Le Temps (Tunisia)

L’histoire des quatre concerts du légendaire Jimi Hendrix

-

Le plus extraordin­aire guitar hero de l’histoire a poussé son dernier souffle le 18 septembre 1970, il y a un demi-siècle, et il lui reste encore des choses à dire. L’ensemble des quatre fameux concerts enregistré­s au Fillmore East à New York pour le jour de l’an 1969-1970 est enfin publié aujourd’hui vendredi 22 novembre 2019, sous le nom de Songs for Groovy Children, dans un mixe tout neuf signé Eddy Kramer, célèbre producteur et ingénieur du son historique d'hendrix. Retour sur l’histoire de ces quatre concerts d’anthologie dont la sortie crée l'évènement cinquante ans après.

Une prestation incandesce­nte Bien qu’il s’agisse d’un album auquel il est contraint, le guitar hero ne va pas faire les choses à moitié. Durant les quatre concerts enregistré­s au Fillmore East de New York les 31 décembre 1969 (deux shows) et 1er janvier 1970 (deux shows), Jimi Hendrix propose une majorité de compositio­ns inédites.

Parmi elles, Izabella, Ezy Rider, Power of Soul et Burning Desire. Mais aussi le puissant brûlot pacifiste Machine Gun, dans lequel il s’en prend aussi bien aux politicien­s qu’aux marchands d’armes. Une chanson "dédiée aux soldats qui se battent au Vietnam" et introduite d'un "Bonne année, tout d'abord. J'espère que nous en aurons un million, ou deux, de plus... Si nous pouvons passer l'été".

Bill Graham, organisate­ur de concerts et directeur du Fillmore East, garde un souvenir ému de la prestation éblouissan­te de Jimi Hendrix. "Je ne reverrai jamais une performanc­e d’une telle intensité et d’une telle force émotionnel­le, venant d’un guitariste chanteur. C’était comme une danse sur un adaggio. La guitare était le serpent, et lui, le charmeur de serpent", confiaitil à Rolling Stone en 1987 (cité dans Jimi Hendrix La Totale, qui vient de sortir chez E/P/A Hachette).

Sur les conseils du même Bill Graham, Jimi Hendrix, qui joue sur une Fender Stratocast­er noire de 1968 au manche en érable, met en sourdine dès le second concert son côté showman (s'allonger, jouer avec la bouche etc) pour se focaliser plus que jamais sur son jeu.

We Gotta Live Together. En 1991, trois autres titres extraits des concerts au Fillmore East ont été publiés dans le coffret Footlight : Hear My Train A Comin, Foxy Lady et Stop.

Aujourd’hui paraît l’intégralit­é des quatre prestation­s au Fillmore East dans l’ordre. Soit 43 morceaux réunis sur 5 CD ou 8 disques vinyle, dans un mixe tout neuf signé Eddy Kramer, agrémentés de photos inédites et de souvenirs de Billy Cox.

On y découvre que le tout premier concert, onze chansons, n’était composé que d’inédits et de reprises, avec notamment Earth Blues, Ezy Rider, Izabella mais aussi Bleeding Heart d’elmore James et Stop de Jerry Ragavoy et Mort Shuman. Et qu’hendrix avait ensuite ponctué les autres représenta­tions de versions live inédites de classiques de son répertoire tels Voodoo Child (Slight Return), Purple Haze ou Foxy Lady, ainsi que de reprises comme Auld Lang Syne de Robert Burns. vient de paraître chez E/P/A, le guitariste de génie avait beau avoir fait en sorte d’obtenir le meilleur résultat possible pour l’album Band of Gypsys, quelque chose le chagrinait : la prestation de Buddy Miles.

D’une part, il trouvait son jeu de batterie moins polyvalent et moins jazzy que celui de son partenaire habituel Mitch Mitchell. Mais il était surtout agacé par son attitude qui consistait à tirer la couverture à lui sur scène. Selon Eddy Kramer, durant l’écoute des bandes, Jimi "s’énervait en entendant certaines interventi­ons de Buddy Miles : "Oh, mec, j’aimerais que Buddy ferme sa gueule !". ll demanda même à l’ingénieur de supprimer certains passages de Buddy Miles, jugés déplacés, hors contexte", peut-on lire dans Jimi Hendrix La Totale.

L’ouvrage indique aussi qu’aucun morceau issu des deux premiers concerts, ceux du 31 décembre 1969, n’avait été retenu pour l’album officiel, "en raison de problèmes techniques survenus au cours de la captation de quelques chansons, notamment sur la voix d’hendrix". Nettoyées au mieux par Eddie Kramer grâce aux technologi­es modernes dans ce nouveau mixe 2019, les imperfecti­ons n'enlèvent rien à ces quatres shows incandesce­nts, enfin livrés à nos oreilles.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia