Les gentils et les méchants…

On s’y perd. Mais on s’y perd vraiment. Enfin, c’est une façon de parler. Le citoyen-lambda ne peut pas s’y retrouver non plus. Dans tout ce méli-mélo politicopolitique, dans ce brouillamini qui ne dit pas son nom, dans cette purée de pois qui s’épaissit à mesure, il aimerait bien que quelqu’un, une âme charitable s’il en existe encore, dénuée de mauvaises intentions, lui prenne la main pour lui montrer le chemin.

Le fil d’ariane s’est rompu il y a des lustres, et le labyrinthe est trop profond pour qu’il y retrouve, facilement, une issue pour émerger à la face du jour. C’est bien de dire qu’il faudra se faire, d’ores et déjà, son idée pour voter. C’est bien. C’est même très bien. Mais si les urnes lui font un appel du pied, lui, il ne sait toujours pas à quel saint se vouer. Et puis il y a cette histoire, pas très claire, plutôt glauque autant dire, d’une combinaison mafieuse qui serait à l’etat, ce que serait un Etat parallèle à l’etat, ou quelque chose du même genre, qui lui torture les méninges depuis quelques temps.

Il n’en dort plus la nuit, se réveille en sueur, peste contre le jour qui tarde à infiltrer les persiennes d’une douce clarté, et se rendort le soir sur la même angoisse, la même peur, la même appréhension : et s’il était floué ?

Ce que le jour doit à la nuit, ce que la nuit doit au jour, pour lui c’est une question à laquelle il n’a toujours pas trouvé de réponse. Perplexe, il se ronge les ongles, et pense à la République. Ça ne lui donne pas du galon mais des brûlures au bout des doigts. Qui sont les gentils ? Qui sont les méchants ? Et à quel signe il pourrait les reconnaître : voilà une énigme qu’il n’a pas encore percée.

Des fois ça le désespère, d’autres fois il s’en fout, fouille au fond de ses poches : ah, voilà la clé. C’est déjà ça de pris sur la vie. La politique ? Il commence à en avoir ras-le-bol pour tout dire. Comme tout le monde, il attendra qu’on lui explique ça à la télé…