La pépinière du mal
Odieuse et scandaleuse qu’a été cette affaire d’une école coranique à Regueb, dont les victimes sont des enfants mineurs, qui vivaient dans des conditions lamentables et qui ont subi des maltraitances et des viols sous la couverte de l’enseignement du Coran, dénaturé et détourné de ses nobles objectifs.
Mais finalement, à quelque chose malheur est bon. En effet, cette affaire a permis de révéler encore une fois les intentions malveillantes de cette secte, car c’est son vrai nom, qui utilise depuis des années, et plus exactement depuis la montée des extrémistes et le retour du terrorisme après la révolution, des leurres sous des aspects divers, pour un but bien précis, l’embrigadement et l’endoctrinement des jeunes et des moins jeunes en vue de les envoyer en Syrie, pour tuer et se faire exploser. Ils sont de ce fait préparés physiquement et psychologiquement, pour retrouver les houris et les nectars du Paradis.
Géniale était donc l’idée d’ouvrir une école coranique prête à recevoir des enfants en bas âge en vue de les former à un âge où ils sont plus malléables. Dormir à plusieurs dans une même chambre, entassés les uns sur les autre, se contenter d’une nourriture modérée, frugale, ou manger des fois du rassis, rester sans se laver pendant plusieurs jours, cela contribue à les préparer pour les temps difficiles et les rendre stoïques. Flageller ceux qui n’ont pas appris leurs Sourates, ou ceux qui refusent de composer, ne peut que mieux les former.
Mais pour des gosses mineurs, cela ne peut que détériorer leur santé. Outre les exactions qu’ils peuvent subir, telles que le viol ou des tortures plus graves pour les récalcitrants, afin de réintégrer le chemin qu’ils leur ont choisi.
Voilà le tableau sombre, triste et écoeurant qu’on pu brosser les enquêteurs qui se sont dépêchés sur les lieux, à savoir les unités sécuritaires, accompagnées par le délégué général de la protection de l’enfance et cinq psychologues, et qui ont trouvé 42 enfants âgés entre 10 et 18 ans ainsi que 27 adultes âgés entre 18 et 35 ans qui résident ensemble dans le même internat sans les moindres conditions de sécurité et d’hygiène. Selon les premiers éléments de l’enquête, ces gosses qui ont interrompu leurs études, ont été en quelque sorte réquisitionnés par le directeur de cette institution, pour être victimes de maltraitance et d’exploitation dans les travaux agricoles et de bâtiment, ce, outre le fait que, selon le ministère de l’intérieur, on leur inculque des idées et des pratiques extrémistes.
En fait ce n’est pas étonnant, quand le directeur de cette école est sujet de soupçons de terrorisme, étant de formation afghane, arrivé subitement à Régueb comme s’il était chargé de mission spéciale, et a bénéficié d’un important appui financier. Ce qui est étonnant par contre c’est l’attitude des responsables et des autorités qui semblent tombés des nues, après avoir découvert cette pépinière du terrorisme, tels que la ministre de la femme, la présidente de l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes, qui a confirmé entre autres dans une conférence de presse « qu’outre le viol et la maltraitance des enfants trouvés dans ladite école coranique de Régueb, les enfants étaient forcés de consommer des aliments avariés pour soidisant renforcer leur immunité ou « lutter contre soi ».ajoutant en outre que « ces enfants ont été embrigadés et étaient soumis à des entrainements terroristes ».
Manque de suivi et détournement de la loi
Mais que faisaient les autorités, dont le ministère de la famille, celui des affaires sociales, les délégations de l’enfance dans la région ainsi que l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes ? il y a malheureusement un déficit de suivi. Car cette école a été une fois interdite, pour non-respect des conditions requises par la loi. Mais plus tard le directeur de cette école a usé de ses multiples entourloupettes pour rouvrir cette école dans la même ville et passer aux oubliettes. Il a en quelque sorte supplanté les autorités pour recommencer à faire marcher sa « pépinière » dans des conditions de plus en plus atroces. Encore une fois il a échappé au contrôle et au suivi
Les parents pénalement responsables
Le plus désolant est que les parents de ces pauvres enfants soutiennent mordicus que leurs enfants sont en de bonnes mains et se rangent du côté du gourou. Ils sont allés manifester devant l’école en lançant entre autre slogans « rendez-nous nos enfants, nous avons confiance en Farouk !». En attendant, Farouk, le directeur de l’établissement suspect a été mis en détention, et les enfants pris en charge par les délégations de l’enfance.
Ces parents qui exigent à récupérer leurs enfants ne sont-ils pas les premiers responsables ? En allant manifester devant l’école, pourraient être les complices passifs, de traite de la personne, exploitation économique d’enfants et violence outre la suspicion d’appartenir à une organisation terroriste, infractions dont a été inculpé l’auteur le gourou, directeur de l’école coranique. Mais accordons-leur le préjugé favorable, en supposant qu’ils soient manipulés par le gourou, qui n’est pas à une manigance près.
Drôle d’histoire, qui incite à réfléchir sur le sort de nos enfants dont nous sommes tous responsables.
Il est souhaitable que cette question d’écoles coraniques soit revue d’une manière plus rigoureuse et plus efficace, tant de la part des autorités que des ONG et tous les parties prenantes de la société civile.
Il y va de l’avenir de nos enfants dont dépend celui du pays.