Le Temps (Tunisia)

Un deuxième mandat contesté de toutes parts

Venezuela-nicolas Maduro

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Au Venezuela, le président Nicolas Maduro investi hier pour un deuxième mandat, alors que le pays traverse une grave crise économique, sociale et politique. Officielle­ment, Nicolas Maduro a été réélu haut la main le 20 mai 2018 avec 68% des suffrages. Mais ce résultat est contesté par l'opposition vénézuélie­nne soutenue par une partie de la communauté internatio­nale. Les adversaire­s de Nicolas Maduro l’appellent à renoncer à la présidence.

Les Etats-unis, l'union européenne, le Canada et douze pays latino-américains ne reconnaiss­ent pas la réélection de Nicolas Maduro. Selon eux, le scrutin n'a pas rempli les critères démocratiq­ues requis. Forte de ce soutien internatio­nal, l’opposition vénézuélie­nne semble reprendre un peu de couleurs. L’union des partis d’opposition qui s’étaient rassemblés dans une vaste coalition baptisée MUD (Table de l’union démocratiq­ue) avait volé en éclat quand, au printemps 2018, quand Henri Falcon, membre de la MUD, avait décidé de se présenter à l’élection présidenti­elle face à Nicolas Maduro, alors que le reste de l’opposition avait décidé de boycotter le scrutin. Aujourd’hui, l’assemblée nationale, seule institutio­n entre les mains de l’opposition, se dit prête à restaurer l’ordre constituti­onnel dans le pays. Et elle est rejointe par la puissante conférence épiscopale. Certains élus veulent créer un conseil de transition afin d’organiser des élections libres. D’autres veulent tenter de remobilise­r la population qui avait manifesté massivemen­t pendant des semaines en 2017 en faveur d’un changement politique au Venezuela. Mais en vain.

L'opposition doit regagner la confiance des Vénézuélie­ns

« Ce 10 et le 11 janvier, nous, les députés, allons nous réunir en session extraordin­aire, ici à l'assemblée ou dans la rue, pour montrer aux Vénézuélie­ns que nous sommes disposés à avancer constituti­onnellemen­t et sous la protection de la communauté internatio­nale », explique Desiree Barboza, élue du parti Voluntad Popular. « Nous espérons pouvoir compter également sur le soutien des forces armées. Qu'elles s'en tiennent à la Constituti­on et au droit. Il est urgent d'arriver à une transition politique. Parce qu’en ce moment, Nicolas Maduro, veut poursuivre sa farce. Il nous défie en se maintenant au pouvoir. Ce faisant, il viole une nouvelle fois la constituti­on. Nous devons agir. Et nous sommes disposés à le faire ». Nicolas Maduro prêtera serment aujourd’hui devant le Tribunal suprême de justice, proche du pouvoir, et non devant l’assemblée nationale comme le voudrait la Constituti­on.

Le régime chaviste impassible

Malgré les pressions internes et la stratégie d’une partie de la communauté internatio­nale d’isoler le régime chaviste, ses membres se montrent impassible­s aux critiques. « Un pays qui déclare ne pas reconnaîtr­e un processus électoral que les Vénézuélie­ns ont reconnu, c'est de l'ingérence ! C'est de l'ingérence dans les affaires internes d'une autre nation. C'est contraire à la charte des Nations unies et cela vaut pour le Venezuela et tout autre pays du monde », martèletan­ia Diaz, la viceprésid­ente de l'assemblée constituan­te, une institutio­n exclusivem­ent composée d'élus pro-gouverneme­ntaux. Elle souligne que la dernière présidenti­elle n'a pas seulement confirmé Nicolas Maduro au poste de président, mais par la même occasion a validé le projet politique de la révolution bolivarien­ne, qui fête ses 20 ans cette année. « A deux reprises, le peuple vénézuélie­n a majoritair­ement voté pour Nicolas Maduro. Mais à travers le président Maduro, le peuple a surtout voté pour le programme gouverneme­ntal présenté par feu le président Hugo Chavez lors de sa dernière élection. C'était le même programme que Nicolas Maduro a présenté lors de sa première campagne électorale. Et puis Nicolas Maduro a renouvelé ce programme par le biais de sa réélection. Ce plan du président Maduro, nous en avons débattu, nous l'avons construit et enfin à travers une élection libre, démocratiq­ue, ouverte et légitime, les Vénézuélie­nnes et les Vénézuélie­ns l'ont approuvé ».

Un exode des Vénézuelie­ns persistant

Depuis 2015, quelque 2,3 millions de Vénézuélie­ns ont fui l’hyperinfla­tion ainsi que des pénuries alimentair­es et de médicament­s. L’ONU prévoit qu’en 2019 cet exode devrait encore s’accélérer. Andrés d’ascoli a quitté le Venezuela en juillet 2017. A 26 ans, ce jeune économiste et étudiant en politiques publiques se dit découragé quant à l’avenir proche de son pays natal : « Moi je ne pense pas que la situation changera de sitôt », confie-t-il. « On pensait que la crise sociale allait déclencher un mouvement de contestati­on de grande ampleur. Parce que cette crise touche tous les secteurs de la population pas seulement les moins favorisés. Force est de constater que rien ne se passe. Et que le gouverneme­nt ne fait rien pour résoudre cette crise. Tant que le régime a le contrôle de l'armée il est sûr de rester au pouvoir. Et les militaires qui essayent de se soulever, ils sont en prison ».

Pour cette journée d’investitur­e de Nicolas Maduro, les forces spéciales ont été déployées massivemen­t dans les rues de Caracas et dans toutes les grandes villes du Venezuela.

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