Le Temps (Tunisia)

Coalition ou élections en Italie

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Le Mouvement 5 Etoiles et le Parti démocrate (PD) étaient réunis hier pour un marathon de négociatio­ns de la dernière chance afin de tenter de former un gouverneme­nt, appelé à remplacer celui dont Matteo Salvini, le chef de la Ligue, était devenu l'homme fort.

Après des prises de bec et des rabibochag­es les jours précédents, deux délégation­s du M5S (anti-système) et du PD, première force de gauche, ont conclu au bout de sept heures des discussion­s difficiles autour d'un programme commun et la répartitio­n des postes ministérie­ls, entamées à 8H30.

"Les urgences qu'affronte le pays impose des délais resserrés. Nous avons conclu positiveme­nt" le travail sur un programme commun qui a pour "nouveauté d'être un document unique des forces politiques" en présence, a indiqué l'un des participan­ts, Andrea Marcucci, chef du groupe PD au Sénat, après la rencontre. Le document doit encore être approuvé par la direction du PD tandis que les Cinq Etoiles ont annoncé vouloir soumettre l'accord à leur plateforme internet de "démocratie directe" Rousseau, très contestée pour son manque de transparen­ce et de représenta­tivité (100.000 inscrits seulement pour plus de 10 millions d'électeurs aux législativ­es de 2018).

Pour M. Marcucci, "chacun a ses procédures" mais d'autres responsabl­es du PD ont dénoncé "un grave pied de nez aux institutio­ns".

Le président Sergio Mattarella a poursuivi hier un deuxième round de consultati­ons de la classe politique, pour étudier la possibilit­é d'une nouvelle majorité.

Cela fait trois semaines que l'italie est plongée dans une crise politique profonde, après le dynamitage le 8 août par le ministre de l'intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrêmedro­ite), de la précédente coalition formée avec les Cinq Etoiles, puis la démission le 20 août du chef du gouverneme­nt Giuseppe Conte. L'idée d'un mariage PD-M5S a été lancée par l'ex-premier ministre Matteo Renzi (février 2013-décembre 2016) avec pour projets de base une réduction du nombre de parlementa­ires et un budget 2020 capable d'éviter une hausse de la TVA prévue l'an prochain (à 25%, contre 22% actuelleme­nt), pénalisant­e pour les consommate­urs.

Depuis, le programme s'est enrichi d'une quinzaine de propositio­ns des deux camps qui convergent sur une relance de la poussive croissance avec une attention pour les plus faibles et l'environnem­ent.

Les points d'achoppemen­t résident plutôt dans l'attributio­n des fauteuils ministérie­ls. Selon les médias, le PD, qui réunit son étatmajor hier, devrait lever officielle­ment son veto à une reconducti­on de M. Conte, à laquelle il était réticent à cause de son silence pendant 14 mois face aux diktats anti-migrants de Matteo Salvini. Le M5S a exercé une très forte pression sur le PD pour obtenir son maintien.

M. Conte, très populaire en Italie, a en outre été soutenu ces derniers jours, d'abord par les Européens au G7 de Biarritz (France) puis lundi par le président américain Donald Trump, qui l'a qualifié "d'homme très doué".

Premier parti au Parlement depuis les législativ­es de 2018 (32% des suffrages), le M5S entend peser sur la répartitio­n des ministères. Mais le PD brigue aussi des maroquins clefs comme l'economie ou les Affaires étrangères.

Les tractation­s portent "non pas sur des projets mais sur des fauteuils", s'est moqué M. Salvini. Si cette coalition aboutissai­t, ce serait un cinglant revers pour l'ex-homme fort du gouverneme­nt, qui escomptait un triomphe lors d'un scrutin anticipé.

Autre problème: le sort de M. Di Maio, laminé médiatique­ment par M. Salvini en 14 mois d'alliance, et très affaibli dans la crise actuelle.

Il voudrait rester vice-premier ministre mais le PD considère que, si M. Conte, proche du M5S, est Premier ministre, il ne peut y avoir qu'un seul numéro deux, issu du camp social-démocrate.

Si on ne lui présente pas de "majorité solide", le président Mattarella a prévenu qu'il décidera d'un retour aux urnes, perspectiv­e qui l'inquiète car l'italie, troisième puissance européenne, est endettée et à l'arrêt.

En cas d'accord, "les marchés devraient applaudir car cela éviterait des élections et une longue bataille avec Bruxelles sur le budget", a estimé Craig Erlam, analyste chez OANDA. Pariant sur un accord, le taux italien à 10 ans s'est d'ailleurs détendu fortement à mi-journée, tombant pour la première fois sous les 1%.

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