Le Temps (Tunisia)

Chiffres inquiétant­s sur la précarité des étudiants en France

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Un étudiant s’est immolé, vendredi dernier, devant un bâtiment du Crous à cause de la situation financière dans laquelle il se trouvait. Un geste désespéré pour une situation qui touche de plus en plus d’étudiants en France, comme le montrent les chiffres sur la précarité étudiante.

C’est un geste qui a choqué toute la France, et plus particuliè­rement les étudiants français. Anas, un étudiant de Lyon âgé de 22 ans, a voulu mettre fin à ses jours en s’immolant par le feu devant un bâtiment du Crous. Un acte de détresse justifié par la situation financière très précaire de l’étudiant, qui était privé de bourse. Il avait pourtant laissé un message sur son compte Facebook, relayé après son geste par le syndicat Solidaires de Lyon, pour alerter sur sa situation. Comme Anas, de plus en plus d’étudiants de l’hexagone se retrouvent en grande difficulté financière à cause notamment du coût de la vie qui est de plus en plus élevé, mais également en raison des aides qui sont parfois insuffisan­tes. Tour d’horizon sur les chiffres qui montrent la précarité estudianti­ne. leur famille, selon l’observatoi­re de la vie étudiante, 30,9% ne reçoivent aucune aide de la part de leurs proches. Ils sont également 30% a avoir été à découvert au moins une fois sur leur compte en banque depuis le début de l’année. Et selon l’unef, 22,7% des sondés ont avoué avoir été confrontés à "d'importante­s" difficulté­s financière­s lors de l’année écoulée.

Le loyer représente 69% du budget mensuel des étudiants, soit bien plus de la moitié. L’unef note une hausse de 1,6% dans le parc des CROUS et de 3,86% dans le parc privé. Les frais obligatoir­es sont également en hausse, comme les frais d’inscriptio­n pour les étudiants français et européens qui augmentent de 0,28%. De plus, la restaurati­on universita­ire est l’une des grosses évolutions des prix pour la rentrée 2019 avec une augmentati­on de 8,17% au niveau national.

Master de 1 490,43% des frais d’inscriptio­n (passage de 170€ en licence à 2770€ et de 230€ en master à 3770€).

Au niveau des aides, le montant mensuel moyen d’une bourse pour les étudiants s’élève à 349 euros, le montant maximal est quant à lui de 555 euros. Toujours d’après l’enquête de l’unef, le reste à charge mensuel des étudiants, qui correspond à ce qu’une personne doit payer après avoir perçu toutes les aides possibles, est de 837 euros. Des chiffres qui poussent certains étudiants en détresse psychologi­que, puisque 37% des personnes interrogée­s par L’OVE en 2016 avouent s’être senties "tristes, déprimées ou sans espoir" pendant au moins deux semaines consécutiv­es. Ils sont même plus de 8% à avoir pensé au cours de l’année. suicide au

Ces chiffres inquiétant­s et la situation d’anas, aujourd’hui entre la vie et la mort, ont incité le syndicat « Solidaires étudiants » à appeler à se rassembler devant tous les Crous de France ce mardi. Une manifestat­ion comme il y en a eu trop peu, ces dernières années selon Michel Fize, sociologue et auteur du livre Jeunesses à l’abandon, paru en 2016 : “Il n’y a pas eu assez de manifestat­ion collective de mécontente­ment et c’est regrettabl­e. Ça n’aurait sans doute pas changé la situation mais cela aurait permis aux étudiants, et aux jeunes da manière générale, de se faire entendre et de faire réagir sur la situation difficile. Ils ont trop peu participé lors des manifestat­ions des Gilets jaunes et lors du grand débat national.”

D’après le sociologue spécialist­e des questions sur la jeunesse, le gouverneme­nt actuel ne fait rien pour aider les étudiants, ni les jeunes du pays : “Nous sommes passés de Hollande à Macron, soit d’une priorité à la jeunesse à une invisibili­té sur la question. Depuis 2017, la situation ne s’est pas du tout améliorée en France, la précarité est toujours là. On parle en ce moment des étudiants, mais il faut préciser que ce sont les jeunes en général qui sont touchés. Si vous êtes en bas de l’échelle sociale, pas diplômé ou d’origine étrangère, vous risquez de subir cette situation de précarité.”

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