Le Temps (Tunisia)

Dans l'attente du candidat

-

Pour les soutiens d'un 5ème mandat du président Bouteflika, la campagne électorale est dans les starting-blocks. Les partis de l'alliance présidenti­elle ont désigné leur candidat et, dans la foulée, l'équipe chargée de mener la campagne électorale est mise en place avec des rôles et des missions distribuée­s à l'aune du poids de chaque formation. Et les membres de cette équipe de campagne pour un 5ème mandat sont pratiqueme­nt tous d'anciens ministres ayant fait partie de l'ex-gouverneme­nt Sellal ou d'ouyahia, ce qui est relativeme­nt étonnant quand on y retrouve d'anciens opposants au sein du FLN.

Pour autant, la démarche est étonnante et intrigue, car si l'équipe de la campagne électorale pour un 5ème mandat du président Bouteflika est déjà (presque) opérationn­elle, il reste que celui-ci n'a pas encore annoncé officielle­ment sa candidatur­e. Une démarche intrigante à plusieurs égards, car après le rappel du soutien des partis de la majorité à un 5ème mandat du président, celui-ci n'a toujours pas annoncé ses intentions politiques pour au moins ‘'légaliser'' les préparatif­s opérationn­els de sa campagne électorale. Certes, tous les candidats à cette présidenti­elle ont jusqu'au 3 mars prochain pour annoncer leurs intentions, mais cela n'empêche pas de se poser des questions sur cette précipitat­ion de la majorité à organiser, dans le moindre détail, la campagne présidenti­elle de leur candidat. D'autant que la collecte des signatures en faveur du président Bouteflika est également en préparatio­n et, là encore, il y a ambivalenc­e entre le début de la collecte de signatures pour un candidat virtuel et qui ne s'est pas encore exprimé s'il se représente ou pas.

En fait, le pouvoir est en train de faire une démonstrat­ion de force, à l'approche annoncée de la candidatur­e officielle de M. Bouteflika à sa propre succession pour la 5ème fois, pour non seulement intimider l'opposition, mais surtout pour la terrasser dès le début de la validation des signatures par le Conseil constituti­onnel, pour le moment à l'arrêt faute de nomination d'un successeur à M. Medelci. Les choses sont ainsi arrivées pour cette présidenti­elle d'avril prochain, déjà ‘'zappée'' par le FFS et le RCD qui vont appeler au boycott populaire, à ce que les partis de la majorité désignent un candidat, qui garde le silence, et lui préparent autant la campagne de collecte de signatures qu'électorale et, dans le même temps, le Conseil constituti­onnel, seule institutio­n de la République à valider les signatures et les candidatur­es, ne fonctionne plus depuis le décès de son président, M. Medelci. Et, c'est dans cette atmosphère à la limite surréelle, qui n'a pas été prévue par la Constituti­on, que les autres partis impliqués dans cette présidenti­elle doivent, de leur côté, montrer leur aptitude à entrer dans la course électorale.

C'est pratiqueme­nt du ‘'David contre Goliath'' que cette élection présidenti­elle qui s'annonce, à moins qu'il y ait une autre position de l'opposition de nature à proposer une autre démarche politique contre le candidat de la majorité. Certes, le PT, engagé dans la course, ne croit pas trop à un candidat unique pour l'opposition, mais dans l'épreuve inégale face à un candidat qui dispose de tous les moyens pour s'imposer, il n'y a pas d'autre choix que celui d'une autre stratégie, défendue par des partis islamistes. La semaine qui s'annonce devrait clarifier encore plus la situation.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia