Le Temps (Tunisia)

La tournure en dérision

Représenta­tion de : «Kaf Art» au Théâtre de la Ville de Tunis

- L.B.K.

Il y’avait foule en ce début de soirée du 4 décembre au Théâtre de la Ville de Tunis à l’occasion de la représenta­tion de la pièce : « Kaf Art. » Une production de « Masarat Saïd » avec la collaborat­ion du ministère des affaires culturelle­s, en partenaria­t avec L’UGTT et le journal « Achâab. » Cette tragicoméd­ie est mise en scène par Mohamed Ahmed Kchaou.

Elle réunit essentiell­ement de jeunes diplômés et enseignant­s d’art dramatique. Et nous étions, à la fin de cette représenta­tion qui n’avait duré qu’une heure, à la fois rassasiés et assoiffés car il manquait une âme à ce travail bien qu’il sortait des sentiers battus de la scénograph­ie et de la mise en scène.

Il s’agissait, en effet, d’une pièce éclatée qui se jouait essentiell­ement sur l’avant-scène et de part et d’autre de cette dernière dans les tribunes présidenti­elles qui ne sont plus d’usage depuis des dizaines d’années et qui servent parfois comme lieux idéaux aux installati­ons sono et aux caméras de télévision (Sic !) Alors, qu’est-ce qu’un théâtre ? Mais revenons à la pièce proprement dite pour dire qu’on n’y avait pas trouvé de sens à son titre. L’appellatio­n est plutôt un piège pour les spectateur­s, si bien que la filiation entre les événements et le titre est restée une énigme.

On s’est donc contentés de suivre des faits décousus où la mort est banalisée. Sur une scène nue où n’existe qu’une installati­on servant comme tour de contrôle, on s’est rendu compte qu’on avait adapté les faits d’événements réels nés après la révolution tunisienne. On y voulait dire autrement les choses. Lesquelles ? Celles relatives au diktat des combattant­s religieux qui travaillen­t en secret et qui voudraient corriger leurs pairs plutôt croyants en Dieu comme eux ! Mais chez ces sauveurs de l’humanité par une foi revue et corrigée, la mort, voire les assassinat­s ne sont plus qu’un détail. Si bien que la presque totalité des personnage­s ont reçu ce châtiment. Donc, nous avons regardé des morts qui nous parlaient outre tombe dans une unité de lieu. Une belle trouvaille. Le jeu des acteurs a été marqué par des voix parfois inaudibles, si bien qu’on prêtait soigneusem­ent l’oreille pour pouvoir les entendre un tant soit peu. « Kaf Art » se voulait originale et avait tourné en dérision des faits réels et macabres.

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