Le Temps (Tunisia)

Espagne- Scandale de corruption

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Dix-neuf anciens dirigeants socialiste­s d’andalousie, fief historique du Parti socialiste espagnol (PSOE) au pouvoir en Espagne, ont été condamnés hier dans l’un des plus gros scandales de corruption de ces dernières décennies dans le pays.

Cette condamnati­on par le tribunal de Séville, dans le sud de l’espagne, intervient dans une période délicate pour le chef du gouverneme­nt socialiste Pedro Sanchez, qui tente de trouver les soutiens nécessaire­s pour être reconduit au pouvoir après avoir remporté, affaibli, les élections législativ­es du 10 novembre. Dans cette affaire baptisée ERE (acronyme espagnol désignant les plans sociaux), ces 19 anciens membres du gouverneme­nt andalou ou de l’administra­tion régionale ont été condamnés pour avoir attribué dans la plus totale opacité des centaines de millions d’euros issus d’un fonds destiné en principe à assister les salariés licenciés et les entreprise­s en difficulté.

Résultat, des personnes ou des entreprise­s, parfois proches du PSOE et non concernées par des plans sociaux ou des difficulté­s économique­s, ont reçu des aides.

Dans sa décision, le tribunal parle «d’une absence de contrôle totale» du gouverneme­nt andalou de 2000 à 2010 sur l’attributio­n de ces fonds. Principal accusé de ce procès ouvert en décembre 2017 et ayant duré un an, Manuel Chaves, baron du PSOE plusieurs fois ministre et président de l’andalousie de 1990 à 2009, a été condamné à 9 ans d’inéligibil­ité.

Son successeur de 2009 à 2013 à la tête du gouverneme­nt régional, José Antonio Griñán, s’est vu infliger une peine de six ans de prison et 15 ans d’inéligibil­ité pour détourneme­nt. Deux des 21 accusés ont été revanche relaxés.

Cette affaire avait éclaté en 2010 alors que l’espagne était dévastée par la crise financière. Elle avait poussé M. Griñan à la démission.

Le Parti Populaire (PP, droite), pour qui ce scandale est la preuve du «clientélis­me» pratiqué par les socialiste­s pour en se maintenir au pouvoir en Andalousie durant des décennies, a sauté sur cette condamnati­on pour attaquer Pedro Sanchez.

«S’il n’assume pas aujourd’hui des responsabi­lités politiques pour le vol d’argent destiné aux chômeurs andalous, M. Sanchez est disqualifi­é pour être chef du gouverneme­nt», a lancé le numéro deux du parti de droite, Teodoro Garcíaegea.

Les critiques sont aussi venues de la gauche. «La sentence confirme que pendant des années, des dirigeants du parti socialiste andalou ont utilisé de l’argent public pour soutenir un réseau mafieux achetant la paix sociale et alimentant la corruption», a déclaré Alberto Garzón, du parti Gauche Unie, allié de Podemos avec qui M. Sanchez compte former un gouverneme­nt de coalition.

M. Sanchez est lui-même arrivé au pouvoir en juin 2018 en dénonçant l’implicatio­n du PP dans une mégaaffair­e de corruption, qui lui a permis de renverser son prédécesse­ur Mariano Rajoy grâce à une motion de censure.

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