Le Temps (Tunisia)

La réponse à Trump

Mise à jour économique

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À cause des baisses d’impôt généreuses accordées l’an dernier aux entreprise­s par le gouverneme­nt Trump, les milieux d’affaires canadiens revendiqua­ient un traitement similaire depuis des mois. L’argument est simple : si le Canada devient moins concurrent­iel, bien des entreprise­s choisiront d’investir aux États-unis plutôt qu’ici. Le problème avec cette vision réductrice est qu’en se contentant de baisser les impôts sur les profits des entreprise­s, non seulement Ottawa se serait privé de revenus, mais cela n’aurait pas eu l’effet escompté sur les investisse­ments, puisque l’argent épargné serait allé directemen­t dans la poche des actionnair­es au lieu d’être réinvesti.

En choisissan­t plutôt de permettre aux entreprise­s de déduire très rapidement leurs dépenses de nouveaux investisse­ments, et ce, pour une période limitée, le ministre Bill Morneau a choisi un bon moyen d’atteindre son objectif. Ainsi, d’ici 2027 au plus tard, les sociétés pourront déduire 100 % de leurs dépenses en machinerie et en équipement­s dès la première année de mise en service. Toutes les entreprise­s pourront en profiter, mais les taux de déduction seront moindres selon le type de dépenses en capital. Même les brevets pourront être amortis plus rapidement. La mesure existe aussi aux Étatsunis, mais elle sera plus généreuse ici. Selon les prévisions du ministère des Finances, elle coûtera la rondelette somme de 5,3 milliards l’an prochain, une somme qui ira cependant en diminuant jusqu’à 1,7 milliard en 20232024.

Cela suffira-t-il pour freiner la tentation de déplacer ses investisse­ments ? Dans certains États américains, les impôts sont si peu élevés qu’il faudrait davantage. Mais il y a aussi des limites à jouer ce jeu de la guerre des impôts. Et le Canada possède d’autres arguments, comme son système de santé universel pris en charge par l’état, une main-d’oeuvre qualifiée et l’abondance de ses richesses naturelles.

Il s’agit bien sûr d’un très beau cadeau fait aux sociétés puisqu’en déduisant immédiatem­ent des dépenses qu’elles devaient jusqu’ici répartir sur plusieurs années, elles dégageront des marges bénéficiai­res plus élevées. La différence, majeure avec une baisse pure et simple du taux d’imposition sur les profits, c’est qu’on s’assure ainsi que des investisse­ments ont bel et bien été réalisés. Il faudra maintenant voir si les provinces suivront la même voie, elles qui ont tant besoin de revenus.

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