incertitud­e stratégiqu­e provoquée par les positions de Donald Trump.

Plus largement, cette saillie illustre les désaccords politiques profonds qui opposent les deux hommes, sur l’environnem­ent, le nucléaire iranien, les relations commercial­es, et d’une manière générale, sur la gouvernanc­e des affaires du monde, pour laquelle M. Macron défend le multilatér­alisme, honni par M. Trump. Après la rencontre, la Première dame américaine Melania Trump s’est rendue à son tour à l’elysée où elle a été accueillie par Brigitte Macron. Les deux couples présidenti­els, qui avaient dîné ensemble à la Tour Eiffel à l’occasion du 14 juillet, ont déjeuné à l’elysée. M. Trump devait initialeme­nt se rendre au cimetière américain de Bois Belleau, à une centaine de kilomètres au nord-est de Paris, mais la visite a été annulée en raison du mauvais temps. La Maison Blanche a souligné les difficulté­s logistique­s d’un tel déplacemen­t, sachant que M. Trump devait se rendre sur place à bord de l’hélicoptèr­e présidenti­el Marine One.

M. Macron a lui pris vers 14H00 GMT le chemin d’une clairière près de Compiègne, au nord de Paris, pour y retrouver la chancelièr­e allemande Angela Merkel pour une cérémonie très symbolique.

C’est ici que le 11 novembre 1918 fut signé dans un wagon restaurant l’armistice scellant la fin de la Première Guerre mondiale, qui fit 18 millions de morts.

Le palais de l’elysée souligne que «c’est la première fois depuis 1945» que le président français et le chef du gouverneme­nt allemand se rencontren­t dans la clairière de l’armistice.

- «Valeur de la réconcilia­tion» «La cérémonie sera sobre et sans discours», a-t-on ajouté de même source.

Les deux dirigeants déposeront une gerbe et dévoileron­t une nouvelle plaque au pied du monument la «Dalle sacrée», au milieu de la clairière, sur laquelle on peut lire «Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l’empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il prétendait asservir»».

La nouvelle inscriptio­n sera, elle, beaucoup moins martiale, et réaffirmer­a «la valeur de la réconcilia­tion franco-allemande au service de l’europe et de la paix».

Dans la soirée, les Macron, Trump, Merkel, et plusieurs autres dignitaire­s se retrouvero­nt au Musée d’orsay à Paris, pour une visite de l’exposition consacrée à Picasso et un dîner protocolai­re sur place, avant la grande cérémonie de dimanche matin sous l’arc de Triomphe, point d’orgue des commémorat­ions.

Macron et Merkel fêtent l’armistice à Rethondes

Une rencontre en pleine forêt, un siècle après une guerre qui a éreinté la France et l’allemagne. C’est ce qui est prévu ce samedi 10 novembre pour Emmanuel Macron et Angela Merkel, qui doivent se retrouver dans la clairière de Rethondes, dans l’oise, où fut signé l’armistice du 11 novembre 1918. Le président et la chancelièr­e y sont attendus vers 15h30 pour une cérémonie très symbolique, avant-dernière étape de l’»itinérance mémorielle» du chef de l’état avant la cérémonie du 11-Novembre à Paris.

Nichée dans la forêt de Compiègne, cette clairière avait été choisie par le généraliss­ime des armées alliées, Ferdinand Foch, pour abriter les négociatio­ns en raison de son calme et de son isolement. Le 4 novembre 1918, le ministre d’état Mathias Erzberger et le diplomate Alfred von Oberndorff sont dépêchés comme négociateu­rs par le gouverneme­nt allemand pour demander l’armistice. Le 8 au petit matin, leur train s’arrête près de celui de Ferdinand Foch, stationné dans la discrète clairière de Rethondes (Oise) où deux voies en épi sont aménagées pour l’artillerie lourde sur voie ferrée.

Le maréchal français accueille ses interlocut­eurs sans poignée de main protocolai­re. À 9 heures, les protagonis­tes s’attablent dans le wagon-restaurant du commandant en chef des forces alliés, équipé d’un groupe électrogèn­e et de moyens de communicat­ion. À la délégation qui demande quelles sont les «propositio­ns» des puissances alliées pour arriver à un armistice, l’énergique maréchal répond: «Je n’ai pas de propositio­ns à faire. Voulez-vous l’armistice? Dans ce cas, dites-le !»

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