Une atteinte scandaleuse, des deux côtés de l’écran
Le Droit de l’enfant et l’audiovisuel
Les droits de l’enfant font partie intégrante des droits de l’homme. Étymologiquement, le terme « enfant » vient du latin infans qui signifie « celui qui ne parle pas ». Il n’en reste pas moins, que cette notion qui a pris différentes acceptions au fil du temps, et de l’évolution des civilisations à travers les siècles, a gardé l’aspect de vulnérabilité de l’enfant avant sa majorité.
La convention internationale relative aux droits de l’enfant, en vertu d’un traité international adopté par l’organisation des nations unies (ONU) en 1989, donne de lui la définition suivante : « Tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ».
A travers cette définition, ce sont les textes de protection de l’enfance qu’il faut considérer, et qui d’ailleurs évoluent au fil du temps
Sur le plan juridique, l’enfant est un être humain qui a des droits et une dignité.
L’obligation de protection de l’enfant vient du fait qu’il soit considéré comme vulnérable, même s’il peut s’agir parfois d’un génie.
C’est la raison pour laquelle on parle de droits de l’enfant, dont les adultes sont tenus de respecter et d’appliquer sans laxisme ni négligence.
Ce sont en principe, ses parents qui en sont les premiers responsables, et dans le cas de l’enfance sans soutien, ce sont les autorités, d’abord, et ensuite les associations de défense des droits de l’enfant.
En Tunisie, nous pouvons nous targuer, d’avoir des institutions spécialisées, qu’elles soient privées ou publiques, dont le but est d’oeuvrer à la protection de l’enfant.
En quoi consiste cette protection ?
Protéger l’enfant aussi bien de lui-même que des autres, n’est pas si facile qu’on ne l’imagine. Avec l’évolution des moyens de communication, la notion de protection a évolué, voire changé d’acception et ce, abstraction faite de la loi, qui est venue consolider la protection de l’enfant de ce qui peut le dérouter, l’influencer d’une manière négative, ou atteindre à sa dignité et à sa personne en général , tant sur le plan physique que psychique.
L’enfant, le cinéma et la télé
Interdire à un enfant de voir un film d’adulte ou regarder une émission assez osée à la télé, pourrait susciter la polémique, en ce sens qu’on ne sait plus quels sont les émissions ou les films non destinés aux mineurs. Il y a en effet la responsabilité des producteurs qui est pleinement engagée, car le film où la mention interdit aux moins de 18 ans n’est pas affichée, peut être vu par tous. Donc si le père qui interdit à son enfant de voir un tel film, pourrait s’exposer à des poursuites pour atteinte aux droits de l’enfant, comme pourrait l’être le père qui laisse ses enfants voir des films osés ou choquants interdit aux mineurs.
C’est un dilemme, face auquel il faut de la souplesse de la sagacité et du bon sens.
L’audimat et l’intérêt de l’enfant
Le fait pour un animateur, de faire rire les téléspectateurs au dépens d’une petite fille, ne peut que susciter la colère et l’indignation, outre le fait que ce soit une atteinte flagrante aux droits de l’enfant.
C’est ce qui s’est passé dernièrement dans une émission sur une de nos chaînes de télévision, Attasiâa pour ne pas la nommer. Il s’agit d’une émission destinée à faire rire, comme son nom l’indique « Edhak maana ». Parmi les numéros, il y avait celui du détecteur de mensonges. Celui-ci a « révélé », tel que l’a annoncé l’animateur, cyniquement, que la mère présente avec la fillette, n’était pas, soi disant sa vraie mère. Une plaisanterie de mauvais goût, et pas simplement, car cela a influé négativement sur la fillette innocente, qui a éclaté en sanglot.
L’animateur a excipé du fait que la mère était consentante.
Non monsieur l’animateur, ce n’est pas une excuse, car, il en va de votre propre responsabilité, , s’agissant d’une mineure, dont la mère consentante est fautive, car par son attitude elle aussi, porte atteinte aux droits de sa fillette.
Cela pourrait lui causer un choc pour le reste de sa vie.
Le délégué de l’enfance prendra-t-il les mesures qui s’imposent en l’occurrence ?
En effet, la délégation de l’enfance a qualité d’agir par tous les moyens dans l’intérêt de l’enfant et de la protection de ses droits d’une manière générale.
Mr Mehiar, a bien voulu faire part au Temps de son indignation pour de telles émissions qui ne respectent pas l’enfant et a promis de faire le suivi qui s’impose dans cette affaire. Surtout que la Haïca a infligé une amende de 10 mille dinars à la chaîne Attessia, avec l’arrêt de diffusion de la rubrique « L’inspecteur Bilel » de l’émission « Edhak Maâna », durant deux semaines.
Il ya également le procureur de la République qui peut ordonner une enquête afin de déterminer les responsabilités de toutes les protagonistes de cette désolante affaire, y compris la mère, s’il s’avère qu’elle était consentante à soumettre sa fille a une telle pression psychologique, en éclatant en sanglots ….. sous les rires de l’animateur et du public !