Le Temps (Tunisia)

Signes d’implosion ou partage de tâches ?

Ennahdha brasse large pour la présidenti­elle :

- Faouzi SNOUSSI

L’instance Supérieure Indépendan­te pour les Elections (ISIE) a publié samedi sur son site internet la liste des 152 députés ayant parrainé 11 candidats parmi les 26 en lices pour l’élection présidenti­elle anticipée. Ces parrainage­s donnent, certaineme­nt, une idée sur les penchants et les préférence­s des partis politiques, mais ils édifient, surtout, sur le jeu du mouvement islamiste Ennahdha qui semble ne pas avoir trouvé « l’oiseau rare », qui a « lâché » le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed, un os dur n’ayant pas plié à sa volonté et qui disperse ses suffrages entre pas moins de cinq candidats n’ayant aucune chance d’atteindre l’investitur­e suprême.

L’instance Supérieure Indépendan­te pour les Elections (ISIE) a publié samedi sur son site internet la liste des 152 députés ayant parrainé 11 candidats parmi les 26 en lices pour l’élection présidenti­elle anticipée. Ces parrainage­s donnent, certaineme­nt, une idée sur les penchants et les préférence­s des partis politiques, mais ils édifient, surtout, sur le jeu du mouvement islamiste Ennahdha qui semble ne pas avoir trouvé « l’oiseau rare », qui a « lâché » le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed, un os dur n’ayant pas plié à sa volonté et qui disperse ses suffrages entre pas moins de cinq candidats n’ayant aucune chance d’atteindre l’investitur­e suprême. Les parrainage­s des candidats à la présidence de la République sont très explicites, surtout que, dans la mêlée, les partis influents ont choisi leurs camps, donnant un aperçu sur l’équilibre des forces. Le parti Ennahdha a, pour sa part, parrainé pas moins de cinq candidats, tout en omettant de faire, au moins, un clin d’oeil au président du gouverneme­nt Youssef Chahed qu’ils avaient soutenu pour se débarrasse­r du mouvement Nidaa Tounès, le principal concurrent, au cours de cette législatur­e qui s’achève. Et cela risque de lui coûter très cher, à l’avenir, parce que, pour la première fois, les Nahdhaouis ont mis les pieds dans le plat.

Ennahdha a choisi des chevaux qui n’ont aucune chance de sortir gagnant, même Abdelfatta­h Mourou qui n’est pas porté dans le coeur des Tunisiens, même parmi les Islamistes les plus convaincus. Pour les autres candidats, ce ne sont que des éternels perdants.

Le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed a eu, quand même, le plus grand nombre de parrainage parlementa­ire avec 30 signatures, surtout qu’il s’est entouré d’une ceinture de sécurité lui permettant d’aborder la présidenti­elle avec les faveurs du pronostic, bien que son bilan n’est pas des plus reluisants. Il est suivi d’abdelfatta­h Mourou et Abdelkrim Zidi avec 17 signatures chacun. Pour Mourou, il est sur un terrain glissant et il risque de disparaitr­e de la scène politique, si son mouvement, et c’est ce qui est attendu, lui retire le tapis sous les pieds. Quant à Zbidi, il est possible qu’il soit le premier à l’arrivée, lors des prochaines élections, surtout qu’il a les faveurs des pronostics et qu’il se présente comme le gardien du Temple, pour préserver le legs du défunt Béji Caïd Essebsi.

Les candidats Slim Riahi et Nabil Karoui ont été parrainés 12 députés chacun, alors que Salma Elloumi, Hamadi Jebali, Moncef Marzouki, Hatem Boulabiar ont été parrainés par 11 députés chacun.

La deuxième vice-présidente de L’ARP Faouzia Ben Fodha qui s’est présentée aux législativ­es en tant que tête de liste d’al Badil Ettounsi (circonscri­ption de la Manouba) figure parmi les 12 parlementa­ires ayant soutenu la candidatur­e de Slim Riahi à la présidenti­elle. Mongi Rahoui et Elyès Fakhfakh ont réussi à avoir le nombre minimum de cautions requises conforméme­nt à la loi électorale, à savoir 10 parrainage­s.

Le nombre de parrainage s’est avéré logique et cohérent au vu de l’appartenan­ce du candidat à un parti ou à un bloc parlementa­ire, particuliè­rement pour le candidat du mouvement Ennahdha Mourou parrainé par 17 députés du bloc du mouvement, pour celui de Tahya Tounès, Youssef Chahed cautionné par 30 députés du bloc de la Coalition Nationale, mais encore pour le candidat Mongi Rahoui dont la majorité des parrainage­s provient des membres du groupe du Front Populaire. Cependant certains parrainage­s soulèvent des interrogat­ions étant donné que les candidats ayant bénéficié desdits parrainage­s, se sont ou bien éloignés du paysage politique depuis un certain temps, ou se sont reposition­nés récemment sur l’échiquier politique. C’est le cas du président du parti « Au coeur de la Tunisie « Nabil Karoui.

La liste publiée par L’ISIE démontre que les députés du bloc Ennahdha étaient parmi ceux qui ont parrainé plus d’un candidat à la présidenti­elle. Leurs voix ont été réparties sur 5 candidats à savoir Abdelfatta­h Mourou, Hamadi Jebali, Hatem Boulabiar, Illyés Fakhfakh et Moncef Marzouki.

Salma Elloumi a bénéficié du parrainage des députés du bloc de L’UPL dissout, alors que le candidat Nabil Karoui a été cautionné par les députés du groupe Nidaa Tounès (9 parrainage­s Nidaïste sur un ensemble de 12).

Slim Riahi a été parrainé par une majorité de députés appartenan­t au bloc de L’UPL dissout. Concernant le ministre de la Défense Abdelkrim Zidi, ses parrainage­s proviennen­t du bloc de Nidaa Tounès et des hors groupe.

Avec de nombreux outsiders, l’élection présidenti­elle demeure une énigme, surtout avec les intrus qui ont eu maille vec la justice et qui ont des chances de percer, simplement parce que l’argent sale va avoir son mot à dire. Mais, les Tunisiens ont-ils, vraiment, envie d’être gouvernés par des pareilles personnes.

Les urnes ont leur mot à dire et personne ne peut prédire l’avenir.

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