Le Temps (Tunisia)

Un acte XIII en ordre dispersé

Rassemblem­ents des «gilets jaunes»

- Cortèges dispersés

Après presque trois mois de contestati­on, les « gilets jaunes », pour leur acte XIII, ont à nouveau manifester dans toute la France, hier. Mais la mobilisati­on semble refluer, entre rassemblem­ents multiples à l'ampleur incertaine et querelles autour d'éventuelle­s récupérati­ons politiques. L'acte XII des «gilets jaunes» a montré, hier, un reflux de la mobilisati­on : 58 600 personnes ont manifesté dans toute la France ce jour-là, un chiffre cependant contesté par le mouvement, qui a revendiqué un « nombre jaune » de 116 000 manifestan­ts. Dédiée à un hommage aux personnes blessées depuis le début de la contestati­on, cette journée a néanmoins permis aux « gilets jaunes » de retrouver une unité en se rassemblan­t - majoritair­ement à Paris - malgré les divergence­s existant au sein de ce mouvement horizontal et hétéroclit­e.

Hier, pour l'acte XIII, les cortèges devaient cette fois être nettement plus dispersés sur tout le territoire. À Paris, une manifestat­ion au départ de la place de l'étoile devait normalemen­t débuter vers 10h30 et trois rassemblem­ents ont également été déclarés, relayés par le chauffeur-routier Éric Drouet, une des principale­s figures du mouvement. Cependant, « la particular­ité, de cette journée est un retour au principe de non-déclaratio­n des manifestat­ions », selon la préfecture de police, pour qui « des rassemblem­ents et cortèges informels ne sont pas à exclure ».

En région, Bordeaux et Toulouse, pôles contestata­ires importants depuis plusieurs

Un officier de police en marge d'une manifestat­ion du mouvement des «gilets jaunes» à Angers

semaines, souvent avec des heurts, prévoyaien­t un rassemblem­ent. Diverses manifestat­ions et actions sont également programmée­s dans d'autres cités : Montpellie­r, Lille, Nantes, Rennes, Brest, Caen, Lorient... Une fragmentat­ion qui illustre les tirailleme­nts au sein des « gilets jaunes ». D'un côté, certains souhaitent faire prospérer la colère sociale, quitte à remiser leur méfiance des syndicats pour manifester main dans la main avec la CGT : une première le 5 février qui a rassemblé 137 200 personnes en France selon l'intérieur - plus que lors des dix derniers actes des « gilets jaunes ».

De l'autre, nombre d'entre eux voulaient éviter à tout prix une récupérati­on politique, au moment où Rome multiplie les encouragem­ents au mouvement dans la perspectiv­e des élections européenne­s. Ainsi, Luigi Di Magio, chef de file du Mouvement cinq étoiles et numéro deux du gouverneme­nt italien, a semé la zizanie en rencontran­t Christophe Chalençon - une figure controvers­ée qui a appelé à installer un ancien militaire au pouvoir - et d'autres membres d'une liste de « gilets jaunes » montée pour ces élections. Une rencontre impromptue, organisée à l'insu de la tête de liste, Ingrid Levavasseu­r, et qui a provoqué une crise diplomatiq­ue historique entre l'italie et la France. Afin de protester contre

Un mouvement « apolitique » ?

toute instrument­alisation, Maxime Nicolle, autre figure historique des « gilets jaunes », s'est déplacé dès vendredi à la frontière italienne pour répéter que le mouvement « n'a pas de leader » et « est apolitique ».

Il comptait rester hier dans la région de Nice pour un rassemblem­ent sur place, qui espère fédérer la région Provence-alpes-côtes-d'azur. Aux yeux de l'opinion, le mouvement des « gilets jaunes » semble toujours pertinent : selon un sondage Yougov diffusé jeudi, près de deux Français sur trois (64%) continuent de « soutenir » leur mouvement, soit deux points de plus en un mois, et 77% (+3) jugent leur mobilisati­on justifiée.

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