Tohu-bohu dans l’hémicycle
Belgacem Ayachi (ingénieur spécialiste dans le domaine des systèmes et de la sécurité informatique), Sofiane Labidi (spécialiste en finances) et Hasna Ben Slimane (juge administratif), nouveaux membres
Après de longs mois de tergiversations et de tiraillement politiques, les blocs parlementaires se sont finalement mis d’accord pour mettre fin à la crise de l’instance Supérieure Indépendante des Élections (ISIE). L'assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a tenu hier, une séance plénière électorale pour renouveler le tiers de L’ISIE, à partir de la liste des candidats retenus et élire par la suite le nouveau président de l’instance, conformément aux dispositions de la loi fondamentale relative à L’ISIE, adoptée par l’assemblée Nationale Constituante (ANC) le 12 décembre 2012.
L'assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a tenu hier, une séance plénière électorale pour renouveler le tiers de L’ISIE, à partir de la liste des candidats retenus et élire par la suite le nouveau président de l’instance, conformément aux dispositions de la loi fondamentale relative à L’ISIE, adoptée par l’assemblée Nationale Constituante (ANC) le 12 décembre 2012.
Les trois catégories concernées sont : un(e) ingénieur spécialiste dans le domaine des systèmes et de la sécurité informatique. 12 candidats sont retenus. Un(e) spécialiste en finances publiques. L’ARP devait choisir entre 17 candidats. Enfin, un juge administratif. Une seule candidature a été retenue.
Les candidats devaient obtenir une majorité d’au moins les deux tiers des voix des membres de L’ARP (145 voix). Deux heures après, le Parlement devait élire le nouveau président de L’ISIE. Les votes devaient être déposés auprès du bureau d’ordre de L’ARP. Conformément à la loi portant sur la création de l’instance, le vote devra se faire durant la même séance plénière avec une majorité absolue de 109 voix.
Absentéisme et indiscipline
A peine commencée, la séance plénière a été suspendue par le vice-président de L’ARP, Abdelfatteh Mourou. Et pour cause : à peine 15 députés étaient présents dans l’hémicycle.
Une heure après, les sièges des représentants du peuple demeuraient vides. A part quelques députés qui ont répondu présents, la prestigieuse salle restait désertée.
Alors qu’elle était prévue à 9h, la
séance plénière n’a débuté qu’à midi. En présence du président de L’ARP, Mohamed Ennaceur et de ses deux vice-présidents. Sur les 216 députés, à peine 155 étaient présents lors du démarrage de la plénière. Une centaine des élus du peuple ne se sont nullement sentis concernés par l’objet du vote.
Après avoir rappelé l’ordre du jour, le président de L’ARP a donné la voix aux élus qui ont demandé à intervenir avant de donner le coup d’envoi des votes. L’hémicycle bouillonnait. Un tumulte incessant et grandissant s’accaparait des lieux. Le président de la séance, Mohamed Ennaceur, peinait à maintenir l’ordre.
Un vote consensuel contesté et des manigances de bas-étage
• Salah Bargaoui (Bloc al Horra)
«En attendant le vote, nous espérons que toutes les parties respectent le consensus sur lequel nous nous sommes tous entendus. Nous sommes tous responsables. Si l’un des députés se désengage du pacte, cela bloquera la nomination du président de L’ISIE.» • Abdelaziz Kotti (Nidaa Tounes)
«Nul n’ignore que les noms des futurs membres de L’ISIE et de son président ont été d’ores et déjà choisi suite au consensus entre les présidents des blocs parlementaires. Néanmoins, je dénonce une grosse violation de l’article 19 du Règlement intérieur. En effet, je viens d’apprendre qu’il a été décidé que chaque bloc mette une croix sur les listes. Ce qui voudrait dire que la commission du tri saura quel vote a été donné pour tel ou tel candidat. Ce qui viole l’aspect confidentiel du vote et
met en doute la transparence du vote ! je dénonce et j’accuse !» • Sameh Bouhaouel (Nidaa Tounes)
: «A mon grand regret, je viens d’apprendre que les feuilles du vote contiendraient des croix représentants chacune un bloc déterminé ! Nous sommes pour le consensus mais quand certains font tout pour entacher la transparence du vote, quitte à violer le processus du vote, là, nous disons STOP ! La présidence du Parlement se doit de vérifier ces feuilles de vote.» • Tarek Fetiti (Union Patriotique
Libre) : «Indépendamment de l’opération du vote et de ce qui se passe dans les coulisses, j’appelle le Parlement à se pencher sur le rapport émis par l’ancien président de L’ISIE et sur les soupçons de corruption dont il a parlé. Il est de notre devoir de suivre ce dossier.» • Ameur Laarayedh (Ennahdha) :
«Cette instance est le seul garant d’une possible vie où, malgré nos différences, il est possible de cohabiter ensemble. Parachever la composition de L’ISIE est un pilier intrinsèque à la pérennité de l’expérience démocratique. Le Parlement saura être à la hauteur des attentes du peuple.» • Faicel Tebini (Bloc Social-démocrate) :
«A quoi sert cette plénière et l’opération de vote si tout est déjà planifié et que les futurs membres ont déjà été choisi sous le couvercle du consensus ? Arrêtez le vote et donnez-nous les noms ! Arrêtez cette mascarade ! Le Parlement viole d’ores et déjà les futures élections ! Vous vous êtes déjà mis d’accord sur la personne qui sera à la tête d’une instance qui se doit d’être indépendante ! De quelles élections
impartiales et démocrates parlez-vous ? Respectez le peuple ! J’invite toutes les personnes dont les noms seront soidisant tirés, à refuser le poste. Vous ne serez qu’une marionnette entre les partis politiques ! »
Les nouveaux membres de L’ISIE
Après que la commission de tri ait achevé sa tâche, le président de L’ARP a annoncé à 15h, le résultat des votes.
Dans la catégorie « ingénieur spécialiste dans le domaine des systèmes et de la sécurité informatique », le candidat élu est Belgacem Ayachi avec 152 voix. Le poste de spécialiste en finances publiques est revenu à Sofiane Labidi avec 152.
Quant à la catégorie « juge administratif », le poste de nouveau membre est revenu à Hasna Ben Slimane, seule candidate. Elle a récolté 155 voix. Conformément à ce qui a été décidé lors de la réunion du bureau du Parlement, le 23 janvier, les élus ont disposé de deux heures pour déposer leurs votes relatifs au futur président de L’ISIE. Deux candidats se sont présentés au poste de président de L’ISIE. Il s’agit de Nabil Baffoun et de Farouk Bouasker et le choix est tombé sur le premier qui a obtenu 141 voix, alors que son concurrent n’a obtenu que 10 voix. Ainsi, un pas a été accompli pour permettre à L’ISIE de commencer, de nouveau, son travail qui, nous l’espérons sera sur des bases solides, loin des magouilles électorales.