Hafedh Caïd Essebsi lâché par le dernier carré de ses fidèles
Nidaa Tounes :
Au sein de Nidaa Tounes, la page de la famille Caïd Essebsi a été définitivement tournée. Hafedh Caïd Essebsi, le fils du fondateur du parti et ex-président de la République feu Béji Caïd Essebsi a été éjecté par ses anciens lieutenants. Les dirigeants de la formation progressiste lancée en 2012, et qui avait remporté haut la main les élections législatives et présidentielles avant de connaître des implosions à répétition, ont en effet décidé d’éjecter Hafedh Caïd Essebsi, le président du comité central et représentant légal du parti.
La décision a été prise par les membres du Bureau politique, les membres du comité central et les coordinateurs régionaux. Lors d’une réunion tenue durant le week-end passé à Sousse, ces derniers ont constaté la vacance du poste de président du comité central et représentant légal du parti étant donné que le fils de feu Béji Caïd Essebsi est à l’étranger depuis plus de trois mois. Le premier viceprésident du comité central Kacem Makhlouf a été choisi pour succéder provisoirement à Hafedh Caïd Essebsi, en attendant la tenue du prochain congrès national du parti.
Il a été également été décidé de confier à Marouane Boudida les fonctions de premier vice-président du Comité central et de démettre Mongi Harbaoui de sa fonction du porte-parole officiel du parti.
Selon des sources proches du Bureau politique de Nidaa Tounes, l’exclusion de Hafedh Caïd Essebsi a été orchestrée par le dernier carré de ses fidèles parmi lesquels figurent Khaled Chouket et Ali Hafsi, respectivement directeur exécutif et secrétaire général du parti
En exil volontaire en France depuis août dernier, Hafedh Caïd Essebsi n’a pas jusqu’ici réagi à la décision relative à sa mise à l’écart. L’ex-représentant légal de Nidaa Tounes avait annoncé, jeudi dernier (le 5 décembre), la tenue d’un congrès extraordinaire d’unification du «Grand Nidaa historique», indiquant qu’il allait «charger une commission ad hoc de réunir les dirigeants ayant participé à la création du parti en 2012 et des dirigeants actuels pour tirer les leçons du passé et rectifier le processus».
Selon des sources proches du clan Hafedh Caïd Essebsi, c’est l’ancien ministre de la
Défense nationale et candidat malheureux à la dernière présidentielle qui devait être placé à la tête du Nidaa réunifié. Mais tout porte à croire que ce processus de réunification est déjà tombé à l’eau. Nidaa Tounes, qui fut une superbe machine électorale conçue sur mesure pour Béji Caïd Essebsi, est aujourd’hui un parti en lambeaux. La formation dont étaient issus les ex-présidents de la République, président de l’assemblée des représentants du peuple (ARP) et l’actuel président du gouvernement de gestion des affaires courantes, avait remporté 86 sièges à l’assemblée des représentants du peuple, en 2014, sur un total de 217. Mais l’alliance contre-nature nouée alors avec le mouvement Ennahdha et les querelles de leadership nourries par l’ambition dévorante de Hafedh Caïd Essebsi de faire main basse sur les divers rouages du parti lui ont valu la défection d’une trentaine de députés, ce qui a permis aux islamistes d’ennahdha de devenir la première force parlementaire avec 69 députés.
Le fils de Béji Caïd Essebsi, qui a pris la direction de Nidaa de façon cavalière, a provoqué des scissions multiples au sein du parti. Une constellation de petites formations fondées par d’anciens membres fondateurs de Nidaa Tounes, dont Tahya Tounes (Youssef Chahed et Slim Azzabi), Machrou Tounes (Mohsen Marzouk), Tounes Awalan (Ridha Belhaj) et Bani Watani (Saïd Aïdi) s’est ainsi constituée, accentuant l’émiettement du camp progressiste.
Lors des élections législatives du 6 octobre dernier, Nidaa Tounes a été laminé dans les urnes et n’a obtenu que trois sièges à L’ARP.