Heurts avec la police sur les Champs-elysées
Les «gilets jaunes» défilent à Paris
Plusieurs milliers de « gilets jaunes » se sont réunis hier sur les Champs-elysées. Ils se sont heurtés à un important dispositif policier leur barrant le passage vers la place de la Concorde. D'après les chiffres du ministère de l'intérieur, ils étaient 8 000 à Paris et 23 000 dans toute la France à la mi-journée.
Les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes et utilisé un camion lanceur d'eau pour éloigner les manifestants du rond-point des Champs-elysées, frontière d'un périmètre « sécurisé » incluant notamment les abords de l'élysée, la partie basse des Champs-elysées et la place de la Concorde.
Selon la préfecture de police, les incidents sont liés à la présence « à l'avant du cortège d'une centaine de membres de l'ultradroite qui harcèlent les forces de l'ordre ». Des « gilets jaunes » ont notamment été vus en train de desceller des pavés ou des mettre à terre des barrières de chantier. Mais « aucun manifestant n'est dans la zone interdite par arrêté ».
Beaucoup de gilets jaunes déplorent cette ambiance. Laurent, bonnet sur la tête, est venu de Lille. « Je suis pacifiste. Cette violence gâche tout. Casser, ce n'est pas le message que l'on veut passer. On voulait juste pouvoir vivre dignement ».
Les « gilets jaunes » ont commencé à arriver en début de matinée par petits groupes en haut de la célèbre avenue, avant de la descendre en chantant alternativement La Marseillaise et des slogans antimacron, contournant parfois des forces de l'ordre disposées en amont du périmètre interdit.
Acte 2
Les « gilets jaunes » ont rejeté la proposition des autorités de se réunir sur le Champ-de-mars, refusant d'être « parqués » loin des lieux de pouvoir parisiens, et annoncé qu'ils manifesteraient « dans le quartier des Champs-elysées » durant « toute la journée ». Quelque 3 000 forces mobiles sont mobilisées à Paris hier, appuyées par des hélicoptères.
C'est sur la place de la Concorde qu'avait été initialement prévu un grand rassemblement, auquel plus de 36 000 personnes s'étaient déclarées participants sur Facebook, pour « l'acte 2 » de cette mobilisation contre la hausse des prix du carburant, les taxes et la baisse du pouvoir d'achat. Ce rassemblement a été interdit par la Préfecture de police de Paris. Des opérations sont également en cours en province, notamment aux abords des péages et axes autoroutiers.
Blocages
Après le succès de l'acte 1 hier, quand 282 000 personnes ont bloqué axes routiers et sites stratégiques partout en France, suivi d'une semaine de blocages qui se sont progressivement essoufflés, les « gilets jaunes » veulent une nouvelle démonstration de force. Le mouvement peut compter pour l'instant sur un large soutien des Français : selon un sondage de l'institut BVA, ils sont 72% à approuver les revendications des « gilets jaunes », mais en revanche leur mode d'action divise : 52% des Français sont contre, 46% pour. Le mouvement, apolitique et asyndical, reste un véritable défi pour le président Macron qui n'a pour l'heure pas manifesté l'intention de revenir sur le rythme de ses réformes. La présidence française a cependant annoncé que le chef de l'état donnerait mardi « le cap pour la transition écologique », assurant avoir « reçu le message des citoyens ».