Amour sacré, Amour profane
« Pélléas et Mélisande » de Julie Duclos, programmée aux Journées théâtrales de Carthage, section ‘’théâtre du monde’’ a été présentée dimanche soir à la Cité de la culture. La pièce qui célèbre l’amour, comme on l’aime un Amour innocent, enfant, se vit comme un instant de bonheur qu’on savoure sans prise de tête,… comme un songe d’une nuit d’hiver…
Se bruler des feux ardents d’un amour qui consume. Aimer et sentir cette gratitude qu'on ne peut plus contenir et en souffrir … Ah, l'amour, quand tu nous assailles… Dans cette pièce de théâtre qui rappelle les tragédies shakespeariennes de l’amour impossible, on prend goût à la complexité du jeu des acteurs et à voir sur leur regard les premières étincelles d'amour. C’est l’histoire de Mélisande une jeune femme retrouvée dans la forêt par Golaud lequel l’emmène dans le château de son grand-père, le roi Arkël. Il épouse la jeune femme qui ne parvient pas à l’aimer et tombe amoureuse de son demi-frère Pelléas. Celui-ci lui voue un culte énamouré. La jeune femme bouleversée se retrouve en proie à un terrible dilemme et réalise avec courage qu'elle devra faire un choix décisif entre les deux hommes… La tragédie achemine nos amants à une mort inévitable.
Mais bien avant, on suit l’aventure des deux amoureux qui éclot au fil de l’histoire telle une fleur au printemps rafraîchie de chant et de poésie… On aime évidemment un peu, … plutôt beaucoup, passionnément ce français soutenu utilisé dans un texte d’une rare beauté. Impressionnantes aussi sont les prouesses techniques de cette pièce théâtre dont les mouvements scénographiques rappellent celles de la caméra, dans ses travelling, zoom avant, zoom arrière.
Sans oublier l’organisation spatiale de la scène qui suit des lignes de force faisant de l’esthétique scénique de la pièce de théâtre une allégorie singulière, un tableau de maître rehaussée par le choix d’une palette chromatique pour les costumes et les décors qui vient s’ajouter à l’ensemble sans l’alourdir. .. La pièce de théâtre en était une, mais dans la justesse et la splendeur d’une oeuvre d’art.