Une conversation avec Ghalia Benali
Après Carthage, elle rencontre le public au B7L9
Artiste accomplie, Ghalia Benali a plusieurs cordes à son arc. Entre musique et cinéma, elle parlera de son parcours avec le public de la station d’art B7L9. Rendez-vous vendredi 16 août à 19h30 avec une musicienne aux multiples facettes.
Ghalia Benali est-elle conteuse? Est-elle plutôt comédienne et chanteuse? Comme elle l’affirme, tous les outils qui permettent de raconter une histoire l’intéressent, l’aimantent, la captivent. Au point où elle se retrouve parfois peintre ou designer, entre deux compositions, alors qu’elle fredonne les chants de nos racines. Un parcours de vie entre Bruxelles et le sud tunisien
Singulier parcours que celui de Ghalia Benali, à la confluence de tous les arts et toujours sur la brèche, lorsqu’il s’agit d’innover, d’aller plus loin et aussi de faire preuve d’une extrême lucidité dans ses choix notamment musicaux. Reporté après le décès du président de la République tunisienne, son récital au festival de Carthage a finalement eu lieu hier jeudi 15 août. Méthodique, l’artiste a fait évoluer le concept qui portait ce spectacle. Initialement intitulé “Hadhret Ichq”, la suite musicale a pris le nom de “Hadhret Wasl”. Si l’esprit et le “tarab” sont les mêmes, les musiciens ont changé, ce qui explique les raisons pour lesquelles le concept a été légèrement modifié.
Sans doute, cette représentation carthaginoise aura-t-elle été toute en ferveur, à l’image des récentes prestations de Ghalia Benali en Tunisie. L’année écoulée, elle clôturait le festival de Hammamet et en janvier 2019 se produisait au Théâtre de l’opéra. Et à chaque rendez-vous, le public mélomane répondait présent pour se délecter des trop rares apparitions d’une artiste accomplie qui, de fait, tourne le dos au star-système, se plongeant avec délices dans des recherches musicales et des compositions qu’elle interprète toujours à merveille. Entre quête spirituelle et hymnes à la joie, Ghalia poursuit son cheminement débuté en 2001 avec l’iconoclaste “Wild Harissa”. Depuis, elle surprend tous ses publics, arpente les chemins du jazz tout en sachant revenir à un minimalisme où, à voix nue, elle exalte la passion des soufis et les méandres de l’art vocal. Un peu comme si sa musique reflétait son chemin de vie, entre Bruxelles où elle est née, le sud tunisien où elle a grandi entre Matmata, Djerba et Zarzis, le vaste monde qu’elle parcourt désormais, partageant les textes lumineux de la tradition ou écrivant de nouvelles pages dans le grand livre de la musique.
Jazz, soufisme et liberté
Personnage complexe, pétri de contradictions fertiles, Ghalia Benali reste pourtant peu connue du public tunisien. Bien sûr, sa musique fait mouche à tous les coups mais elle-même reste relativement mystérieuse, apparaissant peu et s’exprimant rarement. Or, elle devrait avoir tant de choses à dire: à propos de sa proximité de la littérature arabe, à propos de ses créations musicales dans la veine de “Roméo et Leyla”, ou encore à propos de son attrait pour le cinéma qui l’a menée à figurer dans les castings d’oeuvres comme “La Saison des Hommes” de Moufida Tlatli, “A peine j’ouvre les yeux” de Leyla Bouzid ou encore “Fatwa” de Mahmoud Ben Mahmoud.
Pour toutes ces raisons, la rencontre organisée ce vendredi 16 septembre à 18h à la station d’art B7L9 promet d’être passionnante et pleine de découvertes à propos d’une artiste qui n’a pas cessé de trouver les ressorts des fusions musicales et ceux de la rencontre entre jazz, soufisme et liberté. Indéniablement, cette heure de conversation avec Ghalia Benali résonne comme une promesse de mieux connaître une artiste qui, à cinquante ans, cinq films et cinq disques, est dans la maturité de son art. Peut-être racontera-telle sa fascination d’oum Kalthoum, sa découverte du flamenco ou de la musique indienne et sa grande proximité avec la chanson française? Peut-être laissera-t-elle aussi sa voix chanter durant quelques instants dans le ciel serein de Bhar Lazreg où se trouve la station d’art B7L9 qui l’accueille ce soir, au lendemain de sa prestation au Festival international de Carthage.