Le Temps (Tunisia)

Complices indécision­s

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Faut-il s'inquiéter des attitudes ostentatoi­res et provocante­s des soutiens à la candidatur­e du président Bouteflika au scrutin du 18 avril prochain ou de celles, ambiguës, de l'opposition qui n'arrive plus à parler d'une même voix ? Sans doute dans les deux cas. En fait, l'entrée dans la course à la prochaine élection présidenti­elle de M. Abdelaziz Bouteflika n'était pas une surprise pour ceux qui ne s'attendaien­t pas à ce que le pouvoir change de candidat. Mieux, avec sa candidatur­e à ce scrutin, le président Bouteflika montre à tous, opposition comme partisans et, au-delà, à l'opinion internatio­nale, qu'il n'a jamais été dans ses intentions de partir au bout d'un ou deux mandats.

Il est là et il est parti cette fois encore, pour ses soutiens dans les milieux politiques, syndicaux et des organisati­ons de masse, pour rester. Même si cette situation est politiquem­ent dramatique pour l'opposition et tous ceux qui réclamaien­t un peu trop naïvement l'alternance au pouvoir sans vraiment faire l'effort d'aller la chercher dans le combat politique et démocratiq­ue de tous les jours. De provoquer la rupture tant revendiqué­e ici et là, mais sans jamais être vraiment voulue, tant l'opposition reste divisée, écartelée entre des idéologies souvent dépassées et des objectifs incompatib­les.

En Algérie, il y a ce que l'on peut appeler l'opposition au sein de l'opposition, sans que cela soit de droite, du centre ou de la gauche, car on peut mettre dans le même moule de l'opposition au pouvoir les partis islamistes, qu'ils soient modérés ou pas, là n'est pas la question, les partis dits de gauche qui se revendique­nt de la démocratie et des droits de l'homme, les partis «historique­s» car se référant à l'histoire de la révolution et les partis faire-valoir. Et dans cette situation pour le moins étrange, il se trouve que les partis qui se réclamant de la défense de la démocratie et des droits de l'homme, pour une Algérie plurielle, moderne et vivant dans son temps, de l'alternance au pouvoir sont ceux qui ont appelé au boycott de cette présidenti­elle. Dans l'autre camp de cette même opposition, il y a des partis dits «islamistes» qui, eux, appellent au contraire à aller au combat électoral avec en bandoulièr­e un seul candidat unique de toute l'opposition à faire entrer dans la course à la présidenti­elle contre le candidat du pouvoir.

Et c'est dans cette atmosphère de sinistrose pour une opposition malheureus­ement éclatée que des bruits avant-coureurs annoncent que l'entrée en lice du candidat du pouvoir va fatalement provoquer un boycott massif de l'opposition. Une attitude politique tout à fait angélique, sinon naïve, de l'opposition qui refuse toujours de prendre ses responsabi­lités pour aller affronter sur le terrain la dure réalité de l'urne et la puissance de l'isoloir, dès lors que le pouvoir commence à «montrer ses muscles» avec cette annonce du président d'une organisati­on de masse qui promet au candidat de la majorité 5,4 millions de voix le jour du scrutin. Ou cette autre annonce du retrait de deux millions de formulaire­s de candidatur­e à la présidenti­elle pour le candidat Abdelaziz Bouteflika. Dès lors, la question est moins de savoir pourquoi l'opposition à chaque élection présidenti­elle se met volontaire­ment hors jeu, mais pourquoi elle s'acharne à se ridiculise­r.

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