Formation du gouvernement : Le jeu du chat et de la souris de Qalb Tounès ?
Les prises de position du mouvement Qalb Tounès offre des raisons pour une réflexion sur sa méthodologie et ses choix, depuis le début de cette nouvelle législature.
Les prises de position du mouvement Qalb Tounès offrent des raisons pour une réflexion sur sa méthodologie et ses choix, depuis le début de cette nouvelle législature. Certes, ce parti créé à la sauvette, par Nabil Karoui, a pu se placer dans une position à peu près confortable, sur la scène politique, mais on ne peut qu’avoir des doutes sur sa démarche et ses alliances.
Les dernières prises de position de ce mouvement permettent aux analystes de s’interroger sur la place choisie, dans la configuration du parlement et de son approche concernant la formation du prochain gouvernement dont les contours ne sont pas, encore, visibles. Il se dit dans l’opposition, mais il vote pour Rached Ghannouchi, pour le poste de président de l’assemblée des représentants du peuple (ARP). Il annonce qu’il ne fera pas partie du gouvernement, mais affirme qu’il votera pour lui.
Certes, plusieurs partis centristes ne veulent pas se rapprocher de Qalb Tounès, en raison des suspicions de corruption, de malversations et de blanchiment d’argent qui pèsent sur son présidentfondateur Nabil Karoui, mais la conjoncture oblige qu’il choisisse son camp, au service du pays, mais non pour des intérêts personnels restreints.
Le parti Qalb Tounes a catégoriquement démenti mardi avoir présenté les candidatures de personnalités à des postes ministériels et gouvernementaux, soulignant que les noms qui ont circulé sur certaines plateformes ne sont pas fondés.
Le parti a indiqué dans une déclaration mardi soir, après la réunion ordinaire de son bureau politique, que les consultations avec le chef du gouvernement désigné n'ont pas "atteint ce stade avancé", rappelant ses conditions posées dans les négociations pour former un gouvernement, "basées sur la priorité de la compétence, sans quota partisan".
D'autre part, Qalb Tounes a mis en exergue à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, les droits et libertés acquis depuis la révolution de 2011, appelant à la "nécessité de prendre davantage soin des droits économiques et sociaux fondamentaux de tous les Tunisiens après la dégradation du pouvoir d'achat et du manque de conditions de vie fondamentales et décentes pour de nombreux groupes marginalisés et oubliés".
Le bureau politique du parti a également appelé tous les représentants du bloc à se consacrer à leur travail parlementaire "pour servir le peuple qui les a élus", appelant ses dirigeants politiques "à se concentrer sur la construction du parti et la consolidation de ses structures".
Le parti Qalb Tounes, créé en juin dernier seulement par Nabil Karoui, est arrivé à la 3e place lors des législatives de 2019 avec 38 sièges derrière Ennahdha (54) et le Bloc démocrate (41), mais n'a pas été associé officiellement dans les tractations pour la formation du nouveau gouvernement, plusieurs de ses adversaires politiques le soupçonnant de corruption.
Le bureau politique de Qalb Tounès tourne autour du pot, sans dire s’il est intéressé ou non par des portefeuilles ministériels, alors que tout le pays attend impatiemment la liste que va lui présenter le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, avec un accouchement difficile, parce que personne, parmi les plus compétents ne veut se mouiller en permettant d’ajouter son nom, dans une équipe gouvernementale qui, jusqu’à maintenant, n’a pas beaucoup de chance pour obtenir la confiance de L’ARP, mais qui sait ?