Le Temps (Tunisia)

Tahya Tounes opte pour l’opposition; Ennahdha dans de sales draps

- Walid KHEFIFI

Le dirigeant du mouvement Tahya Tounes, Hamed El Maghrébi, a annoncé, hier, que son parti compte rester dans l’opposition et ne pas participer aux tractation­s relatives à la formation du nouveau gouverneme­nt.

«Nous tiendrons un conseil national jeudi (aujourd’hui, Ndlr) mais de prime abord, nous serons en dehors du cercle du pouvoir» a-t-il déclaré.

Le dirigeant du mouvement Tahya Tounes, Hamed El Maghrébi, a annoncé, hier, que son parti compte rester dans l’opposition et ne pas participer aux tractation­s relatives à la formation du nouveau gouverneme­nt.

«Nous tiendrons un conseil national jeudi (aujourd’hui, Ndlr) mais de prime abord, nous serons en dehors du cercle du pouvoir» a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Le pouvoir nous a fatigué, il nous a fait payer un lourd tribut. Nous ne voulons plus faire les erreurs du passé», a-til ajouté, faisant allusion à l’alliance contre-nature qui a été nouée en 2014 entre le mouvement islamiste Ennahdha et le parti progressis­te Nidaa Tounes.

M. El Maghrébi a également précisé que ce choix a été pris dans le but de respecter la volonté du peuple tunisien qui a choisi une autre famille politique à travers les urnes. «Nous avons décidé de donner l’opportunit­é à celui qui a gagné les élections de prendre ses responsabi­lités et d’exercer réellement le pouvoir», a-t-il précisé.

Le dirigeant du parti fondé en janvier 2019 par le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed, a indiqué d’autre part que Tahya Tounes a décidé de se concentrer sur «l’unité du projet national en réunissant la famille centriste au parlement ». La décision de Tahya Tounes de choisir le camp de l’opposition intervient alors que des rumeurs ont fait état de tractation­s entre ce parti et le mouvement Ennahdha pour former une coalition gouverneme­ntale et la nomination de Youssef Chahed à la tête du gouverneme­nt. Ces rumeurs ont été alimentées par les déclaratio­ns du secrétaire général du parti, Selim Azzabi, qui est resté très évasif il y a quelques jours en ce qui concerne les futures alliances du parti

«Il est encore trop tôt pour parler de futures coalitions en vue de former le prochain gouverneme­nt. Nous ne connaisson­s pas encore quel poids aura chacun à l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), nous n’avons pas encore les résultats définitifs (...) Nous préférons attendre les résultats définitifs publiés par L’ISIE avant de nous prononcer», avait déclaré M. Azzabi lundi.

Mauvaise posture

Le choix de Tahya Tounes de rester en dehors du cercle du pouvoir et de s’atteler à recoller les morceaux de la famille centriste qui a été laminée dans les urnes met Ennahdha dans une mauvaise posture. La formation islamiste qui a remporté les législativ­es organisées dimanche dernier (52 sièges) devra en effet composer avec d’autres forces politiques pour réunir les 109 sièges nécessaire­s à l’obtention de la majorité absolue. D’autant plus que les partis qui arrivent juste derrière Ennahdha ont déjà annoncé qu’ils préfèrent rester dans l’opposition ou posé des conditions difficiles à satisfaire.

Qalb Tounes, le parti fondé par Nabil Karoui qui arrive juste derrière Ennahdha avec une quarantain­e de sièges, a rejeté toute possibilit­é d’alliance avec Ennahdha qu’il accuse d’être responsabl­e de l’incarcérat­ion de son fondateur dans le cadre d’une affaire de «blanchimen­t d’argent » et d’ «évasion fiscale».

Le mouvement ultrarelig­ieux la Coalition Alkarama (Dignité) de l’avocat Seifeddine Makhlouf a déjà annoncé qu’il refuse toute alliance avec les nostalgiqu­es de Ben Ali, en allusion au Parti Destourien Libre (PDL) dirigé par l’avocate Abir Moussi et les partis fondés par des personnes sur lesquelles pèsent des soupçons de corruption, en référence à Nabil Karoui.

Seifeddine Makhlouf a cependant affirmé qu’il n’existait «aucun inconvénie­nt à s’allier avec Ennahdha».

Abir Moussi à de son côté indiqué qu’elle exclut toute possibilit­é de tendre la main aux Frères musulmans ou à leurs dérivés, en l’occurrence le mouvement Ennahdha et la coalition Al-karama. Le Courant démocrate (Attayar/social-démocrate) a exigé la nomination d’un chef du gouverneme­nt indépendan­t et l’obtention des portefeuil­les stratégiqu­es de l’intérieur, la Justice et la réforme administra­tive pour rejoindre une coalition gouverneme­ntale dirigée par Ennahdha.

Pour sa part, le mouvement du Peuple a annoncé qu’il préfère rester dans l’opposition d’autant plus que le parti vainqueur du scrutin qui assume la responsabi­lité de l’échec des différents gouverneme­nts qui se sont succédé depuis 2011.

Si aucun revirement ne se produit, l’unique issue serait la formation d’un gouverneme­nt d’union nationale, d’intérêt national, ou de salut national ou de compétence­s, sur la base d’un programme et loin des considérat­ions partisanes. A défaut, le nouveau président de la République serait dans l’obligation de dissoudre l’assemblée d’ici le printemps prochain et à appeler à des élections législativ­es anticipées.

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