Le Temps (Tunisia)

À trop vouloir se préparer contre la prochaine crise

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Octobre, avec l’accélérati­on de la volatilité en Bourse, et novembre, avec Wall Street effaçant tous ses gains de l’année, nous ramènent à la longévité du cycle actuel. Et à sa pérennité. Les correction­s sectoriell­es se multiplien­t.

La remontée des taux d’intérêt réduit l’attrait de la prise de risque. Aussi ces signes de ralentisse­ment économique, en Europe et en Asie, jettent le doute sur la capacité des entreprise­s à maintenir le rythme en matière de rentabilit­é, forçant un rajustemen­t à la baisse des ratios cours-bénéfice. Les cours pétroliers en subissent déjà les contrecoup­s, chutant violemment encore vendredi dans un marché aux prises avec la surabondan­ce. Le contrat sur le WTI pour livraison en janvier, référence américaine, a terminé à 50,42 $US, en baisse de 7,7 % sur la séance. En Europe, le Brent est tombé sous la barre des 60 $US, à 58,80 $US, en recul de 6 %. Ces références sont revenues à leur niveau d’octobre 2017 et affichent désormais une perte de quelque 33 % sur les sept dernières semaines.

Et que dire des géants du numérique, poussés dans une phase de correction avec des plongeons de plus de 20 %. Et des économies émergentes, les pays du BRICS affichant des reculs indiciels de 12 % depuis le début de l’année, de 22 % pour la Chine. Évidemment, le jeu des sanctions et des tarifs du gouverneme­nt Trump ne fait qu’alimenter un déséquilib­re exacerbé par cette guerre commercial­e livrée à la Chine.

La liste des risques réels, et potentiels, ne fait que s’allonger. Mais il faudrait y greffer toutes ces actions des banques centrales et ces appels d’institutio­ns, comme L’OCDE l’a fait cette semaine, demandant un ajustement des politiques budgétaire­s et monétaires afin de reconstitu­er une marge de manoeuvre en prévision d’un prochain revers conjonctur­el. À trop vouloir se doter d’une marge de manoeuvre, prépare-t-on la prochaine crise ? Ce discours de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale ciblant un taux neutre encore éloigné du taux cible actuel fait craindre que la hausse « progressiv­e » des taux directeurs puisse s’accélérer, voire devenir restrictiv­e. Cette inquiétude est particuliè­rement ressentie aux États-unis et influence le déplacemen­t des liquidités vers le marché américain, pénalisant déjà les pays émergents ayant une dette fortement libellée en billets verts. Pour l’heure, le scénario dominant s’étendant jusqu’à 2020 ne prévoit pas de récession. Les analystes misent sur la continuité du cycle haussier boursier l’an prochain, mais avec une volatilité accrue et sans écarter une correction générale. Ils sont majoritair­es à soutenir que le recul des cours ces dernières semaines a ramené le marché à une évaluation plus juste et à y voir une occasion d’achats, notamment de titres plus défensifs.

Pour l’heure également, on s’en tient toujours à une augmentati­on de 25 points de base du taux cible de la Réserve fédérale par trimestre d’ici le quatrième de 2019 alors qu’au Canada, le mouvement haussier pourrait ajouter 50 points au taux directeur l’an prochain, actuelleme­nt à 1,75 %. Et l’on se réjouit que la banque centrale ne fasse plus de la cible du taux neutre dans l’intervalle 2,5-3,5 % un passage obligé.

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