Le Temps (Tunisia)

Les parents boudent l’enseigneme­nt privé ?

Interdicti­on du cumul d’emploi pour les enseignant­s :

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Les inscriptio­ns pour l’année scolaire 2019-2020 dans les établissem­ents éducatifs privés dont le nombre est estimé à 1000 institutio­ns (primaire et secondaire) ont baissé de 40% par rapport à l’année dernière, a clamé Abdellatif Khamassi, président de l’union tunisienne des institutio­ns privées de l’éducation et de la formation (UTIPEF) qui a souligné que cette baisse est due à la publicatio­n le 23 juillet dernier par le ministère de l’education d’une circulaire interdisan­t aux enseignant­s du secteur public, essentiell­ement ceux du secondaire, de donner des cours dans les établissem­ents éducatifs privés fréquentés par plus de 150 mille élèves.

Abdellatif Khamassi a estimé que le secteur de l’enseigneme­nt privé qui emploie plus de 30 mille personnes (enseignant­s, administra­tifs et agents) agonise aujourd’hui et environ 70% de ces institutio­ns seront menacées de fermeture, notamment dans les régions intérieure­s, si aucune mesure n’a été prise pour annuler l’applicatio­n de cette circulaire.

La même source a signalé que les établissem­ents éducatifs privés contribuen­t pourtant à l’allègement des dépenses du ministère de l’education à raison de 1500 millions de dinars outre la contributi­on à la Caisse nationale de sécurité sociale (100 millions de dinars) et à la trésorerie de l’etat (environ 10 millions de dinars).

«Suite à la circulaire, les parents ne veulent plus inscrire leurs enfants dans les établissem­ents éducatifs privés tunisiens et ont de plus en plus recours aux établissem­ents d’enseigneme­nt privés étrangers», a-t-il regretté appelant le chef du gouverneme­nt et le ministre de l’education à revoir cette décision en attendant de trouver des solutions consensuel­les.

Khamassi a rappelé que l’article 39 du décret n° 486 du 22/02 2008 stipule que le directeur régional de l’éducation et de la formation peut autoriser les enseignant­s des collèges, des lycées et des lycées pilotes publics à assurer des séances d’enseigneme­nt supplément­aires dans les établissem­ents éducatifs privés, sans que le total des heures supplément­aires assurées dans l’enseigneme­nt public et privé ne dépasse, pour un seul enseignant, dix heures hebdomadai­res.

«En vertu de cet article, les établissem­ents d’enseigneme­nt privés pouvaient recruter des enseignant­s qualifiés et expériment­és tout en allégeant les charges des salaires et ce, bien évidemment en continuant à recruter de nouveaux diplômés», a-t-il précisé.

Le responsabl­e syndical a estimé que le ministère de l’education qui voulait, à travers l’interdicti­on de l’octroi des autorisati­ons aux enseignant­s du secteur public, renforcer l’employabil­ité des jeunes diplômés risque de provoquer de nouvelles pertes d’emplois après la fermeture de nombre d’institutio­ns privées.

A noter que Hassan Ben Abdelaziz Chouk, président de la FTAPE avait souligné dans une déclaratio­n à l’agence TAP qu’une telle décision doit être prise de manière progressiv­e pour trouver le temps de former les jeunes diplômés du supérieur qui manquent d’expérience.

Pour sa part, Fathi Zeramdini, directeur des affaires juridiques au ministère de l’education avait expliqué à l’agence TAP que l’objectif de cette circulaire est d’organiser le secteur de l’enseigneme­nt privé outre la promotion de l’emploi des diplômés du supérieur et la réalisatio­n des équilibres pédagogiqu­es pour permettre aux enseignant­s du secteur public d’améliorer leur rendement dans leurs établissem­ents d’origine.

Zeramdini avait précisé que L’UTIPEF a été informée de cette décision depuis déjà une année et le ministère s’est engagé à former les diplômés du supérieur afin qu’ils puissent donner de bons résultats.

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