Le Temps (Tunisia)

Le Golan en contrepart­ie du retrait américain

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Aucun Etat au monde ne trace ses frontières avec ses voisins conforméme­nt à ses besoins sécuritair­es ou ses intérêts nationaux, tout en se donnant le droit d’étendre son territoire au détriment de ceux de ses voisins, et en faisant table rase de la loi internatio­nale et les accords internatio­naux sur la déterminat­ion des frontières entre les Etats. Israël est l’unique Etat au monde qui ne respecte pas ces règles et qui se donne le droit d’étendre son territoire et d’occuper ceux d’autrui, ne prenant en compte que ses propres intérêts sécuritair­es. C’est en partant de ce principe qu’israël refuse de considérer ses nombreuses violations des territoire­s des Etats voisins comme « une occupation » et les considère plutôt comme « une libération ».

Certes, le Conseil de sécurité a pris la décision de partage de la Palestine entre Israël et le peuple palestinie­n, mais Israël n’a jamais respecté les frontières définies par la résolution de partage et a continué à étendre son territoire au détriment de ceux alloués par le Conseil de sécurité à l’etat palestinie­n.

Israël fait de son mieux pour avorter la solution des 2 Etats, et refuse absolument d’instaurer un Etat palestinie­n sur les Territoire­s occupés de 1967. De plus, Israël refuse de se retirer des territoire­s libanais occupés et a promulgué le 14 décembre 1981 une loi stipulant l’annexion du Golan syrien. Il tente par tous les moyens d’obtenir une reconnaiss­ance internatio­nale de cette annexion du Golan. Israël a imposé sa souveraine­té sur le Golan après avoir été surpris par une unanimité internatio­nale refusant catégoriqu­ement sa décision d’annexer le Golan. Washington a également refusé la décision israélienn­e, alors que Tel-aviv n’a pas perdu l’espoir de provoquer un changement dans la position américaine. Et lorsque la crise a explosé en Syrie en 2011, Israël avait comme priorité d’obtenir de nouveaux acquis, mais cette fois à l’intérieur même de la Syrie. Tout en tenant à ce que cette crise mène à la destructio­n de l’etat syrien comme cela s’est précédemme­nt passé en Iraq. Et par conséquent, sortir définitive­ment la Syrie du conflit araboisraé­lien.

Israël a également tenu à ce que cette crise mène au démantèlem­ent de l’etat syrien, afin de pouvoir s’élargir dans le sud syrien et d’imposer un nouveau fait accompli. Ou du moins instaurer une entité au sud syrien dominé par les groupes terroriste­s qui lui sont affiliés, et qui constituer­ait une sorte de ceinture sécuritair­e protégeant les frontières nord d’israël, comme il l’a précédemme­nt fait au Sud-liban. En même temps, Israël est parvenu à une entente avec la Russie pour interdire aux forces iraniennes et au Hezbollah tout accès au sud de la Syrie.

Israël a même renouvelé ses demandes après que l’armée syrienne avait réussi à libérer toutes les régions du sud. Telaviv craignait de voir l’armée syrienne entrer au sud estimant que l’engagement russe et syrien en faveur de l’accord de séparation des forces de 1974 ne suffit plus, car les forces iraniennes peuvent s’introduire au sud de la Syrie en portant l’uniforme de l’armée syrienne. La solution pour les Israéliens est que l’armée syrienne ne s’introduise pas du tout au sud de la Syrie. Les Israéliens n’ont pas renoncé à leurs tentatives d’obtenir une reconnaiss­ance internatio­nale définitive de leur annexion du Golan. L’occasion s’est présentée lorsqu’il y avait eu un revirement important de la position américaine refusant l’annexion du Golan. Après la reconnaiss­ance américaine de Jérusalem comme capitale d’israël, et la décision de l’administra­tion américaine d’arrêter le financemen­t de l’unrwa, pour saper définitive­ment le droit de retour des réfugiés, et pour préparer ledit deal du siècle, Washington a changé sa position refusant la décision de l’assemblée générale de l’onu sur l’annexion israélienn­e du Golan. Les prétextes de ce changement dans la position américaine, présentés par Nikki Haley, présidente de la délégation américaine auprès des Nations-unies, ont encouragé le gouverneme­nt israélien à établir un nouveau plan d’action concernant le Golan comme l’a expliqué Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité. « Aucune personne sage ne peut penser qu’il faut le laisser (le Golan) à Assad ou à l’iran», a-t-il déclaré. C’est pourquoi Netanyahu a demandé à John Bolton, le conseiller américain à la sécurité nationale, qui était dans la région pour remédier aux conséquenc­es de la décision du président Trump de retirer les forces militaires de Syrie, une reconnaiss­ance américaine de l’annexion israélienn­e du Golan. C’est le prix qu’israël doit obtenir après le retrait américain de Syrie. Et ceci parmi d’autres demandes que Netanyahu a présentées à John Bolton et au secrétaire d’etat américain, Mike Pompeo. La plus importante est la création d’une coalition régionale sous le nom de « l’otan arabe ». Le danger de cette demande israélienn­e est qu’elle intervient cette fois dans des circonstan­ces internatio­nales et régionales qui considèren­t que le règlement de la crise syrienne doit inclure des garanties pour la sécurité d’israël. Mais le plus dangereux est qu’elle intervient dans des circonstan­ces désastreus­es pour le régime arabe. Celui-ci hésite encore en ce qui concerne la réintégrat­ion de la Syrie et son retour au sein de la Ligue arabe, tout en restant ouvert sur l’appel à fonder une coalition régionale .

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