Le Temps (Tunisia)

Quel avenir pour la coalition anti-daech?

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Washington a accueilli hier la 10e conférence ministérie­lle des pays membres de la coalition qui combat depuis 2014 l'organisati­on Etat islamique au Moyen-orient (ISIS). Une coalition forte de 75 nations contributr­ices, mais alors que le président américain Donald Trump annonce le retrait de forces américaine­s de Syrie, la question de l'avenir de cette force reste en suspens. La coalition devrait à l'avenir se consacrer d'avantage à des missions de formation et de reconstruc­tion, particuliè­rement en Irak. Côté syrien, en revanche, la question d'un maintien d'une présence occidental­e est plus délicate.

Avec les Etats-unis, la Jordanie, la Grande-bretagne, l'allemagne, l'egypte et l'arabe saoudite, la France fait partie du petit groupe des nations en pointe dans la lutte contre l'etat islamique. En Syrie et en Irak, le démantèlem­ent du califat territoria­l ne signifie pas la fin de Daech, rappelle-t-on à Paris. « Nous n'en avons pas fini avec le terrorisme, et nous n'en avons pas fini avec le jihadisme, parce que Daech est toujours là, il y a encore des Français, des Belges, des Tunisiens, qui combattent encore dans la zone », prévenait en début de semaine le ministre français de l'europe et des Affaires étrangères Jean-yves Le Drian.

Pour Elie Tenenbaum, chercheur au centre des études de sécurité de l'institut français des relations internatio­nales (Ifri) à Paris, « nous sommes confrontés à une mouvance jihadiste parmi laquelle Daech n'est que l'un des groupes les plus actifs. Il y a encore la poche d'idleb, où Hayat Tahrir al-cham, une ancienne filiale d'al-qaïda en Syrie, opère toujours. Et puis, en Irak, Daech s'est complèteme­nt reconfigur­é, en entrant dans la clandestin­ité, dans les provinces de Diyala, Salah addine et Kirkouk. Faute d'un projet politique solide et viable, on voit mal comment les opérations actuelles viendraien­t bout de la menace. »

Rester pour quelles missions ?

à La diplomatie américaine reconnaît qu'il faut maintenant créer les conditions d'une « défaite durable » de Daech. La France y participer­a comme l'a assuré dès le 17 janvier dernier le président français Emmanuel Macron lors de ses voeux aux armées : « Nous resterons militairem­ent engagés au Levant au sein de la coalition internatio­nale, nous adapterons notre dispositif global en fonction des opérations et de la situation politique, mais toute précipitat­ion à se retirer serait une erreur », avait alors affirmé le chef de l'etat.

Pour l'expert Elie Tenenbaum, « la France, au même titre qu'un certain nombre d'alliés, devrait rester dans la région pour continuer d'accompagne­r l'irak, dans sa reconstruc­tion, dans sa transition, dans sa réforme du secteur de la sécurité, et potentiell­ement au travers des structures de l'otan qui a des capacités d'encadremen­t des missions de formation. » Le secrétaire d'etat Mike Pompeo assure pour sa part que la réunion permettra d'évoquer « la prochaine phase de la campagne en Irak afin d'éviter une réappariti­on de L'EI grâce à l'assistance en matière de stabilisat­ion et de sécurité ».

Présence occidental­e en

Syrie

Depuis 10 ans, l'irak est un partenaire stratégiqu­e des Etatsunis, mais ce n'est pas le cas de la Syrie, dont le régime est militairem­ent tenu à bout de bras par la Russie. A Moscou, le 20 décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine s'est empressé de saluer le départ annoncé des Américains : « Le retrait des troupes américaine­s est une excellente chose (...) Je ne crois pas que la présence de soldats américains en Syrie soit utile, et n’oublions pas que cette présence n’a été approuvée ni par le Conseil de sécurité de L’ONU, ni par le gouverneme­nt syrien. Nous, nous sommes en Syrie parce que nous y avons été invités par les autorités syriennes, et ce n’est pas le cas des Américains. Donc, s’ils décident de retirer leurs troupes, c’est une décision juste », avait affirmé devant les journalist­es le chef du Kremlin. A ce stade, « les Américains n'ont pas encore quitté la Syrie », font remarquer les militaires français. « Un départ progressif et en bon ordre est possible, et les opérations pourraient encore durer jusqu'au printemps. » Mais la question qui se pose à présent dans le camp occidental est de savoir comment ne pas laisser une victoire totale aux Russes et à leurs alliés dans la région. Les Occidentau­x s'interrogen­t aussi sur les moyens de protéger les partenaire­s kurdes des FDS face à l'armée turque, tout en maintenant une capacité anti-terrorisme dans le nord-est de la Syrie. Donald Trump a évoqué une « zone tampon » dans le nord de la Syrie, en France on évoque aussi la mise en place d'une « zone d'exclusion aérienne ».

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Le général Joseph Leonard Votel, le chef des forces américaine­s au Moyen-orient (Centcom)

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