Le Temps (Tunisia)

Al Sissi se retire de la stratégie contre l'iran

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L’egypte a annoncé sa décision aux Etats-unis et à d’autres participan­ts au projet d'alliance pour la sécurité du Moyen-orient, ou MESA, avant une réunion qui doit se tenir le 14 avril 2019 à Ryad, en Arabie Saoudite, a révélé une source proche de la décision à l’agence Reuters.

L’egypte doute du sérieux de l’initiative américaine

Le Caire n’avait déjà pas envoyé de délégation à la dernière réunion ayant pour but de faire avancer l’effort mené par les Etats-unis pour intégrer leurs alliés arabes sunnites à un pacte de sécurité, politique et économique visant à contrer l’iran chiite, a précisé cette source. L’egypte s’est retirée parce qu’elle doute du sérieux de l’initiative, qu’elle n’avait pas encore vu un document officiel l’établir et que le projet risquait d’accroître les tensions avec l’iran, a déclaré de son côté une source arabe qui, comme les autres, s’exprimait sous couvert d’anonymat.

L’incertitud­e quant à savoir si le président américain Donald Trump remportera un second mandat l’année prochaine et si un éventuel successeur pourrait abandonner l’initiative aurait également contribué à la décision égyptienne, selon une autre source arabe.

«Cela ne va pas bien», a commenté une source saoudienne à propos du projet. Proposée initialeme­nt par l’arabie Saoudite en 2017, cette initiative vise également à limiter l’influence régionale croissante de la Russie et de la Chine, selon un document classifié de la Maison Blanche consulté par Reuters l’année dernière. L’ambassade d’egypte à Washington et la Maisonblan­che n’ont pas répondu immédiatem­ent aux demandes de commentair­es. Pour l’agence iranienne Presstv, qui a aussitôt repris l’informatio­n, «l’egypte se retire de L’OTAN arabe pour éviter tout face-àface avec l’iran». Outre les Etats-unis et l’arabie Saoudite, parmi les participan­ts à la MESA figurent également les Emirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn, le Qatar, Oman et la Jordanie. Deux jours après la réunion de Ryad, le président égyptien Abdel Fattah al-sissi s’est rendu à Washington pour des entretiens avec Trump. Avant cette rencontre, Donald Trump avait indiqué qu’il serait question de problèmes de sécurité, mais il n’était pas clair qu’ils discuterai­ent de la question du projet MESA.

Faire revenir Le Caire sur sa décision

Deux sources ont indiqué que les pays restants au sein de la MESA poursuivra­ient cette initiative et presseraie­nt diplomatiq­uement l’egypte de révoquer son retrait, une autre ajoutant que la décision ne semblait pas définitive. Le retrait de l’egypte, qui compte la plus grande armée du monde arabe, constitue en tout cas un revers pour l’initiative américanos­aoudienne. Le plan était déjà compliqué en raison de l’indignatio­n internatio­nale provoquée par l’assassinat du journalist­e saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d’arabie Saoudite à Istanbul en octobre 2018. Des responsabl­es turcs et certains législateu­rs américains ayant accusé le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salmane (MBS) d’avoir commandité le meurtre alors que Ryad continue de nier «des allégation­s». Les querelles entre alliés arabes, notamment le boycott économique et politique du Qatar par le gouverneme­nt saoudien, constituen­t un autre obstacle. A plusieurs reprises ces problèmes ont forcé le report d’une réunion au sommet aux Etats-unis au cours de laquelle un accord préliminai­re sur l’alliance devait être signé.

Selon des responsabl­es américains, John Bolton, conseiller national pour la sécurité de Trump et architecte de la stratégie visant à contenir l’iran, a été un farouche défenseur de ce plan.

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