Tout le monde est concerné !
La Tunisie a clôturé, hier, son 4ème Congrès National de Lutte Contre la Corruption qui coïncide avec la Journée nationale et internationale de lutte contre la corruption.
En partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (P NUD), le Conseil de l’europe, Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF), L’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’agence Coréenne de Coopération Internationale (KOICA), l’instance nationale de lutte contre la corruption a lancé son 4ème Congrès sous le thème « Lutte Contre la Corruption : Un processus participatif. La mise en place d’un Etat de droit respectueux des droits de l’homme et doté d’institutions fortes et stables ne pourrait se faire quand le fléau de la corruption s’est immiscé dans tous les organes de l’etat. Il construit un obstacle au développement socioéconomique et met en péril la notion-même d’etat. S’infiltrant dans tous les secteurs, la corruption entrave l’exécution des lois, et l’adoption de lois efficaces. Elle rompt ce pacte de confiance entre les institutions de l’etat et le citoyen.
Prévenir et réprimer la corruption demande qu’un Etat soit d’abord solide. Il s’agit, par ailleurs, d’un travail participatif où tous les acteurs doivent travailler ensemble. Qu’ils relèvent du public, du privé ou de la société civile, des médias, tout le monde est impliqué dans la lutte contre la corruption.
Ce 4ème congrès survient dans un contexte économique très délicat et une ambiance politique frêle et tumultueux. Entre un gouvernement qui tarde à se mettre en place et un Parlement en lambeaux, il est plus d’urgent de se retrousser les manches et rappeler que la lutte contre la corruption est la priorité numéro 1. Un grand nettoyage est nécessaire en Tunisie. Il est même salutaire pour extirper le pays du joug des corrompus.
Accordez vos violions !
Inauguré le dimanche 8 décembre 2019 et s’étalant sur deux jours, le congrès a mis l’accent sur le principe participatif. Tous les acteurs et les secteurs sont frappés donc concernés par l’ampleur que gagne la corruption. Dans son discours d’ouverture, Chawki Tabib, le président de L’INLUCC s’est adressé aux trois pouvoirs représentés par leurs présidents : «Le slogan du congrès de cette années est une lettre adressée aux trois pouvoirs pour leur rappeler que cette guerre ne sera gagnée que si tout le monde y participe activement que cela soit à l’échelle nationale ou internationale. » avant d’ajouter «c’est pour cette raison que nous avons tenu à ce que les présidences des trois pouvoirs soient parmi nous. »
Dans la même optique participative, L’INLUCC a tenu à partager les débats avec la société civile, les organismes internationaux, les institutions tunisiennes et les médias en tant que partenaires-clé. Cette approche tient à rappeler que le rôle intrinsèque de toutes les parties prenantes dans la prévention et la lutte contre la corruption. Durant l’inauguration du congrès, Chawki Tabib rappelle que « ce processus ne montrera son efficacité et ne fera ses preuves que si tous les intervenants mettent la main dans la main pour s’opposer à toute forme de corruption ». Face à un auditoire jeune, durant le premier jour du congrès, Tabib a tenu à mettre en exergue l’importance de l’éducation à l’etat de droit, de la transparence, de l’honnêteté et de la lutte contre la corruption. Il est grand temps, selon lui, de miser sur les enfants et les jeunes, les citoyens de demain. S’adressant à eux, il insiste « Pour que la Tunisie soit immunisée contre la corruption, vous jeunes et enfants, devez mettre la main dans la main pour combattre ce fléau. Nous devons mettre fin à la corruption en Tunisie en brandissant l’arme de la culture, de l’éducation et de l’art ».
Il est important de rappeler que la corruption est un fléau qui touche chaque citoyen et impacte sa vie. Elle corruption compromet le développement de la société et pèse lourdement sur les progrès d'un pays. Tout le monde est concerné. Chacun doit promouvoir la culture de la transparence, de l'intégrité et de la responsabilité.
Outre l’aspect humain, la corruption nuit à la croissance économique. Elle impacte les décisions des agents économiques, entrave la compétitivité et fait fuir les investisseurs les plus corsés et coriaces. Impunité et léthargie de la machine judiciaire
Tous les rapports annuels déposés par L’INLUCC depuis 2016 montrent u déficit flagrant quant aux poursuites judiciaires des corrompus. Si le nombre des dossiers demeure stable ces trois dernières années, à savoir 10 mille dossiers par an, à peine 200 voire 300 sont poursuivis en justice. Quant à la sentence finale, elle s’éternise. La justice a tranché dans à peine 10 ou 15% des dossiers.
Face à léthargie ambiante et dangereuse qui banalise la corruption, Tabib souligne qu’il est grand temps de lutter contre le phénomène de l’impunité en s’attaquant directement aux contraintes législatives qui entravent l’avancement des procès et qui renforcent cette ambiance périlleuse de l’impunité. « Il s’agit là de la priorité principale si nous voulons réellement mettre fin à ce phénomène comme on n’arrête pas de le répéter. ».
Cela ne pourrait se faire sans que le pouvoir judiciaire ne soit doté des ressources humaines et logistiques. Il est notamment important voire primordial de
• Nous devons mettre fin à la corruption en Tunisie en brandissant l’arme de la culture, de l’éducation et de l’art
réformer certaines dispositions de lois archaïques « dont le Journal de procédure pénale », souligne Chawki Tabib.
Il conviendrait de rappeler, enfin que la corruption judiciaire suscite l’impunité et sape l’etat de droit et l’évolution socioéconomique d’une nation.
• Le slogan du congrès de cette années est une lettre adressée aux trois pouvoirs pour leur rappeler que cette guerre ne sera gagnée que si tout le monde y participe activement