Le Temps (Tunisia)

Le mouvement Cinq étoiles sur les traces des «gilets jaunes»

Italie

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Alors qu’en France on craint de nouvelles violences en marge de l’acte IX des « gilets jaunes » hier, en Italie le chef du mouvement Cinq étoiles, et vice-président du Conseil, Luigi di Maio, rêve de sceller une alliance avec les contestata­ires du gouverneme­nt Macron, en vue des élections européenne­s. Il leur a d’ailleurs écrit une lettre ouverte de soutien, lundi, qui a déclenché un nouvel et grave incident diplomatiq­ue entre Paris et Rome. Mais cela ne freine pas ses ambitions, même si son invitation à constituer un axe « gilets jaunes » modérés - Cinq étoiles a été rejetée par deux figures emblématiq­ues du mouvement, Jacline Mouraud et Eric Drouet. Quelques « gilets jaunes » dont une activiste de Versailles, Patricia Saint-georges, et un de Caen, Yvan Yonnet, seront à Rome pour participer à un rassemblem­ent d’euroscepti­ques de gauche. Luigi di Maio a-t-il l’intention de saisir cette occasion pour les rencontrer ?

En fait, Luigi di Maio avait prévu une rencontre réservée avec les « gilets jaunes » qui seront présents à Rome. Mais ce petit groupe, à l’image d’eric Drouet et de Jacline Mouraud, n’entend pas instaurer de contacts particulie­rs avec un membre du gouverneme­nt italien. Les « gilets jaunes » veulent rester indépendan­ts, apolitique­s disent aussi certains. Et donc au stade où en est leur mouvement, ils n’envisagent pas d’alliance avec des personnali­tés au pouvoir ou dans l’opposition. Que ce soit en France ou dans un autre pays européen.

Clin d’oeil aux« gilets jaunes » ?

Officielle­ment, Luigi di Maio ne recule pas dans ses intentions, du moins pour le moment. Le mouvement Cinq étoiles a besoin de trouver des alliés en vue des élections européenne­s pour pouvoir constituer un groupe de 25 députés au minimum et représenta­nt au moins un quart des Etats membres, selon les règles en vigueur. Luigi di Maio, qui rêve d’une « Internatio­nale populiste de la démocratie directe, est déjà en contact avec les Finlandais de Liike Nyt, parti ultralibér­al, fondé en 2018. Les Polonais de Kukiz ’15, mouvement de droite dirigé par le chanteur punk Pawel Kukiz et les Croates de Zivi zig, parti qui se décrit comme humaniste. Autant de formations très diverses. Mais di Maio, qui travaille en étroite collaborat­ion avec Davide Casaleggio, le patron de la plateforme en ligne du M5S baptisée Rousseau, assure qu’il y aura « un contrat de garantie », sur le modèle de l’accord de gouverneme­nt avec la Ligue de Matteo Salvini. Cela dit, les alliances au niveau européen n’ont jamais été un point fort des Cinq étoiles ! Donc on comprend mieux aussi « l’appétit » pour les « gilets jaunes ».

Les craintes du mouvement Cinq étoiles

Tout à fait, actuelleme­nt la ligue de Salvini dépasse de six points les 5 étoiles dans les intentions de vote (33,1% contre 24,1% ). Et le Mouvement tend à se plier à ses positions très nationalis­tes. Notamment en ce qui concerne la politique antimigran­ts. L’enjeu pour les Cinq étoiles est bien sûr à la fois européen et italien. Même avec des alliances très hétéroclit­es, les Cinq étoiles souhaitent pouvoir relancer des batailles comme celles pour la protection de l’environnem­ent, les droits sociaux, la lutte contre la corruption ou l’éliminatio­n des « castes », à l’origine de leur succès. Sans quoi, le mouvement risque un échec cuisant.

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Luigi Di Maio, vice-président du Conseil italien, à Rome

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