La mer fait des dégâts!
Environnement
Les maisons de Chatt Meriem à Sousse et celle d'el Kraia à Monastir ont été envahies mardi par des vagues déferlantes. Les escaliers menant à El Kraia se sont effondrées à Monastir. Un signal de détresse a été lancé à l’endroit par les habitants. "Je n'ai jamais vu des vagues aussi importantes" indique un habitant. Les choses se sont envenimées rapidement puisque la houle de la mer est passée au-dessus de la barre du mètre. La désolation se lisait sur le visage de certains riverains qui ne savent plus où donner de la tête. Le littoral a payé un lourd tribut à la tempête.
Ce littoral est menacé. Il suffit d’un petit tour le long de ses plages pour s’en persuader. "Tant qu'il y aura des gens qui construisent sur la dune bordière, il y aura toujours des dégâts. Croyez-moi, nous ne cessons de sensibiliser les élus locaux sur cet épineux problème", confie sans ambages notre interlocuteur. Les spécialistes tirent à nouveau la sonnette d’alarme. La mer monte, grignote sur le littoral, bien aidée par l’action des hommes. Il y a donc urgence et on doit se préparer... au pire.
Ce phénomène, naturel à l’origine, n’est pas récent. Dr Salem Sahli, secrétaire général de l'association d'éducation relative à l'environnement, en témoigne. «C’est un milieu naturel fragile, original mais qui est menacé par les actions de l’homme », dit-t-il. Et de préciser : «, il y a un code d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Cette réglementation n’est pas toujours respectée notamment, pour le domaine public maritime où on doit interdire de bâtir, mais il y a parfois des dérogations. Le danger est présent car si on construit trop près de la mer, on empêche la circulation du sable et on va appauvrir la plage et compte-tenu des changements climatiques, on peut avoir des bâtiments tout près de la mer qui, un jour ou l’autre, vont être détruits par la mer.
100 km menacés par l'érosion maritime
100 km de nos côtes et plages sont menacés par l'érosion maritime. Parmi ces zones, la baie de Monastir qui est située en face d’une zone qui connaît une urbanisation accrue avec le développement économique du secteur industriel. Elle est soumise à une évolution permanente induite par des facteurs naturels d’une part et par l’influence des activités anthropiques d’autre part. La dégradation de la frange littorale (lagune de Monastir, Khénis, Ksibet Mediouni, Lamta et Sayada) serait principalement en relation avec les fortes accumulations de matières organiques dans un milieu à faible hydrodynamisme et, comme l'a confirmé Dr Sahli, "Les littoraux sont un patrimoine dont l’existence est menacée par la nature et l’homme. Les multiples risques qui menacent et menaceront dans l’avenir l’espace littoral sont dus, pour la plupart d’entre eux, à la mauvaise gestion de cet espace combien exigu, fragile et mouvant. Le bilan sédimentaire de la plupart des plages, jadis excédentaire, accuse aujourd’hui un déficit. Des mesures d’urgence doivent être prises les années à venir pour protéger ce qui reste encore à protéger du littoral. Il est temps de libérer nos plages de ces constructions anarchiques » souligne le secrétaire général de l’association de l’éducation relative à l'environnement.
Pour toute défense contre l’érosion, il est donc plus efficace de se tourner vers des ouvrages de souples qui travaillent en harmonie avec les dynamiques naturelles en jeu et ont ainsi un moindre impact sur le littoral, plutôt que d’utiliser des ouvrages de défense rigides qui tendent à réprimer ou freiner les processus côtiers. La sauvegarde de nos côtes est urgente, sinon nous risquons de nous priver de nos belles plages