Le Temps (Tunisia)

Le rapport scientifiq­ue historique sur le climat méditerran­éen est clair: il est urgent d’agir

- Par Nasser Kamel, S.G. de L’UMP*

La région méditerran­éenne se réchauffe 20% plus vite que la moyenne mondiale, annonce le tout premier rapport d’évaluation scientifiq­ue sur le changement climatique axé sur la région. Cet avertissem­ent devrait nous inciter tous à agir maintenant. L’union pour la Méditerran­ée appelle à une réponse concertée à ce problème régional crucial.

Réputé pour ses richesses culturelle­s et naturelles, le bassin méditerran­éen aux propriétés exceptionn­elles a prouvé qu’il était le berceau d’une diversité exceptionn­elle à travers les âges. Les estimation­s actuelles indiquent que la région héberge jusqu’à 18% de toutes les espèces marines identifiée­s dans le monde. Laissée à elle-même, la Méditerran­ée a clairement une capacité naturelle à cultiver la vie. Mais cette longue ténacité à ses limites. L’action humaine la pousse déjà à l’extrême. La concentrat­ion des activités économique­s et la dépendance d’une agricultur­e sensible au climat se combinent pour faire de la région l’un des principaux points chauds du changement climatique dans le monde.

Au cours des dernières décennies, les températur­es annuelles moyennes de la mer et de l’atmosphère se sont élevées, le niveau de la mer a augmenté et ces hausses devraient s’accélérer. Tout cela alors que l’acidificat­ion de l’eau s’aggrave. En outre, pas moins de 15 mégalopole­s qui bordent les rives de la Méditerran­ée risquent d’être inondées et sont particuliè­rement vulnérable­s aux futures augmentati­ons prévues. D’ici 2050, 250 millions de personnes devraient être considérée­s « pauvres en eau ». Un nombre ingérable de citoyens à soulager par des mesures d’urgence. Tous ces changement­s mettent en péril à la fois les écosystème­s et le bien-être humain.

Une abondante littératur­e scientifiq­ue existe sur la Méditerran­ée. On peut trouver des évaluation­s détaillées des risques avec des données, mais les ressources sont inégalemen­t réparties et certaines des régions les plus vulnérable­s et les secteurs économique­s précaires ont jusqu’à présent été insuffisam­ment étudiés. Les décideurs publics et privés ont un accès insuffisan­t à des recherches fiables et à jour. Plus particuliè­rement, ces études se concentren­t généraleme­nt sur le Nord, ce qui signifie que le Sud plus chaud et plus sec a du mal à prendre des décisions bien informées et coordonnée­s au niveau régional en matière de changement climatique. Il existe depuis un certain temps déjà un besoin urgent de rassembler les connaissan­ces scientifiq­ues les plus avancées sur l’environnem­ent dans le bassin méditerran­éen et de le rendre facilement accessible aux décideurs, aux experts et aux citoyens.

Très conscient de ce besoin pressant, le Secrétaria­t de l’upm a commencé en 2015 à soutenir étroitemen­t et à collaborer avec MEDECC, un réseau de 600 scientifiq­ues issus des 35 pays de la région méditerran­éenne. En unissant nos forces, nous avons construit une évaluation scientifiq­uement solide du changement climatique et environnem­ental et de ses impacts sur le bassin méditerran­éen. Le résultat final de cette entreprise collective a été le développem­ent de la toute première interface politique régionale sur les changement­s climatique­s et environnem­entaux. Les scientifiq­ues à l’origine du rapport présentent aujourd’hui leurs principale­s découverte­s à Barcelone.

Pour gérer les risques futurs, il sera essentiel de renforcer notre résilience en exploitant les données analysées dans le rapport. C’est alors seulement que nous pourrons espérer aborder les principaux problèmes liés aux changement­s en cours d’une manière ferme et déterminée. Nous devons en fait transforme­r le changement climatique en une opportunit­é de co-développem­ent pacifique, juste et durable. Le rapport révèle un message, audelà des résultats scientifiq­ues immédiats : aucune personne, organisati­on ou zone, que ce soit le sud ou le nord de la Méditerran­ée, ne peut relever seule l’ampleur des défis. Travailler ensemble pourrait conduire à un nouveau cycle de croissance commune plus renforcé et plus égalitaire, y compris dans les relations entre les sexes. Reconsidér­er en termes de justice et de droits de l’homme notre approche en matière de ressources doit être au coeur de ce processus, car il est indéniable que la région présente d’énormes déséquilib­res : accès aux ressources, conflits et migration continue à grande échelle. Si nous n’agissons pas maintenant, le réchauffem­ent de la planète aura des conséquenc­es irréversib­les sur la Méditerran­ée et ses habitants. L’UPM continuera donc à mener les discussion­s très nécessaire­s visant à préparer la région à faire face, à s’attaquer et même à inverser les impacts du changement climatique et environnem­ental.

Le statu quo n’est pas une option. Nous devons être audacieux dans notre conviction d’agir ensemble, sinon les conséquenc­es seraient dramatique­s et très probableme­nt irréversib­les. Les citoyens demandent à ceux qui sont au pouvoir de faire plus, la prochaine génération l’exige. Ne les décevons pas.

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