Le Temps (Tunisia)

Belaïd avait raison…

Ressources hydrauliqu­es

- Samia HARRAR

C’est bien pour ça qu’il a été assassiné. C’est bien pour ça qu’il a été ciblé. C’est bien pour ça qu’il n’a pas été oublié. Non plus…

Six ans après, les commandita­ires de son assassinat pourtant, courent toujours. Ou plutôt ils ne courent pas : ils font du surplace, douillette­ment dans le confort de leurs charentais­es, certains qu’en guise de monnaie d’échange, leur argument est roi. « Je te tiens, tu me tiens par la barbichett­e », et ainsi va le monde, jusqu’à plus soif. Jusqu’à plus soif ? Ce n’est pas si sûr. Ce qui était valable hier, ne l’est plus aujourd’hui, et ne le sera plus demain sans doute, lorsque viendra le moment de solder des comptes, et que la valeur de la monnaie d’échange sera caduque. Car, ils peuvent plastronne­r dans leurs habits nouveaux, qui ne feront pas illusion plus longtemps, si jamais ils ont fait illusion, mais quand sonnera l’heure, et m’est avis que ça ne tardera pas, ils devront payer.

Chokri Belaïd n’est pas tombé pour rien, Mohamed Brahmi n’est pas tombé pour rien, et tous nos martyrs. Ceux d’une deuxième République entachée de sang. Et qui aura ouvert la porte, avec un vent nouveau de liberté, à une horde de terroriste­s, sans foi ni loi, qui, sous couvert de religion, aura entraîné le pays d’un dérapage à l’autre, tout en faisant mine de ne pas y toucher, avec la bénédictio­n de certains ayants droits, lesquels ont choisi de fermer les yeux dans l’objectif d’avoir les coudées franches pour manoeuvrer sur un autre front : celui du pouvoir, plutôt que d’assumer, droit dans leurs bottes, les charges qui leur sont inhérentes et qui se résument à un crédo très simple : la patrie avant les partis. Et avant le pouvoir. Lequel ne donne pas un blanc-seing d’immortalit­é. Ce qu’ils semblent avoir oublié dans la foulée. Par contre, nous n’oublierons pas Belaïd, nous n’oublierons pas nos martyrs, et la République ne restera plus, pour longtemps, otage d’une confrérie d’assassins patentés, qui violent les enfants et les torturent, avant de les envoyer se faire exploser, ou servir de chair à canons, avec la satisfacti­on du devoir accompli…

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