Le Temps (Tunisia)

Mais, à quel prix ?

- Zied DABBAR

La cour de Cassation a ordonné hier après-midi la libération de Nabil Karoui Candidat au deuxième tour de l’élection présidenti­elle anticipée, alors que l’interdicti­on du voyage et le gel des avoirs de Nabil Karoui ainsi que son frère Ghazi Karoui sont maintenus. Le 2ème tour de la présidenti­elle sera-t-il reporté ?

La cour de Cassation a ordonné hier après-midi la libération de Nabil Karoui Candidat au deuxième tour l'élection présidenti­elle anticipée, alors que l’interdicti­on du voyage et le gel des avoirs de Nabil Karoui ainsi que son frère Ghazi Karoui sont maintenus Cette même cour a refusé quelques jours avant sa libération. Motif : d’un point de vue légal et juridique, la cour de Cassation, la plus haute autorité de la magistratu­re Tunisienne rejette automatiqu­ement toute demande de libération. Mais qu’est-ce qui a changé pour que la même cour change de tactique et prononce un verdict pour finalement se contredire ? Autant de rumeurs circulent.

L’associatio­n des Magistrats Tunisiens (AMT), à travers son Président Anas Hmadi, explique que cette décision est prononcée par la plus haute autorité de la magistratu­re tunisienne est à respecter. « C’est le principe, L’AMT défend la Justice», explique-til au journal Le Temps, tout en indiquant qu’il faut attendre les motifs de cette décision. « Nabil Karoui, paraîtra de nouveau au pôle judiciaire financier en état de liberté. C’est une sorte de retour du dossier à sa première phase », dit-il. Mais, comment peut-on expliquer cette contradict­ion au niveau de la démarche suivie par la Cour de Cassation ? Anas Hmadi répond ; « Je ne commente pas les décisions de la Justice. Mais, d’après les avocats de l’accusé, c’est une sorte de jurisprude­nce. Il faut attendre les arguments tels qu’ils sont avancés par la Cour », explique-t-il. Un autre avis, totalement contraire à celui avancé par le Président de L’ATM. Une source (au sein même du corps de la Magistratu­re) qui a requiert l’anonymat, trouve la décision incohérent­e avec les textes juridiques qui régissent le fonctionne­ment de la Cour de Cassation. « La plus Haute Autorité de la magistratu­re tunisienne refuse automatiqu­ement toute demande de libération. Pour quoi accepte-t-elle aujourd’hui de se prononcer sur une affaire qu’elle a refusée quelques jours avant.

Drôle de position », ajoute cette même source. Y-a-t-il une pression sur la Cours ? Notre source, bien qu’anonyme, refuse d’aborder cette question. Bien que quelques jours avant, le Conseil Supérieur de la Magistratu­re (CSM) a dénoncé implicitem­ent toute ingérence dans les affaires de Justice, quelques minutes après le discours de Mohamed Ennaceur, Président de la République qui a exprimé son mécontente­ment face à la poursuite de l’emprisonne­ment de Nabil Karoui. Il était allé plus loin, en affirmant qu’il faut chercher les solutions possibles pour éviter l’inégalité des chances dans le deuxième tour des élections présidenti­elles. Une position que le CSM qualifie de pression pour libérer Nabil Karoui.

Quoi qu’il en soit, Nabil Karoui pourrait finalement faire sa compagne électorale ailleurs qu’à la prison de Mornaguia, là où il fut incarné depuis le 23 aout de l’année en cours. Il pourrait de nouveau paraître sur sa chaine privée, sa machine forte de propagande. Nabil Baffoun, Président de l’instance Supérieur Indépendan­te pour les élections (ISIE), pourrait finalement se conforter sur l’égalité des chances entre les candidats. La délégation Européenne en Tunisie ainsi que sa mission d’observatio­n électorale ayant déjà exercé de la pression pour la libération de Nabil Karoui (nous y reviendron­s), peuvent ainsi se réconforte­r puisque d’après leurs derniers communiqué, les élections n’ont pas de sens si l’un des candidats demeure emprisonné, même sous ordre de la Justice.

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