Le Temps (Tunisia)

« Un non-sens dans la LF 2020, des hypothèses incohérent­es… et l’équité fiscale sera notre champ de bataille »

• « Où sont passés les 50000 milliards de dettes contractée­s au cours des cinq dernières années par le gouverneme­nt sortant »

- Yosr GUERFEL AKKARI

Tandis que le candidat au poste de Chef du gouverneme­nt Habib Jemli, s’ingénie à former le nouveau gouverneme­nt, la commission provisoire de L’ARP chargée d’examiner la loi de finances complément­aire 2019, le projet de la loi de finances et le budget de l’etat pour l’exercice 2020 a entamé hier son travail. Faute d’élection des nouvelles commission­s spécialisé­es et pour respecter les délais constituti­onnels, les 21 députés membres de la commission provisoire s’attellent depuis hier à l’examen des différente­s dispositio­ns avant de se lancer à partir d’aujourd’hui dans les séances d’audition du ministre des Finances et du ministre de l’investisse­ment du Développem­ent et de la Coopératio­n Internatio­nale. Rappelons que la LF 2020 est placée sous le signe de la lutte contre l’évasion fiscale, la réconcilia­tion avec l’administra­tion fiscale, la poursuite des réformes fiscales, la promotion de l’investisse­ment et l’améliorati­on des conditions sociales. Quant au budget de l’etat il a été fixé à 47 milliards de dinars.

Le gouverneme­nt sortant Chahed a gardé le même esprit des LF antérieure­s de ce fait il revient au nouveau gouverneme­nt d’approuver les différente­s dispositio­ns notamment fiscales, des dispositio­ns qui sont discordant­es à l’esprit « révolution­naire » et/ou populiste de certains députés. Un projet de LF dont la tendance est au bâton.

Mohamed Ammar, député du Courant Démocratiq­ue et membre de la Commission provisoire des Finances nous a donné hier un petit débriefing sur la réunion. « L’euro pourrait frôler les 4 dinars en 2020 ; Nous déplorons un audit sur les lignes de crédits octroyés au cours des cinq dernières années : un endettemen­t de 50000 milliards » « Après la lecture de LF 2020, je dirais que c’est un non-sens, les hypothèses avancées sont incohérent­es et se basent sur des indicateur­s erronés. On ne peut pas élaborer une LF sur une prévision de croissance de 2,7%, un baril de 65 dollars et un taux de change très loin de la réalité et des présomptio­ns au vu des facteurs endogènes et exogènes.

Le gouverneme­nt sortant prévoit une croissance de 2,7% sur la base d’une campagne céréalière et d’huile d’olive record.

Des prévisions très loin de la réalité sachant que les huileries ont été induites en erreur l’année dernière par le ministre de l’agricultur­e et ont essuyé du fait des pertes colossales. Le retour du marché espagnol en course, baissera par ailleurs toutes les attentes en matière des recettes d’exportatio­n d’huile d’olive.

Le budget de l’etat, prévu de plus de 47 milliards de dinars ne tient pas compte de la volatilité prévue du taux de change. A mon sens, l’euro pourrait frôler les 4 dinars en 2020, une catastroph­e pour l’économie tunisienne qui dégage un besoin de financemen­t extérieur de 10000 milliards de dinars cette année en 2020.

Un coût d’endettemen­t qui sera très élevé compte tenue d’une économie à hauts risques. Les prévisions des cours du baril doivent être revues à la hausse du fait des tensions géopolitiq­ues et de la possibilit­é d’un ajustement à la baisse de la production du pétrole par L’OPEC.

Il faut savoir que le volume global de l’endettemen­t passera de 86 000 milliards à 92 000 milliards. Nous exigerons un audit sur les lignes de crédits octroyés ces dernières années, un portefeuil­le de 50000 milliards, mais aussi un état des lieux sur la situation macroécono­mique du pays. En tant que député représenta­nt des résidents à l’étranger, j’ai proposé un projet de loi permettant à la diaspora tunisienne, 1er investisse­ur en Tunisie (avec 4000 milliards par an) de pouvoir investir dans les projets de développem­ent moyennant des taux d’intérêts préférenti­els de manière à éviter l’endettemen­t extérieur et ses taux d’intérêts excessifs. J’ai proposé par ailleurs la création d’un fonds en devises pour les résidents à l’étranger. Nous appelons tous les partis qu’ils soient au pouvoir ou à l’opposition de prendre en considérat­ion les difficulté­s économique­s et d’agir de concert pour atténuer la crise.

En tant que Courant Démocratiq­ue nous portons le slogan de l’équité fiscale comme cheval de bataille et nous exigeons que justice soit faite en dénonçant les contreband­iers et les évadés fiscaux »

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