« La philosophie du corps en question »
classique, tant débattue par les philosophes à travers les époques, qui consiste à savoir quel rapport entre le corps et l’âme. Certains comme Spinoza pensent ce rapport sous le mode de l’unité (monisme), d’autre sur le mode de la dualité (parallélisme). Fethi Jouou a mentionné également ces rapports du Corps avec l’ame chez Platon et Aristote en arrivant jusqu’à Descartes en expliquant la thèse de chacun, concluant que les études philosophiques, anthropologiques, psychologiques et sociologiques modernes vont vers l’affirmation que le corps est l’origine de l’homme. C’est donc grâce aux nouvelles approches scientifiques du Corps qu’on devrait voir et considérer la question autrement que nos ancêtres. « Nous sommes coupables d’avoir accusé notre Corps de tous les péchés ! », a annoncé l’auteur dans son livre. Selon l’auteur, le Corps a subi divers cas de tensions et de violations de ses droits naturels et il s’est exposé à des inhibitions de ses instincts à travers l’histoire de l’humanité. Cela est dû d’abord aux complexités inhérentes au Corps qui ne peuvent être surmontées et ensuite à l’influence idéologique, religieuse et morale des peuples qui reposait sur la culture de la prohibition, de l’interdiction d’aborder des questions relatives au Corps et même de la criminalisation de tout propos ou acte concernant le Corps, devenu un sujet tabou.
Le corps étant une matière, c’est donc une existence, une substance, une réalité, ce qui explique la formule « l’existence précède l’essence » de la philosophie matérialiste, en d’autres termes, c’est la matière qui précède l’esprit et en terme économique, c’est l’infrastructure qui détermine la superstructure. D’ailleurs, au cours de son exposé, Fethi Jouou a donné un exemple pertinent bien de chez nous : le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’est immolé avec le feu, en sacrifiant son corps, tout un système politique, social économique et culturel a changé dans le pays : c’est donc à partir de cet événement du corps qu’une suite de changements a eu lieu dans la société. « Le Corps s’est affranchi de ses obstacles traditionnels pour se positionner au centre de l’existence de l’homme, a conclu l’auteur, et c’est ainsi qu’il fait de plus en plus l’objet d’un grand intérêt dans les sociétés modernes, grâce au progrès des recherches médicales et physiologiques qui ont découvert les grandes capacités et compétences du Corps, qu’elles soient manifestes ou latentes… »
Pour joindre l’utile à l’agréable, un intermède musical eut lieu au milieu de la séance, assuré par le musicien Mouldi Touati. Ce fut une séance aussi bien passionnante qu’intéressante où les assistants ont pu communiquer avec l’auteur sur les différentes questions concernant le Corps.
Hechmi KHALLADI