Le Temps (Tunisia)

Emeutes en Iran

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L’ONU a tiré la sonnette d’alarme mardi après quatre jours de troubles en Iran, disant craindre que «des dizaines» de personnes aient été tuées dans ces manifestat­ions contre une hausse de l’essence et leur répression.

Alors que le pays est pratiqueme­nt coupé du monde depuis samedi soir, le gouverneme­nt de Téhéran a averti qu’internet ne serait rétabli qu’en cas de retour au calme durable.

Du fait du black-out, la situation reste très difficile à évaluer à l’échelle du pays.

«Nous sommes particuliè­rement alarmés par le fait que l’utilisatio­n de munitions réelles aurait causé un nombre important de décès dans tout le pays», a déclaré à Genève un porteparol­e du Haut-commissari­at de L’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colville.

«Des dizaines de personnes pourraient avoir été tuées, et de nombreuses blessées au cours de ces manifestat­ions dans au moins huit provinces», a-t-il ajouté, parlant également de plus de «1.000 contestata­ires arrêtés».

Quelques heures après l’annonce vendredi d’une hausse du prix de l’essence, des dizaines de villes d’iran, des plus grandes agglomérat­ions du pays à des chefs-lieux de canton de quelques dizaines de milliers d’habitants, ont été touchées par des manifestat­ions ayant rapidement dégénéré en émeutes.

M. Colville a exhorté «les autorités et les forces de sécurité iraniennes à éviter de recourir à la force pour disperser des assemblées pacifiques», et les manifestan­ts «à manifester pacifiquem­ent, sans recourir à la violence physique ou à la destructio­n de biens».

Selon les informatio­ns publiées dans les médias iraniens, seuls cinq décès ont été officielle­ment confirmés dont celui de trois agents des forces de l’ordre tués «à l’arme blanche» dans une «embuscade» tendue par des «émeutiers» dans la province de Téhéran. Les funéraille­s des trois agents sont prévues mercredi.

A Téhéran, des centaines de policiers antiémeute­s armés de matraques et de canons à eau ont été déployés sur plusieurs places, selon des journalist­es de L’AFP sur place.

Dans l’est de la capitale, deux stations-service incendiées témoignent des violences. Dans l’ouest, un poste de police et un grand panneau publicitai­re au-dessus d’une autoroute urbaine ont été incendiés ainsi qu’une station de vélos en libreservi­ce vandalisée.

Le porte-parole de l’autorité judiciaire, Gholamhoss­ein Esmaïli, a demandé «à la population de signaler aux forces de l’ordre et à l’appareil judiciaire les séditieux, les ferments de violence et ceux qui ont perpétré des crimes».

Sans donner aucun chiffre, M. Esmaïli a fait état de l’arrestatio­n de personnes ayant incendié des mosquées ou des banques, et d’»individus ayant fourni des films et des informatio­ns à des médias étrangers et à des ennemis» de l’iran.

Les autorités ont accusé des puissances étrangères, notamment les Etats-unis, leur ennemi juré, de fomenter les heurts. Le secrétaire américain Mike Pompeo et la Maison Blanche ont apporté leur soutien aux manifestan­ts.

La télévision d’etat a montré mardi des rassemblem­ents de soutien aux autorités, à Tabriz (nord) et Chahr-é Qods, dans la banlieue de Téhéran.

A Tabriz, les manifestan­ts ont scandé des slogans comme «Manifester est un droit du peuple, les émeutes sont l’oeuvre des ennemis», selon l’agence Fars.

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