Un chemin semé d’embûches
Nul doute que le processus des droits de la femme est irréversible, après les acquis arrachés. Toutefois, ce processus mérite d’aller de l’avant et d’être consolidé, comme l’a souligné le président de la République par intérim, Mohamed Ennaceur, dans son plaidoyer pour un contrat social capable de consacrer les valeurs et mécanismes du modèle sociétal démocratique, civil, équitable et équilibré auquel les Tunisiens aspirent.
Les progrès accomplis par la femme, dans tous les domaines, sont remarquables et le pays peut se prévaloir d’avoir installé la gent féminine à sa juste place pour qu’elle participe au développement économique à hauteur de près de la moitié du PIB.
Sans une femme émancipée, épanouie et jouissant de tous ses droits, aucun peuple ne peut aspirer au progrès et à la modernité et le leader Habib Bourguiba l’avait compris, pour décider de promulguer le Code du statut personnel, avec l’apport des éminents cheikhs de la Zitouna, des références dans le domaine religieux, malgré certaines réticences de personnes bornées, rétrogrades et exploitant la religion pour instaurer un certain diktat qui sert leurs intérêts égoïstes.
Pourtant, depuis la nuit des temps et même après l’avènement de l’islam, la femme a toujours joué un rôle important dans les sociétés. Même au temps du prophète Mohamed, elle a été au premier rang, dans divers domaine d’activité, n’en déplaise à certaines pensées phallocrates et égoïstes.
Le nouveau projet sociétal auquel appelle Mohamed Ennaceur devrait être dépositaire des valeurs de la modernité et de l’égalité entre les femmes et les hommes en matière des droits et des obligations. Parce qu’il y a, aussi, des obligations pour la femme, notamment le devoir de participer au développement, ce que la femme tunisienne sait faire de la meilleure manière. Et ce modèle « ne pourra voir le jour qu’avec le soutien et la participation de toutes les forces vives du pays et ne sera efficient que si la femme y occupe la place qui lui revient ». Certes, le chemin est encore long et semé d’embûches, avec les bouleversements vécus par le pays, ce qui se reflète d’ailleurs, par le recul de la place de la femme, dans certains secteurs, notamment en politique où seulement on compte deux femmes parmi les 26 candidats à la présidentielle. A cela s’ajoute la transgression de la Constitution dans la composition des listes électorales pour les législatives, mais, il faut, donc, que chacun y mette du sien, pour abattre tous les obstacles entravant l’accès de la femme aux hauts postes de responsabilités. Cela ne peut qu’être bénéfique pour un pays qui a, de tous temps, donné l’exemple.