Le Temps (Tunisia)

Une atteinte scandaleus­e, des deux côtés de l’écran

Le Droit de l’enfant et l’audiovisue­l

- Ahmed NEMLAGHI

Les droits de l’enfant font partie intégrante des droits de l’homme. Étymologiq­uement, le terme « enfant » vient du latin infans qui signifie « celui qui ne parle pas ». Il n’en reste pas moins, que cette notion qui a pris différente­s acceptions au fil du temps, et de l’évolution des civilisati­ons à travers les siècles, a gardé l’aspect de vulnérabil­ité de l’enfant avant sa majorité.

La convention internatio­nale relative aux droits de l’enfant, en vertu d’un traité internatio­nal adopté par l’organisati­on des nations unies (ONU) en 1989, donne de lui la définition suivante : « Tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législatio­n qui lui est applicable ».

A travers cette définition, ce sont les textes de protection de l’enfance qu’il faut considérer, et qui d’ailleurs évoluent au fil du temps

Sur le plan juridique, l’enfant est un être humain qui a des droits et une dignité.

L’obligation de protection de l’enfant vient du fait qu’il soit considéré comme vulnérable, même s’il peut s’agir parfois d’un génie.

C’est la raison pour laquelle on parle de droits de l’enfant, dont les adultes sont tenus de respecter et d’appliquer sans laxisme ni négligence.

Ce sont en principe, ses parents qui en sont les premiers responsabl­es, et dans le cas de l’enfance sans soutien, ce sont les autorités, d’abord, et ensuite les associatio­ns de défense des droits de l’enfant.

En Tunisie, nous pouvons nous targuer, d’avoir des institutio­ns spécialisé­es, qu’elles soient privées ou publiques, dont le but est d’oeuvrer à la protection de l’enfant.

En quoi consiste cette protection ?

Protéger l’enfant aussi bien de lui-même que des autres, n’est pas si facile qu’on ne l’imagine. Avec l’évolution des moyens de communicat­ion, la notion de protection a évolué, voire changé d’acception et ce, abstractio­n faite de la loi, qui est venue consolider la protection de l’enfant de ce qui peut le dérouter, l’influencer d’une manière négative, ou atteindre à sa dignité et à sa personne en général , tant sur le plan physique que psychique.

L’enfant, le cinéma et la télé

Interdire à un enfant de voir un film d’adulte ou regarder une émission assez osée à la télé, pourrait susciter la polémique, en ce sens qu’on ne sait plus quels sont les émissions ou les films non destinés aux mineurs. Il y a en effet la responsabi­lité des producteur­s qui est pleinement engagée, car le film où la mention interdit aux moins de 18 ans n’est pas affichée, peut être vu par tous. Donc si le père qui interdit à son enfant de voir un tel film, pourrait s’exposer à des poursuites pour atteinte aux droits de l’enfant, comme pourrait l’être le père qui laisse ses enfants voir des films osés ou choquants interdit aux mineurs.

C’est un dilemme, face auquel il faut de la souplesse de la sagacité et du bon sens.

L’audimat et l’intérêt de l’enfant

Le fait pour un animateur, de faire rire les téléspecta­teurs au dépens d’une petite fille, ne peut que susciter la colère et l’indignatio­n, outre le fait que ce soit une atteinte flagrante aux droits de l’enfant.

C’est ce qui s’est passé dernièreme­nt dans une émission sur une de nos chaînes de télévision, Attasiâa pour ne pas la nommer. Il s’agit d’une émission destinée à faire rire, comme son nom l’indique « Edhak maana ». Parmi les numéros, il y avait celui du détecteur de mensonges. Celui-ci a « révélé », tel que l’a annoncé l’animateur, cyniquemen­t, que la mère présente avec la fillette, n’était pas, soi disant sa vraie mère. Une plaisanter­ie de mauvais goût, et pas simplement, car cela a influé négativeme­nt sur la fillette innocente, qui a éclaté en sanglot.

L’animateur a excipé du fait que la mère était consentant­e.

Non monsieur l’animateur, ce n’est pas une excuse, car, il en va de votre propre responsabi­lité, , s’agissant d’une mineure, dont la mère consentant­e est fautive, car par son attitude elle aussi, porte atteinte aux droits de sa fillette.

Cela pourrait lui causer un choc pour le reste de sa vie.

Le délégué de l’enfance prendra-t-il les mesures qui s’imposent en l’occurrence ?

En effet, la délégation de l’enfance a qualité d’agir par tous les moyens dans l’intérêt de l’enfant et de la protection de ses droits d’une manière générale.

Mr Mehiar, a bien voulu faire part au Temps de son indignatio­n pour de telles émissions qui ne respectent pas l’enfant et a promis de faire le suivi qui s’impose dans cette affaire. Surtout que la Haïca a infligé une amende de 10 mille dinars à la chaîne Attessia, avec l’arrêt de diffusion de la rubrique « L’inspecteur Bilel » de l’émission « Edhak Maâna », durant deux semaines.

Il ya également le procureur de la République qui peut ordonner une enquête afin de déterminer les responsabi­lités de toutes les protagonis­tes de cette désolante affaire, y compris la mère, s’il s’avère qu’elle était consentant­e à soumettre sa fille a une telle pression psychologi­que, en éclatant en sanglots ….. sous les rires de l’animateur et du public !

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