Le Temps (Tunisia)

Ennahdha peut-elle former le gouverneme­nt ?

L’échéance approche à grands pas :

- Ali Laïdi BEN MANSOUR

Depuis l’officialis­ation des résultats des législativ­es d’octobre 2019, il est apparu pour tous les observateu­rs, que les résultats d’ennahdha, bien que les meilleurs de tous les partis, ne lui permettent pas de gouverner à moins de rassembler une coalition qui peut le soutenir. Ce qui ne semble pas être encore le cas !

Deux mois après, Habib Jemli, mandaté par les islamistes pour former le gouverneme­nt, ne s’en sort pas, et la loi des Finances 2020 n’est passée que par le vote des partis en flagrant conflit avec Ennahdha ! Lors des discussion­s de la Loi des Finances mardi dernier, Ennahdha a essuyé son premier grand revers, avec le vote contre son fameux « Fond de Zakat » !

Depuis l’officialis­ation des résultats des législativ­es d’octobre 2019, il est apparu pour tous les observateu­rs, que les résultats d’ennahdha, bien que les meilleurs de tous les partis, ne lui permettent pas de gouverner à moins de rassembler une coalition qui peut le soutenir. Ce qui ne semble pas être encore le cas !

Deux mois après, Habib Jemli, mandaté par les islamistes pour former le gouverneme­nt, ne s’en sort pas, et la loi des Finances 2020 n’est passée que par le vote des partis en flagrant conflit avec Ennahdha ! Lors des discussion­s de la Loi des Finances mardi dernier, Ennahdha a essuyé son premier grand revers, avec le vote contre son fameux « Fond de Zakat » ! Ce vote nous donne une première cartograph­ie sérieuse des forces en présence à L’ARP. Seuls 74 députés ont voté pour cette propositio­n. Ces députés sont bien sûr ceux d’ennahdha et de la coalition Karama de Seifeddine Makhlouf et ses acolytes !

Les votes d’octobre 2019 ont donné au parti de Rached Ghannouchi un cadeau empoisonné. Avec sa cinquantai­ne de députés, il a beau être le premier parti, il est en bien mauvaise posture. En plus, l’émiettemen­t de la représenta­tion nationale, pour plusieurs raisons, n’a pas favorisé l’émergence d’un parti ou d’une coalition assez forte pour se passer d’ennahdha. La loi électorale est une des raisons de cette situation mais elle n’est pas la seule. Le parti Ennahdha veut à tous prix s’accrocher à une lecture littérale de la constituti­on et veut donc imposer sa vision pour la compositio­n du prochain gouverneme­nt comme s’il avait une majorité confortabl­e.

L’ennui c’est qu’il a en face des redoutable­s autres joueurs qui ont, bien sûr, bien observé (et même vécu) l’expérience de la Troïka de 2011. Pour le Courant Démocratiq­ue de Mohamed Abbou et pour le Mouvement du Peuple (unioniste nassériens), il n’est pas question de se laisser faire et il parait que les deux partis ont placé la barre très haut au point que le parti Ennahdha envisage sérieuseme­nt de se rapprocher de son autre « ennemi », Qalb Tounès de Nabil Karoui. Le prix à payer pour ce rapprochem­ent, qu’officielle­ment on nie, est assez lourd !

Le Courant démocratiq­ue et le Mouvement du Peuple, dans leur offre pour s’associer à Ennahdha, exigent des formes de « garanties » qu’ennahdha a refusé jusqu’ici. Le programme d’ennahdha, tout édulcoré qu’il soit, comporte toujours cette volonté d’islamiser la société tunisienne, par petites touches peut-être, mais en allant toujours de l’avant. D’où ce bizarre «fonds de Zakat » ou la propositio­n de revenir au régime de «Habouss » et d’autres manigances qui viendront en leur temps. Seifeddine Makhlouf, supplétif d’ennahdha comme tout le monde le sait, a commenté l’abandon du « fond Zakat » en disant que « ce n ‘est pas grave ! L’essentiel c’est que nous avons introduit le mot Zakat à l’assemblée » ! Voilà, tout est dit !

Des voix se sont élevées, même parmi les nahdhaouis de premier rang, pour dire que cette attitude, qui ne prend pas en compte la réalité de la répartitio­n des sièges à L’ARP ne conduira qu’à un échec ! Des gens comme Lotfi Zitoun et Zied Ladhari appellent à plus d’ouverture pour pouvoir former un gouverneme­nt avec une majorité qui peut vraiment le soutenir pour sortir le pays de son marasme. A Montplaisi­r les choses ne sont pas vues de cette manière.

Le premier mois accordé par la Constituti­on à Habib Jemli est en passe de s’achever. Que fera alors Ghannouchi ?

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