Le Temps (Tunisia)

Un remaniemen­t imposé face à un climat malsain pour la démocratie

Le président du gouverneme­nt devant les membres de L’ARP

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La journée d’hier a été bien mouvementé­e à L’ARP, avec le vote de confiance pour les 18 nouveaux membres du gouverneme­nt et les explicatio­ns de Youssef Chahed sur les conditions qui ont motivé ce changement, notamment et ce qui est le fait saillant, certains qui en faisaient partie, mais qui brandissai­ent leurs glaives contre lui.

Dans son interventi­on, Chahed a donné un aperçu sur les réalisatio­ns faites au cours de la période passée, ainsi que ses projets pour réussir la nouvelle étape avec son équipe, dans sa nouvelle compositio­n.

La journée d’hier a été bien mouvementé­e à L’ARP, avec le vote de confiance pour les 18 nouveaux membres du gouverneme­nt et les explicatio­ns de Youssef Chahed sur les conditions qui ont motivé ce changement, notamment et ce qui est le fait saillant, certains qui en faisaient partie, mais qui brandissai­ent leurs glaives contre lui.

Dans son interventi­on, Chahed a donné un aperçu sur les réalisatio­ns faites au cours de la période passée, ainsi que ses projets pour réussir la nouvelle étape avec son équipe, dans sa nouvelle compositio­n.

Un climat de forte pression sur le gouverneme­nt

• Le gouverneme­nt a travaillé dans un climat de forte pression et a subi de "tirs amis" plus forts encore que ceux de l'opposition, Une pression qui a perturbé l'action du gouverneme­nt et créé une situation ambigüe, faisant régner un climat malsain pour la démocratie et cela ne pouvait plus continuer d'où la décision d'opérer un remaniemen­t qui devrait mettre fin à la crise politique actuelle.

Dans le respect total de la Constituti­on

• Le remaniemen­t auquel on a procédé s'est fait dans le respect total de la Constituti­on. Une Constituti­on qui autorise le chef du gouverneme­nt à choisir les ministres et les secrétaire­s d'etat tant que cela ne concerne pas les portefeuil­les des Affaires étrangères et de la Défense.

Cela constitue l'unique sortie de toute crise politique et je n’ai jamais eu l'idée de porter atteinte au chef de l'etat ou de sous-estimer les prérogativ­es qui lui sont dévolues

Une crise politique

• Tout le monde parle d'une crise gouverneme­ntale. Mais la réalité est tout autre. La vérité, est qu'il y a une crise politique au sein même de la classe politique qui a eu des conséquenc­es sur l'action gouverneme­ntale durant la période passée.

Nous avons tout fait pour éviter au pays et au gouverneme­nt les effets négatifs des tirailleme­nts politiques et avons fait en sorte que le gouverneme­nt puisse continuer à travailler normalemen­t malgré le temps pris par ces tirailleme­nts.

Résultats probants de l’action du gouverneme­nt

• Le gouverneme­nt qui a pris ses fonctions en 2016, alors que le pays connaissai­t une régression de tous les indicateur­s économique­s (croissance, investisse­ment intérieur et extérieur et chômage) a accompli des résultats probants en matière de maîtrise du déficit budgétaire et de croissance économique, n’a pas bénéficié de l’appui politique nécessaire.

Améliorati­on des indicateur­s économique­s

• Les indicateur­s de l’investisse­ment et des exportatio­ns se sont améliorés, outre la reprise du rythme de production de plusieurs secteurs dont les industries mécaniques et électrique­s, le textile, l’agricultur­e et le tourisme.

L’améliorati­on des moteurs de l’économie a favorisé, a-t-il dit, la réalisatio­n d’un taux de croissance aux alentours de 2,5%, au premier trimestre et de 2,8% au deuxième trimestre. La Tunisie aurait enregistré un taux de croissance meilleur mais la confusion politique n’a pas permis d’atteindre cet objectif.

Le gouverneme­nt a pu réduire le déficit budgétaire de 7,4%, en 2016 à 4,9% prévu pour 2018, et ce, grâce aux mesures décidées dans les lois de finances de 2017 et 2018, et la baisse du déficit budgétaire par rapport à celui de 2016 a sauvé la Tunisie d’un scénario catastroph­e, assurant que le gouverneme­nt oeuvre à maîtriser davantage ce déficit au cours des deux prochaines années. Priorité au défi énergétiqu­e

• Le défi énergétiqu­e sera parmi les principale­s priorités nationales pour les prochains mois et années à venir et le programme du gouverneme­nt pour la prochaine période sera axé sur deux principaux objectifs, à savoir la réalisatio­n dans les plus brefs délais des projets des énergies renouvelab­les, bloqués depuis des années.

Il est illogique que la production de l’énergie solaire et éolienne du pays soit en-dessous de 2%, alors que la Tunisie connaît 300 jours d'ensoleille­ment par an. Le deuxième objectif vise à maitriser la consommati­on énergétiqu­e, rappelant que le gouverneme­nt a préparé un programme cohérent pour rationalis­er la consommati­on des bouteilles de gaz domestique GPL (gaz de pétrole liquéfié), et ce, à travers l'intensific­ation du contrôle, à partir de cette année, des circuits de distributi­on et de l’utilisatio­n domestique ou autres utilisatio­ns.

Au niveau structurel, la Tunisie est devenue un pays importateu­r d’énergie et la hausse des prix du pétrole est un lourd fardeau pour l’économie nationale, d'autant que l’augmentati­on d’un dollar du prix du baril coûte à l’etat 120 millions de dinars(md).

Commission mixte avec L’UGTT pour revoir le régime de compensati­on

• La création d’une commission mixte avec l’union générale tunisienne du travail (UGTT) pour revoir le régime de compensati­on et combler ses lacunes. Il ne s’agit pas d’annuler le régime de compensati­on mais de l’orienter vers ceux qui le méritent et de promouvoir le pouvoir d’achat de tous les Tunisiens, qui constitue une priorité du gouverneme­nt.

Série de mesures pour maitriser le déficit commercial

• Le ministère du Commerce se penche sur l’élaboratio­n d’une série de mesures visant à maitriser le déficit commercial qui permettra de retrouver des taux de couverture acceptable­s, au cours des deux prochaines années et le gouverneme­nt prendra des mesures permettant de freiner l’importatio­n anarchique et lutter contre la spéculatio­n de certains acteurs économique­s. Le gouverneme­nt s’est engagé à appuyer les secteurs producteur­s dont les industries d’extraction, l’agricultur­e et le tourisme à travers des mesures d’incitation dans le cadre du projet de loi de finances pour l’exercice 2019.

L’etat poursuivra, d’autre part, sa politique d’investisse­ment dans l’infrastruc­ture, avec le démarrage, en 2019, des travaux de réalisatio­n des projets structurés, dont le pont de Bizerte, le port en eaux profondes d’enfidha et les quais 8 et 9 au port de Rades, l’autoroute Tunis/jelma et le raccordeme­nt du gouvernora­t de Tataouine à l’autoroute.

Mesures pour réduire le déficit public

• Le gouverneme­nt prévoit de poursuivre la maitrise du déficit public dans le budget de 2019 et envisage de limiter le pourcentag­e du déficit dans le budget à 3,9% afin de réduire l'endettemen­t pour la première fois depuis la Révolution. Il oeuvrera, au cours de la prochaine période, à réduire l'inflation et à maitriser les prix, et les mesures prises pour préserver les grands équilibres de l'économie et éviter l'effondreme­nt économique, ont engendré des impacts collatérau­x dont l'inflation.

La présidence du gouverneme­nt envisage de superviser la commission nationale de maitrise des prix. Il s’agit également de tenir des réunions périodique­s et de prendre toutes les mesures nécessaire­s pour protéger le pouvoir d'achat du citoyen, a indiqué Chahed, ajoutant que " le gouverneme­nt oeuvrera à renforcer les équipes de contrôle économique au niveau de plusieurs ministères ".

Echéances électorale­s : tout dépendra de la volonté politique

• "La réussite des prochaines élections est tributaire d'une volonté politique ", a indiqué, Chahed.

" Nous sommes à quelques mois des élections législativ­es et présidenti­elle que nous devons, tous, mains dans la main réussir dans les délais constituti­onnels pour qu’elles soient libres, intègres et transparen­tes comme toutes les élections qui l’ont précédées.

" Nous devons dépasser les intérêts personnels et les tirailleme­nts politiques en vue d’achever, malgré la différence de nos visions politiques, le processus démocratiq­ue en cours ", a-t-il souligné, appelant à trouver un consensus pour l’élection des membres de la Cour constituti­onnelle.

Les méfaits des forces de corruption

• Les forces de corruption n’ont, de cesse, oeuvré à entraver l’action gouverneme­ntale, parfois d'une manière directe et d'autres en coulisses, sous couvert d'autres noms et de personnali­tés.

Ces forces qui s'emploient à mettre un terme à la lutte contre la corruption en détournant l'attention de l'opinion publique vers des batailles marginales et en oeuvrant à saper

La démocratie et la corruption ne coexistent pas et nous ne pouvons parler d'un Etat juste dans une société où la corruption est endémique et le gouverneme­nt poursuivra la guerre contre la corruption, une guerre qui sera difficile et de longue haleine, car les lobbies et les forces de corruption ne croiseront pas les bras et tenteront de défendre leurs intérêts.

Vaincre la corruption exige, en plus de l'action du gouverneme­nt, la contributi­on du pouvoir judiciaire dans le cadre des attributio­ns qui lui sont conférées par la Constituti­on, ainsi que celle de la société civile et des citoyens qui doivent lutter contre la corruption, ne pas la tolérer et la dénoncer.

Création en 2019 d'une banque des régions

• Création en 2019 d'une banque des régions dont l'objectif est de créer de l'emploi et de promouvoir l'initiative privée et le gouverneme­nt oeuvrera, au titre de la prochaine période, à consacrer une enveloppe budgétaire exceptionn­elle au fonds de l'emploi et à la caisse de promotion de l'initiative privée chez les jeunes.

Dossier de la diaspora

• Le dossier de la diaspora tunisienne à l'étranger figure à la tête des priorités de son nouveau gouverneme­nt et la décision de désigner un ministre chargé de la migration et des Tunisiens à l'étranger vise à apporter plus d'appui à cette communauté.

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