Et vogue la galère…
Nouveau bouleversement et de taille, cette fois-ci, avec la décision du juge chargé du dossier de Nabil Karoui, et ce fut un nouveau coup de tonnerre dans le ciel d’une Tunisie où rien ne parait plus impossible et où les dérapages et les infractions conduisent le pays à sa perte.
Les citoyens ont assisté, éberlués par la décision de la libération du second candidat à la présidentielle, juste trois jours, avant la clôture de la campagne électorale. Cela nous rappelle les paroles de la chanson de Gilbert Bécaud : « Et, maintenant, que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie ! ».
Tout en ne contestant pas le fait que Karoui soit libéré, surtout que c’est son droit de bénéficier des mêmes chances que son adversaire, à la présidentielle, il est permis à tout citoyen de s’interroger comment cette décision a été prise, après deux rejets successifs de la demande du collectif de défense.
Les suspicions se multiplient concernant l’interférence du politique, dans tous les autres domaines de la vie publique, avec les instances constitutionnelles, en particulier L’ISIE, et le pouvoir judiciaire qui nous font voir de toutes les couleurs.
Depuis le début, le parcours des élections a été faussé, surtout après le refus du défunt président de la République, Béji Caïd Essebsi, de promulguer le Code électoral amendé. Cela a permis à différentes tendances considérées comme extrémistes qui ont pu participer au scrutin et, tenez-vous bien, remporter un nombre de sièges assez importants pour devenir influents sur la scène politique. Pourtant, à la connaissance de tous, ceux qui rejettent la démocratie et veulent instaurer un Califat ne doivent pas bénéficier de ces libertés d’associations. Même la Constitution tunisienne n’accorde pas le droit à ces tendances la possibilité de se constituer en partis politiques.
Les errements ne sont pas arrêtés à ce stade, puisque durant toute la période électorale, les infractions se sont multipliées, au su et au vu de tout le monde, sans que ces pratiques soient mises en cause. Il suffit de voir ces candidats mécontents qui organisent des mouvements de protestation, pour constater ces faits. D’ailleurs, L’ISIE en a comptabilisé par moins de 1592 dont 238 violations considérées comme « graves » et que 118 ont été transmises au ministère public, alors que le dernier rapport de l’organisation de surveillance du scrutin I Watch vient d’affirmer que le mouvement Ennahdha a dépassé de 40% le plafond autorisé pour les dépenses électorales, dans la circonscription de Tunis 1.
Certes, il est reconnu, partout, que le jeu politique est sale… mais, de là à fausser les résultats par des magouilles et des entourloupettes visibles à l’oeil nu, il y a un palier à ne pas franchir. Toutefois, depuis un certain temps, le citoyen a cessé d’espérer et ne voit plus d’horizons pour l’avenir du pays. Et, maintenant, les jours risquent de nous apprendre à partir de quel marché, on a consenti à libérer Nabil Karoui.