Les inégalités se creusent
Algérie
Face à l’inefficience structurelle de la politique économique du pays, conjuguée à un système de redistribution injuste des richesses, les inégalités se creusent alors que la majorité des Algériens vivent des fins de mois de plus en plus difficiles. Les interminables dévaluations du dinar ont entraîné le pays dans une spirale inflationniste aux conséquences dévastatrices sur la majorité des Algériens.
Les graves tensions inflationnistes ont conduit à une intenable érosion du pouvoir d’achat. Dans leur quotidien, les ménages subissent de plein fouet une interminable flambée des prix des produits de consommation. Excepté le lait et le pain, tous les prix n’ont cessé d’augmenter. Alors qu’un budget mensuel de 110 000 DA couvre à peine les besoins d’une famille de sept personnes, le salaire moyen mensuel ne dépasse pas les 40 000 DA et le revenu minimum (SNMG) a dramatiquement stagné à 18 000 DA par mois depuis trois ans, selon L’ONS. En 1970, un dollar valait près de 5 DA.
De dépréciation en dévaluation de la monnaie algérienne, un dollar vaut aujourd’hui 184 DA sur le marché parallèle, soit une dépréciation de 1600 fois en quatre décennies. Les chiffres de L’OMS soulignent une hausse de 201% sur les prix en 17 ans. Le front social est affecté par de profondes disparités de revenus et de richesses parce que le système économique ne fait qu’enrichir une élite minoritaire tandis qu’il appauvrit la majorité des Algériens. La baisse du prix du baril de pétrole n’a fait qu’accentuer la pauvreté de la majorité de nos concitoyens. Même en périodes prospères, trop peu d’algériens ont profité des richesses du pays. Foncièrement rentier, le système économique algérien n’est pas seulement antiproductif, pire, il est aussi et surtout injuste. Les richesses se concentrent toujours de manière écrasante entre les mains d’une toute petite élite. A l’incapacité de générer des revenus stables et diversifiés, le système rentier a mis en oeuvre un dispositif de prélèvement et de redistribution inéquitable des richesses. Les politiques fiscales injustes successives ont porté un coup sévère au pouvoir d’achat des Algériens.
Et, de malheur en malheur, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de faire tourner la planche à billets qui alimente davantage l’inflation. Pourtant, bien des pays ont appliqué des solutions durables pour réduire les inégalités sociales et économiques. Des solutions universelles existent, en effet, pour une distribution plus équitable des richesses. Réduire les inégalités passe d’abord et en urgence par l’élévation du salaire minimum garanti et l’instauration d’un impôt sur les hauts revenus et sur la fortune. C’est justement ce qu’ont refusé d’appliquer les gouvernements successifs. Des économistes préconisent aussi de rénover les prestations du système de protection sociale avec un ciblage précis du dispositif des subventions qui est injuste. Face à ces urgences, le pouvoir ne pense qu’à gagner du temps sans s’attaquer aux problèmes de fond.