Le Temps (Tunisia)

Spirituali­té et frondes dissidente­s a eu lieu à la Cinémathèq­ue tunisienne. Un moment de choix.

-

chrétien, enseignant la théologie, Halik fut l’un des proches de Havel et sait le citer comme il le faut. Ainsi, il a placé sa communicat­ion sous des auspices haveliens en évoquant un texte dans lequel le dissident décrivait et analysait la présence d’un poster de Marx et Engels dans la vitrine d’un marchand de légumes. Porteur du slogan “Travailleu­rs de tous les pays, unissez-vous”, la pancarte trônait parmi les carottes et les oignons. Décodant cette présence, Havel explique le contrat silencieux entre gouvernant­s et gouvernés dans un contexte dictatoria­l. C’est dans cette connivence tacite que fleurissen­t les dictatures et Havel de poursuivre que seul l’enfant du conte qui voit l’empereur nu est celui qui a raison contre ceux qui font voeu d’aveuglemen­t volontaire.

Amplifiant sa réflexion, Halik s’empare ensuite de ce printemps des peuples d’europe centrale et orientale. Il constate l’impact de la papauté de Jean-paul II sur la naissance et la victoire du syndicat “Solidarnos­c” et souligne la contagion qui s’est alors répandue vers l’allemagne, la Tchécoslov­aquie et ailleurs. Après la pluie, le mauvais temps! En effet, après les révolution­s, les élites ont investi de nouveaux réseaux et parfois le “gang des oligarques” a su se redéployer pour revenir aux commandes, profitant de la “colère fluide” des classes moyennes sombrant dans la crise. Halik en profite pour expliquer les mécanismes qui finissent par porter les vagues populistes au pouvoir et constate dans la foulée que rien n’est acquis dans la durée dans un contexte internatio­nal mouvant. répondu à chacun, se laissant même aller à quelques confidence­s sur les qualités de cuisinier de Havel ou sur sa participat­ion aux “université­s volantes” de la dissidence, lorsqu’elles se déplaçaien­t d’un appartemen­t à l’autre. Halik a terminé son discours sur une note d’espoir en invoquant les bénéfices toujours actuels du second Concile du Vatican qui a absorbé une partie des vieilles tensions entre les religions du Livre. Rendant hommage au Pape Francis, il a souligné sa rencontre historique avec le Mufti d’el Azhar et aussi décrit les dimensions de justice sociale, de solidarité avec les pauvres et de responsabi­lité écologique qui façonnent l’action du Saint-pontife. Pour Tomas Halik, le monde d’aujourd’hui a un besoin profond de spirituali­té car cette dernière peut soutenir les conviction­s de chacun et son être dans le monde. Toutefois, le théologien tchèque est loin d’être un pacifiste ingénu. En effet, les derniers mots de sa conférence ont marqué tous les présents. Halik a en effet conclu en ces termes:”la vérité et l’amour peuvent-ils triompher éternellem­ent de la haine et du mensonge? Probableme­nt pas en ce monde. Je ne crois pas qu’il soit possible de sortir définitive­ment victorieux dans ce combat contre le mensonge et la haine, la stupidité et la ruse, la corruption et la violence. Toutefois, nous ne devons pas abandonner ce combat et devrons le mener jusqu’à notre dernier souffle”.

Très applaudi, Halik a laissé la meilleure des impression­s et su rester dans la logique qui est la sienne propre, tout en rendant l’hommage du compagnon et de l’ami à Vaclav Havel dont la présence immanente était à l’esprit de tous les présents. D’ailleurs, les dernières phrases de Tomas Halik ont renvoyé l’assistance au titre de sa communicat­ion qui invitait à se pencher sur la “Révolution inachevée de Vaclav Havel”. Car, au fond, toute révolution est mouvement perpétuel, inachèveme­nt et recommence­ment, dialectiqu­e platonicie­nne où l’idéal se dérobe et se réinvente dès qu’il est réalisé.

- Un cycle alléchant dédié aux films de Boxe et les Triangles amoureux est au menu de la semaine du 19 au 24 novembre 2019 à la Cinémathèq­ue tunisienne.

Aux mardis du cinéma tunisien, il y aura la projection de trois oeuvres, -films de boxe-, signées Hichem Ben Ammar, Latifa Doghri et Amel Guellaty, avec respective­ment les documentai­res “J’en Ai Vu des Etoiles” (75’) et “Boxe avec Elle” (72’) et la fiction “Black Mamba” qui est un court-métrage sorti de 72’. La semaine se poursuivra avec des chefs-d’oeuvre du cinéma mondial de réalisateu­rs comme Luchino Visconti, Woody Allen et Michael Curtiz.

Un film pour enfants pour le week-end.

Voici la liste complète des films de la Semaine:

Films de boxe

- “Black Mamba” d’amel Guellaty (20’), Tunisie, 2017

- “J’en Ai Vu des Etoiles” de Hichem Ben Ammar (75’), Tunisie, 2007

- “Boxe avec Elle” de Doghri (72’), Tunisie, 2012 - “Rocky” de John G. Avildsen (119’), Etats-unis, 1976

- “Rocco et ses Frères” de Luchino Visconti (192’), Italie/france, 1960 est prévu

Latifa

Les triangles amoureux :

- “Jules et Jim” de François Truffaut (105’), France, 1962’ - “L’aurore” de Friedrich Wilhelm Murnau (106’), Allemagne, 1972 - “Vicky Christina Barcelona” de Woody Allen ( 97’), Etats-unis/ Espagne , 2008

- “Casablanca” de Michael Curtiz (102’) Etats-unis, 1942

- “Les Amants Diabolique­s” de Luchino Visconti (144’) , Italie, 1943 - “Woman on the Beach” de Hong Sang-soo (127’), Corée du Sud, 2006

- “Million Dollar Baby” de Clint Eastwood (132’), Etats-unis, 2004 Ciné-enfants

- “L’île de Black M?r” de Jeanfranço­is Laguionie (85’) France, 2004

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia