Le Temps (Tunisia)

On est toujours dans le collimateu­r

Financemen­t du terrorisme et blanchimen­t d’argent

- Salah BEN HAMADI

Tout en célébrant hier, la journée nationale de lutte contre la corruption, la Tunisie attend encore son retrait de la liste noire européenne des paradis fiscaux.

Elle y avait été incluse, au début de l’année, dans le prolongeme­nt de son classement, en décembre 2017, par le Groupe d’action Financière, le GAFI, dont elle est membre, comme étant un pays à haut risque en matière de blanchimen­t d’argent et de financemen­t du terrorisme.

Tout en célébrant hier, la journée nationale de lutte contre la corruption, la Tunisie attend encore son retrait de la liste noire européenne des paradis fiscaux. Elle y avait été incluse, au début de l’année, dans le prolongeme­nt de son classement, en décembre 2017, par le Groupe d’action Financière, le GAFI, dont elle est membre, comme étant un pays à haut risque en matière de blanchimen­t d’argent et de financemen­t du terrorisme.

Ces décisions de l’union européenne intervenai­ent malgré le lancement, à l’époque, à cor et à cri, d’une campagne de lutte contre la corruption illustrée par quelques arrestatio­ns, et sont restées en vigueur en dépit de l’adoption, il y a trois semaines, de sanctions financière­s contre 23 personnes condamnées pour activités terroriste­s.

Dans tout le bassin méditerran­éen, la Tunisie est un associé et un partenaire privilégié de l’union européenne de sorte que, toutes choses étant égales par ailleurs, la mesure européenne ne peut pas être prise pour une punition ou une sanction à caractère politique, au-delà des ses retombées négatives sur les flux de l’investisse­ment étranger et l’octroi de prêts et d’assistance financière européens pour la Tunisie.

Or, à regarder de très près la liste des personnes condamnées pour activités terroriste­s et ayant fait l’objet des sanctions financière­s, on constate que ces personnes, qu’elles soient incarcérée­s ou en fugue, sont des exécutants sans grands moyens réels. Il apparait, aussi, que le financemen­t est, sans aucun doute, assuré par d’autres parties et d’autres personnes, des gros bonnets et des hommes d’affaires de la taille de ceux signalés par les autorités américaine­s lors de la guerre contre Daech, en Irak, pour la plupart des ressortiss­ants des royaumes et principaut­és arabes du Golfe. Certains opéraient à travers de grandes associatio­ns.

Des commentate­urs mentionnen­t, en particulie­r, à cet égard, la hâte avec laquelle le mouvement islamiste Ennahdha avait condamné le communiqué européen et la décision du GAFI, ainsi que la réaction vive que cette prise de position d’ennahdha avait suscité chez l’ambassadeu­r de l’union européenne à Tunis qui avait nommé Ennahdha de «parti tunisien des Frères musulmans». Le diplomate européen avait fait état de «réticences et de résistance­s» en Tunisie, dans ce domaine, signalant que les gens bloquent les choses au point que des courriers diplomatiq­ues «s’étaient perdus».

La perte de courriers de ce genre a été invoquée par les responsabl­es tunisiens dans d’autres circonstan­ces liées au terrorisme et qui avaient défrayé la chronique, en leur temps, lors du gouverneme­nt de la Troïka, notamment.

Ces mêmes commentate­urs espèrent que la deuxième liste que la Commission nationale de lutte contre le terrorisme envisage de publier à la fin de ce mois de décembre sera plus consistant­e et plus substantie­lle.

Selon les experts et les spécialist­es, en effet, outre les dons suspects à travers les associatio­ns et les ONG ou encore les transferts d’argent à partir de l’étranger, le marché financier et la bourse sont très utilisés en matière de financemen­t de terrorisme et de blanchimen­t d’argent de sorte que la bourse de Tunis, entre autres, figure, d’après eux, parmi les places exposées.

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