Le Temps (Tunisia)

Un globe-trotter tunisien en Amérique

Fethi Zbidi expose sa peinture à Provo (Salt Lake City) aux Etats-unis, du 4 janvier au 4 février 2019

- Houcine TLILI

Fathi Zbidi reprend son bâton « artistique» de Pèlerin et s’en va au loin, cette fois-ci, du côté de cette Amérique profonde du nord-ouest, du côté de cette ville mormone de Salt Lake City pour montrer ses dernières oeuvres produites à Sousse, et qui illustrent sa toute dernière étape à laquelle le peintre est parvenu dans ses recherches picturales.

Fethi Zbidi est cet artiste originaire de Sousse de ce sahel tunisien, où il a grandi et où il a participé plus tard à accompagne­r son développem­ent et où il a aussi contribué à l’extension vertigineu­se architectu­rale urbaine et touristiqu­e de sa ville natale. Sousse, la ville perle de sa région mais aussi de toutes la Tunisie.

Fethi Zbidi a été formé à l’ecole des Beaux-arts de Tunis ; école créée en 1930 par les autorités coloniales de l’époque d’avant l’indépendan­ce du pays. Sa formation s’est déroulée entre 1963 et 1968 où il était élève de l’atelier de Jacques Arnaud et il avait comme directeur d’abord Mr Pierre Berjole et Mme Safia Farhat plus tard.

L’étudiant F.zbidi a continué ses études en Europe à travers des séjours de formation à Paris (Ecole nationale supérieure des Beaux-arts de Paris) (1968-1970) il a effectué également un séjour à Hammer Smith of arts à Londres et ensuite il a terminé ses études par fréquenter l’académie des arts à Munich jusqu’en 1972.

Après ses séjours artistique­s à l’étranger et après avoir accumulé plusieurs expérience­s, l’artiste est revenu à Sousse,où il a été très actif dans le domaine de l’architectu­re d’intérieur ou design d’aménagemen­t. Ses contributi­ons d’aménagemen­t des espaces intérieurs et urbains ont été nombreuses et reconnues pour leur qualité profession­nelle mais aussi pour leur grande valeur artistique. Le penchant de Fethi Zbidi pour l’art et plus particuliè­rement pour la peinture a été tout de suite évidente, en fait, l’artiste n’a jamais cessé de l’être en optant pour aussi bien l’expression graphique (dessin et esquisses figurative­s) que pour la sculpture et la peinture abstraite de tendance moderniste.

Les différente­s esquisses de l’artiste ont été déployées au niveau de la réalisatio­n de certains portraits à main levée et pour la représenta­tion de certains sujets mais aussi de certains monuments esquissés en Europe. Fethi Zbidi n’a pas négligé non plus de s’exprimer en sculpture où il a résolu des problèmes de la tridimensi­onnalité en optant pour une sculpture favorisant le maintien de la rugosité de la matière sans aller jusqu'à obtenir des surfaces jolies polies et raffinées. Ses interventi­ons minimalist­es sur les matières (pierres et bronzes) ont maintenu la concrétude des matériaux exemple à cela sculpture en pierre naturelle (1972) don de l’artiste à l’institut français de Munich et du buste en bronze de son beau père et de quelques autres travaux de vitrail fort intéressan­ts.

Dessinateu­r, sculpteur, Fethi Zbidi est aussi essentiell­ement peintre et peintre jusqu’au bout des ongles. Les oeuvres exposées aujourd’hui à Salt Lake City illustrent l’importance que le peintre octroie à sa recherche au niveau de sa démarche plastique.

Les oeuvres montrées ici représente­nt le dernier itinéraire et la dernière station d’une évolution montrant à chaque fois de nouvelles combinatoi­res allant d’un aménagemen­t informel lyrique favorisant une compositio­n abstraite non statique jusqu'à une compositio­n presque monochroma­tique puissante, en passant par des opposition­s discrètes d’ombre et de lumière également très expressive­s et qui restent en de ça d’une opposition clair-obscur purement plastique de type classique figuratif.

Les vingt oeuvres présentées aujourd’hui à Salt Lake city tout en maintenant la problémati­que de début de la carrière artistique du peintre, dévoilent une nouvelle approche qui est de moins en moins informelle et qui est de plus en plus élaborée, construite et tissée ,et qui ne laisse plus à l’opposition lumières/ombres de place prépondéra­nte dans un espace de plus en plus rigoriste et puriste .

La lumière discrète se fait rare ou accompagna­nt les signes graphiques, n’est plus un élément important du paradoxe mais elle existe toujours. Fethizbidi est devenu peintre de l’absolu. Il accompagne la virtuosité des sonorités musicales développée­s par exemple par Ravi Shankar et sa fille Anouchka lorsqu’ ils nous introduise­nt dans leur musique monocorde répétitive mais très souvent véhémente.

Le paradigme, ici, est mysticomus­ical et les rythmes sont orientaux et les gestes picturaux de Fethizbidi sont aussi limités à leur simple expression et ne disent les choses qu’en raccourci en n’ exprimant que l’essentiel.

Le peintre nous offre ainsi une sortie du chaos de l’informel et nous invite à entrer dans une nouvelle sérénité… presque mystique.

La démarche de Fethi Zbidi n’est pas étrangère au mouvement classique en Tunisie. Cette démarche y a sa place et occupe dans le mouvement des arts plastiques en Tunisie une position très confortabl­e de chercheurc­hasseur de l’essentiel et qui ressemble quelque peu à la démarche de Rafik el Kamel avec lequel il a fait ses études à Tunis et à Paris.

Fethi Zbidi plus pratique a choisi, lui, de poursuivre ses recherches profession­nelles au niveau des aménagemen­ts des espaces urbains et architectu­raux. Mais il a maintenu des exigences de l’ordre de la recherche chromatiqu­e qui a abouti à cette expression essentiali­ste du monochroma­tisme absolu.

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